Inscrire le commerce de proximité dans l’aménagement du territoire

Publié le 16 février 2022 à 9h00 - par

L’Assemblée nationale a publié un rapport sur le rôle et l’avenir des commerces de proximité dans l’animation et l’aménagement des territoires. Parmi ses propositions : la nécessité de les prendre en compte dans les politiques d’aménagement.

Inscrire le commerce de proximité dans l'aménagement du territoire

Près de 60 % des communes rurales n’ont plus de commerce de proximité. Or, l’état du commerce reflète l’attractivité d’un territoire. Et, même si le commerce est une activité privée, il est inconsciemment perçu comme un service public. Un rapport de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale émet une vingtaine de propositions pour que les collectivités se saisissent de cette question. Les élus doivent ainsi actionner tous les volets de l’attractivité pour que les habitants se rendent dans les zones commerciales : qualité de l’urbanisme, accès aisé des véhicules, piétonisation, animations… Le rapport suggère notamment que les élus inscrivent le commerce de proximité, de façon volontariste, dans l’aménagement du territoire. Les centres-villes et les centres-bourgs doivent continuer à assurer leur rôle de lieu de vie, sans négliger la revitalisation des périphéries, où vivent, travaillent et consomment des millions d’habitants.

Cela nécessite une politique foncière commerciale : articulation des interventions communales et intercommunales, diagnostic commercial et immobilier, programmation commerciale, identification des opérateurs locaux, des coûts et financements. Il convient de mobiliser les procédures d’urbanisme et les outils réglementaires, d’organiser les partenariats pour la revitalisation commerciale : d’identifier les acteurs publics pour la maîtrise et la gestion du foncier commercial… Il faut aussi requalifier les espaces commerciaux périphériques, construire un pôle de compétence locale et mettre en œuvre une politique globale en faveur du commerce.

Le commerce doit être pris en compte dans les documents d’urbanisme. Les rapporteurs constatent que « le commerce suit les habitants », et que le dynamisme des commerces de proximité doit donc être pensé en lien avec les autres politiques publiques qui ont un impact important sur l’activité des commerces et la présence des chalands : professionnels de santé dans les centres-villes, services publics, mobilité, stationnement, accès au cœur des villes… Un programme de redynamisation commerciale doit s’attacher à repenser le parcours marchand et son intégration dans la ville car il doit principalement viser à « assurer du flux dans les zones commerciales ». Élus, professionnels et urbanistes préconisent ainsi généralement de densifier les zones commerciales – mieux vaut moins de rues commerçantes, mais densément dotées de commerces, que peu de commerces dans de nombreuses rues -, en complément de diverses politiques : embellissement des rues, valorisation du patrimoine historique, meilleure desserte en transports pour rejoindre les zones commerçantes, tenue d’événements (foires commerciales ou marchés…).

Selon les rapporteurs, les opérations commerciales devraient désormais s’accompagner systématiquement d’équipements ou de logements pour assurer une multiplicité d’usages, non seulement à l’intérieur de la zone mais aussi à proximité. Ce qui permettra aux commerces de bénéficier dans leur environnement immédiat d’une clientèle. « Les commerces ont donc un intérêt direct à être localisés en des lieux où les consommateurs ont de multiples raisons de passer », estiment les rapporteurs.

Par ailleurs, la tendance à la diminution des surfaces commerciales en ville (due à l’augmentation des loyers et à la préservation de l’environnement) rend indispensable de repenser la question des transports de desserte et d’accessibilité des espaces commerciaux. La logistique urbaine se caractérise désormais par deux forces contraires ; la multiplication des points à livrer incite les enseignes à grouper les livraisons et à consolider les flux, tandis que la nécessité d’effectuer aussi bien des approvisionnements réguliers et ponctuels que des livraisons unitaires tend à fragmenter les flux.

Il conviendra également de repenser le zonage commercial et de faciliter les changements de destination mais aussi de réinvestir les friches industrielles et commerciales.

Marie Gasnier

Le rôle et l’avenir des commerces de proximité dans l’animation et l’aménagement des territoires

Le rapport contient vingt-et-une propositions. La plupart sont relatives à des dispositifs d’aménagement urbain visant à renforcer la prise en compte du commerce dans la planification territoriale. Les autres concernent l’activité commerciale, lorsqu’elle peut impacter la localisation des commerces (fiscalité sur le commerce électronique, par exemple).


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