Près de 30% des ponts des communes ont des défauts structurels, selon l’Observatoire national de la route

Publié le 31 décembre 2024 à 13h40 - par

État, départements, métropoles, bloc communal… Le rapport 2024 de l’Observatoire national de la route montre une photographie de l’état des ponts en fonction des gestionnaires. La situation est peu réjouissante.

Près de 30% des ponts des communes ont des défauts structurels, selon l'Observatoire national de la route
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Créé en 2016, l’Observatoire national de la route (ONR) mène une étude au long cours sur l’état des routes, ponts et murs, en analysant chaque année une part d’échantillon. Les données sont recueillies auprès de gestionnaires volontaires. Outre les informations sur le réseau de l’État (chaussées et ouvrages d’art), l’ONR intègre en 2024 celles de 69 départements et de 7 métropoles, ainsi qu’une analyse spécifique des ouvrages des collectivités locales. La méthode, complexe et partielle, avec des échantillons variables d’une année sur l’autre, ne permet pas d’obtenir des données statistiques. L’observatoire propose plutôt une photographie du réseau à un instant donné, à partir des informations recueillies.

Concernant les ponts, les analyses cumulent les réponses apportées depuis 2017 par 87 départements et 15 métropoles. La moitié des départements indiquent effectuer au moins une visite par an sur leurs ouvrages en mauvais état ou de type particulier : contrôle annuel, ou lors d’entretiens courants ou d’inspections détaillées annuelles pour les ouvrages particuliers. Les autres départements visitent leurs ponts tous les 2 à 9 ans, en fonction de l’état ou du type de l’ouvrage ; des visites d’autant plus rapprochées et détaillées que l’ouvrage est en mauvais état, de dimension importante ou de typologie particulière.

Les métropoles procèdent chaque année à une inspection visuelle de leurs ponts, complétée d’une inspection détaillée périodique en moyenne tous les six ans. Entre les inspections détaillées, certaines métropoles font des visites d’évaluation des ouvrages. Là aussi, la fréquence des visites et inspections dépend de l’état de l’ouvrage ou de son enjeu en termes de niveau de service.

Depuis 2017, les ponts gérés par l’État se sont dégradés, particulièrement les plus grands. Dans les départements, l’état du patrimoine de ponts s’est amélioré en 2022 et stabilisé en 2023. En effet, en nombre comme en surface la part d’ouvrages dont l’altération de la structure peut conduire à une réduction de la capacité portante à court terme (classés 4) a été divisée par deux et la part d’ouvrages dont la structure altérée nécessite des travaux de réparation (classés 3) a diminué d’un point. Dans les métropoles, la grande hétérogénéité des ponts ne permet pas d’obtenir des résultats très exploitables : les résultats de certaines métropoles, au patrimoine le plus important, risque d’être surreprésentés. Toutefois, l’analyse en fonction de la surface « laisse transparaître un moins bon état pour les plus grands ouvrages, en particulier ceux en maçonnerie et les buses métalliques. Au contraire, les buses béton semblent en bon état, les plus dégradés étant les ouvrages de taille inférieure à la moyenne », précise l’ONR.

Près de 20 % des ouvrages « dans un état de dégradation avancé »

Le rapport présente également l’état de 40 472 ponts du bloc communal, concernant 11 806 communes dans 94 départements, pour une longueur totale de près de 400 000 mètres et une surface de près de 2 millions de m2 éligibles au Programme national ponts de décembre 2020, piloté par le Cerema. Le patrimoine des communes apparaît assez dégradé, avec une notation 1 (bon état général) nettement plus réduite que pour les autres gestionnaires. Selon l’étude, 10 % des ponts communaux présentent des défauts de structure majeurs et 19 % des défauts de structure significatifs. Les plus impactés sont les ponts en maçonnerie, les buses béton et les ponts en métal ou mixte, tandis que les buses métalliques semblent en meilleur état. L’état des buses béton des communes sont dans un état préoccupant : 19 % présentent des défauts majeurs en surface. Alors que c’est la catégorie dans le meilleur état pour les départements.

Interrogées sur leur perception de l’évolution de l’état de leur patrimoine, près de la moitié des communes pensent qu’il est stable. Seulement plus d’un tiers estiment qu’il se dégrade et 10 % qu’il s’améliore. Pourtant, près de 20 % des ouvrages seraient « dans un état de dégradation avancé » – des résultats à considérer avec précaution, un faible nombre de communes ayant répondu. De plus l’enquête n’ayant pour le moment été envoyée que dans deux départements, il est impossible de les extrapoler à l’ensemble des communes.

L’enquête se focalise également sur 4 832 ponts de montagne (635 350 m2) gérés par cinq départements, qui comportent davantage de ponts en maçonnerie (plus de six sur dix). L’état de ces ponts de montagne est semblable à celui de l’ensemble des départements, avec une proportion un peu plus importante d’ouvrages à la structure altérée, nécessitant des travaux de réparation (catégorie 3), tant en nombre qu’en surface.

Marie Gasnier


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