Une ville d’Alsace approuve la Charte des langues régionales

Publié le 14 février 2014 à 0h00 - par

La ville de Saverne (Bas-Rhin) a approuvé la Charte européenne des langues régionales, une « première en France, et même en Europe », a estimé jeudi 13 février son maire, qui permettra par exemple aux habitants d’effectuer des démarches administratives en alsacien.

Une ville d'Alsace approuve la Charte des langues régionales

« On est bien au-delà du symbole, ce n’est ni un coup de com’, ni un gadget », a assuré à l’AFP le maire (UMP) de cette commune de 12 000 habitants, Stéphane Leyenberger, après l’approbation par le conseil municipal à une large majorité de 35 engagements concrets issus de la Charte européenne que la France est en train de ratifier.

« Pendant longtemps, l’État n’a rien fait en la matière, alors on s’est dit qu’il fallait montrer l’exemple au niveau local », poursuit le maire. Concrètement, les habitants de Saverne pourront s’adresser en alsacien aux agents de la mairie ou accéder d’ici la fin de l’année à des formulaires en allemand (forme écrite du dialecte régional). Les élus pourront également s’exprimer en alsacien lors des réunions du conseil municipal, quitte à utiliser les services d’un interprète pour les non dialectophones.

« Nous allons aussi proposer des cours de perfectionnement en alsacien à nos agents administratifs, mais sans forcer personne », a indiqué le maire, qui regrette lui-même son « piètre » niveau d’alsacien. Il a été sensibilisé à ce problème par son emploi de fonctionnaire au Conseil de l’Europe. Il ne s’agit pas d’un « texte de repli » ou « jusqu’au boutiste », mais d’une démarche visant à « préserver notre langue régionale qui est une richesse culturelle », a-t-il encore expliqué.

Le gouvernement a récemment accéléré le processus législatif en vue de la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, en souffrance depuis des années.

Cette procédure, promise par le candidat François Hollande en 2012, est réclamée depuis de nombreuses années par les défenseurs de ces langues, notamment en Bretagne, en Alsace et en Corse.

« Juridiquement, seuls des États peuvent ratifier la charte, mais rien n’empêche des collectivités locales d’approuver par un  vote les dispositions qui les concernent directement », a expliqué à l’AFP Jean-Marie Woehrling, président de l’Association Culture et bilinguisme d’Alsace-Moselle.

Fin février, M. Woehrling a convié plusieurs maires ou candidats aux municipales en Alsace à une réunion consacrée à la charte. Avec l’espoir que l’initiative de Saverne « fasse des émules ».

« Chaque commune doit pouvoir agir concrètement, selon les modalités qu’elle choisira elle-même. On peut par exemple faire des livrets de famille bilingues. L’important est de donner une place aux langues régionales dans l’espace public », a conclu M. Woehrling.

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