Des eaux usées traitées pour nettoyer les rues

Publié le 23 août 2023 à 11h00 - par

Depuis mars, la Communauté d’agglomération bergeracoise (CAB) et ses communes peuvent nettoyer leurs rues et arroser leurs espaces verts, grâce à la réutilisation des eaux usées. Celles-ci ont en effet suivi un traitement particulier afin d’être rendues compatibles pour un nouvel usage. Zoom sur une initiative pionnière en la matière.

Des eaux usées traitées pour nettoyer les rues
© Veolia Le camion hydrocureur s’occupe de curer le réseau / WEKA Le Mag #10 juillet/août 2023

La Communauté d’agglomération n’a pas attendu les annonces relatives au plan eau du président Macron, fin mars, pour ouvrir la voie de la réutilisation de ses eaux usées traitées (REUT). Dès début janvier, à l’occasion du renouvellement de la délégation de service public, Veolia a proposé la réutilisation des eaux usées traitées à la CAB. Fortement impliquée dans l’accompagnement au changement climatique et la préservation de la ressource, la CAB a en effet pris les devants en approuvant cette réutilisation d’eau.

Ainsi, depuis le début d’année, une unité spéciale de la station d’épuration du Pont Roux de Bergerac se charge de procéder à un traitement particulier des eaux usées vouées à être réutilisées. Elles sont d’abord traitées par la station d’épuration, conformément à l’arrêté préfectoral, avant de subir un nouveau traitement, qui s’articule en deux temps majeurs. D’abord, l’eau est filtrée afin de gagner encore en qualité, notamment concernant les matières en suspension (MES). Ensuite, elle est désinfectée une première fois par ultraviolets afin de détruire les germes, puis stockée et chlorée. « Cet ensemble de procédés bien précis permet de respecter la règlementation de 2010 sur la réutilisation des eaux usées traitées, et de pouvoir produirer une eau de qualité A », explique Jean Cantet, expert technique Eau et assainissement chez Veolia Eau Sud-Ouest. L’unité de REUT de Pont Roux a une capacité de production annuelle 10 000 m3 (5 m3 par heure) et peut couvrir l’intégralité des besoins de la CAB.

Usages multiples

À Bergerac, plutôt que l’eau potable, c’est désormais l’eau issue de la REUT qui peut être utilisée pour de nombreux usages. En interne, à l’intérieur même de la station d’épuration, elle sert à préparer les solutions chimiques, laver les sols, les équipements… En externe, cette eau usée traitée peut être employée pour l’arrosage des espaces verts, des massifs, des jardinières, des stades, etc. ; mais aussi pour le lavage des voiries. Enfin, elle alimente également l’hydrocurage, c’est-à-dire le nettoyage des réseaux d’assainissement. « Nous pouvons imaginer, poursuit Jean Cantet, que cette eau puisse être utilisée à l’avenir pour d’autres usages, comme par exemple la défense incendie ». D’autres projets à la marge ont vu le jour en France : à Narbonne, des vignes sont arrosées grâce à la réutilisation des eaux usées d’une station d’épuration. Le projet Smart Ferti REUSE, dans les Hautes-Pyrénées, permet l’irrigation des grandes cultures, notamment celle des champs de maïs. « Aujourd’hui, la France recycle moins de 1 % de ses eaux usées… Contre 12 % en Espagne et même 80 % en Israël ! Nous avons des progrès à faire ».

Vers la fin du stress hydrique ?

Car, face au réchauffement climatique et aux risques accrus de sécheresses, la préservation des ressources en eau est devenu un enjeu majeur et inéluctable. L’année dernière, en plein été, 93 départements faisaient l’objet d’une restriction d’eau… « La REUT est un levier d’avenir que nous devons utiliser de plus en plus face aux impacts du réchauffement climatique. Nous ne pouvons que nous réjouir de l’évolution de la réglementation ainsi que des incitations du Gouvernement. Quelque chose de nouveau est en train de s’écrire. Place à l’action », conclut Jean Cantet.

Hélène Cail

Le plan eau : un enjeu de sobriété

Le 30 mars, le président Emmanuel Macron présentait un plan eau depuis Savines-le-Lac, commune où se trouve le lac de Serre-Ponçon, particulièrement touché par la sécheresse de l’été 2022. Emmanuel Macron rappelait alors les restrictions d’eau, les 700 communes privées d’eau potable et alimentées par citernes ou en bouteilles d’eau minérale… Lancées à l’automne 2021, les assises de l’eau avaient permis d’aboutir à un plan de 53 mesures « pour une gestion résiliente et concertée de l’eau afin de répondre aux enjeux de sobriété et de réponse face aux crises de sécheresse ». Ce plan eau préconise la sobriété des usages afin de réduire les consommations en eau ; d’optimiser la disponibilité de la ressource ; de préserver la qualité de l’eau et de restaurer des écosystèmes sains et fonctionnels ; d’améliorer la gouvernance de la gestion de l’eau, d’investir dans la recherche et l’innovation ; d’être en mesure de mieux répondre aux crises de sécheresse.


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