L’engagement des maires en faveur de la prévention en santé

Publié le 3 décembre 2025 à 11h00 - par

Alimentation bio, pratique du sport, promotion de l’agriculture locale, création d’espaces verts, aménagements d’urbanisme, parcours de santé… Les politiques communales peuvent aider à prévenir les maladies en agissant sur les déterminants de santé.

L'engagement des maires en faveur de la prévention en santé
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En menant diverses politiques qui permettent de ne pas tomber malade, les maires sont en première ligne pour renforcer la prévention en santé de leurs habitants. En effet, par rapport à l’ADN et au système de soins qui ne représentent que 30 %, les facteurs environnementaux et alimentaires et la vie quotidienne en général ont une part prépondérante (70 % minimum) dans les « déterminants de santé » : sédentarité, isolement, alimentation, addictions… « C’est un enjeu pour les maladies chroniques et cela joue sur la perte d’autonomie », a constaté l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, lors d’un forum du 107e congrès des maires de France, organisé le 20 novembre 2025.

L’ancienne ministre a précisé qu’en l’absence de maladie chronique, une personne n’est pas dépendante avant l’âge de 90/95 ans. Or, la France devrait compter 150 000 centenaires d’ici dix ans et 7 millions de personnes de plus de 85 ans en 2040. Selon elle, la réponse ne peut pas venir du seul ministère de la Santé, mais d’une « politique intersectorielle », où les élus jouent un rôle fondamental. Ainsi, alors qu’il est confirmé que marcher 7 000 pas par jour réduit la dépression, le risque de cancer, de maladies cardiovasculaires, de diabète ou encore de Parkinson et d’Alzheimer, les élus peuvent par exemple indiquer le nombre de pas pour se rendre au marché ou prévoir des trottoirs accueillants faciles d’accès et munis de bancs pour les personnes âgées.

S’inspirant d’un concept canadien qui intègre le soin du corps à travers l’activité tout au long de la vie, Avrillé (Maine-et-Loire, 15 637 habitants) a souhaité étudier la façon dont les élèves de CM2 pouvaient mieux prendre conscience de leur corps à l’aube de l’entrée au collège. Le projet en trois volets s’est déroulé auprès de deux cents enfants, sur trois ans : questionnaire sur leur activité sportive et physique pendant plusieurs jours, accéléromètre pour mesurer leur activité physique de la semaine et tests physiques dans des gymnases. Ils pouvaient ainsi mener des activités diverses : endurance, cardio… De façon très nette, l’activité de ces jeunes se calmait dès le vendredi soir et durant tout le week-end.

En outre, la commune a ouvert une maison sport-santé où interviennent 54 professionnels dont certains médecins qui peuvent prescrire de l’activité physique et elle finance des associations sportives pour développer des branches spécifiques sport-santé. À terme, la commune voudrait créer une école du mouvement.

Urbanisme favorable à la santé

De son côté, Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes, 11 040 habitants) joue la carte de l’alimentation. Le déclencheur : la crise de la vache folle pendant laquelle il était interdit de servir du bœuf dans les cantines. Après être passée au bœuf bio, la commune a décidé de proposer du 100 % bio pour protéger la santé et l’environnement. La transition s’est faite en quatre ans et sans surcoût. Diminuer 80 % du gaspillage alimentaire a entraîné 20 % d’économies et servir 50 % de menus végétariens, 25 % supplémentaires. Une étude du CHU de Nice a montré que, en vingt ans, le surpoids et l’obésité chez les enfants de la ville étaient descendus de 17 % à 7,6 %.

La commune a également créé une maison d’éducation à l’alimentation durable qui a permis d’obtenir des résultats importants sur les comportements alimentaires de la population. Avec, pour corollaire, une baisse de 23 % de l’impact carbone de l’alimentation locale.

Outre de nombreuses actions (sport, alimentation des cantines, soutien à une filière agricole locale…), Millau (Aveyron, 22 492 habitants) promeut un urbanisme favorable à la santé, en lien avec les habitants. Objectif : les aider à ne pas tomber malades. Les aménagements sont variés : cours d’écoles végétalisées, adaptation de la ville à la canicule, limitation à 30 km/h de la circulation sur la ville (ce qui réduit aussi le bruit, donc le stress et les maladies cardiovasculaires)… Les bancs ont été recensés pour savoir où il en manquait. Certains d’entre eux seront peints pour signaler que les personnes qui s’y installent sont ouvertes aux échanges.

Le maire de Basse-Terre (Guadeloupe, 9 601 habitants) a également témoigné de l’importance d’inciter les personnes sédentaires à bouger, à l’aide de structures de sport de proximité. Il a créé des parcours sportifs santé sécurisés (3S), simples d’utilisation pas trop difficiles pour cette population sédentaire, à qui les abonnements gratuits à la piscine ou à la salle de sports ne convenaient pas. L’agence régionale de santé (ARS) a fourni des éducateurs spécialisés pour les inciter au type d’activité adaptée à leur cas – les plus précaires étant généralement plus sédentaires et plus obèses. Le dispositif a ensuite été étendu à toute la Guadeloupe.

Martine Courgnaud – Del Ry

87 % des Français vivent dans un désert médical, et 6 millions de personnes n’ont pas de médecin traitant*.
* Baromètre santé-social, Association des Maires de France – Mutualité française, publié en novembre 2025


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