La fracture numérique en montagne se réduit peu à peu

Publié le 24 février 2017 à 19h00 - par

Jusqu’à ce vendredi, les habitants de La Thuile en Savoie devaient se rendre devant l’église pour accéder à internet avec leur téléphone portable, faute de réseau. Mais l’inauguration d’une antenne mutualisée va permettre de réduire la fracture numérique dans cette bourgade et bientôt dans d’autres communes de montagne.

La fracture numérique en montagne se réduit peu à peu

« L’église n’avait jamais été autant fréquentée ! Les voies du Seigneur et de la téléphonie mobile empruntaient visiblement la même fréquence », plaisante Dominique Pommat, maire de ce village de 327 habitants, à  l’orée du parc régional du massif des Bauges.

Le bourg, environné de vallons boisés et d’alpages, n’est qu’à une vingtaine de kilomètre de la gare TGV de Chambéry. Pour autant, certains administrés n’avaient droit qu’à un débit de 512 kilooctets. La préhistoire de l’internet.

« La commune n’a pas 10 000 choses à valoriser mais notre gîte communal a besoin d’être connecté et nous avons bien trois ou quatre télétravailleurs », souligne l’édile. « Un bon accès internet, c’est de l’aménagement du territoire ».

La Thuile « illustre notre problématique », affirme Bernadette Laclais, députée (PS) de Savoie et rapporteure de la loi Montagne adoptée fin 2016. « Dans les zones de montagne, il y a de la montagne de sports d’hiver, très attractive, dans son rôle de locomotive, et la moyenne montagne, à proximité des agglomérations, qui a une double carte à jouer : accueillir des touristes mais aussi des résidents qui pourront y travailler ».

La couverture mobile a été un des points chauds des débats législatifs entre députés et sénateurs, les seconds souhaitant une position coercitive vis-à-vis des opérateurs, accusés de ne pas se presser pour couvrir ces zones peu peuplées et donc peu rentables.

« Exaspération »

La voie du « dialogue » et de « l’incitation » pour couvrir les zones blanches « porte ses fruits », estime toutefois Mme Laclais, assurant la Fédération française des télécoms (FFT) de la « vigilance des élus ».

Au premier rang desquels la puissante Association nationale des élus de montagne (Anem). Sa présidente Marie-Noëlle Battistel, députée (PS) de l’Isère, a eu de multiples occasions d’exposer aux opérateurs « l’impatience » des habitants qui se transformait en « exaspération » devant ce qu’il convient d’appeler une fracture numérique.

« Les opérateurs savent qu’ils n’auront pas de deuxième chance » avant des mesures contraignantes, selon Mme Battistel.

De fait, depuis le début de l’année 2017, les inauguration de « site d’accès à l’internet mobile multi-opérateurs », à savoir au moins trois – voire quatre comme à La Thuile – se succèdent : en Ardèche, en Ariège, en Savoie.

En se dotant d’une antenne commune, les opérateurs peuvent en effet réduire leurs coûts, alors que ces zones sont « difficiles d’accès, donc techniquement un peu compliquées ».

« Dans les semaines et mois qui viennent, il y en aura de nombreuses autres », promet Régis Turrini, le président de la FFT, qui a fait le déplacement à La Thuile.

À ce jour, sur 3 582 communes inscrites dans ce programme, 2 745 sont désormais bien couvertes dont 907 communes de montagne, soit plus des trois quarts, selon les chiffres de la FFT.

« Le rythme va s’accélérer pour atteindre notre objectif en juillet » en finissant de couvrir les « 838 communes » restantes du programme, dont « 431 en zone de montagne », a assuré M. Turrini.

Ce programme de couverture du « dernier pour cent de la population, ça n’a l’air de rien mais c’est 7 % du territoire (soit la surface des Pays-Bas) qui va être couvert par les 4 opérateurs – Bouygues, SFR, Orange et Free – pour voir l’internet mobile arriver », a poursuivi le président de la FFT.

La fédération « poursuit sa recherche de zones blanches (encore non identifiées), pour inscrire des nouveaux centres-bourgs dans son programme », a ajouté M. Turrini, notant qu’il y en avait « une vingtaine en Auvergne-Rhône Alpes ».

Parallèlement, les élus peuvent déjà renseigner une base de données de la plateforme France Mobile dédiée aux problèmes de couverture, qui génèrera des cartes accessibles au grand public. Afin que la notion de « zone blanche » devienne une donnée transparente.

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