Étiqueté à gauche et cofondé par l’ex-candidate du Nouveau Front populaire à Matignon Lucie Castets, le collectif souligne dans la deuxième édition de son rapport annuel « sur l’état des services publics » que « l’architecture actuelle des services publics et leur fonctionnement ont été conçus sans intégrer la transition écologique ni les conséquences des crises environnementales ». Or « l’épuisement des ressources naturelles, le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité » ont mis fin à « l’illusion » sur laquelle reposait ce modèle, à savoir qu’il était possible de satisfaire des besoins individuels et collectifs sans cesse croissants grâce notamment aux politiques publiques.
« Nos besoins quotidiens sont en conflit direct avec les réalités environnementales et il nous paraît nécessaire d’interroger la légitimité de ces besoins mais aussi la façon dont on souhaite y répondre collectivement », ont précisé les membres de Nos services publics lors d’une conférence de présentation du rapport mardi 24 septembre.
Dans le domaine du logement par exemple, « la construction neuve a jusqu’alors constitué de loin la première réponse » aux besoins. Mais « du point de vue des émissions de gaz à effet de serre ou de l’artificialisation des sols », la construction neuve est « particulièrement coûteuse pour l’environnement ».
Nos Services publics suggère donc d’autres politiques publiques, par exemple de davantage exploiter les logements vacants ou les résidences secondaires et de miser sur la rénovation plutôt que la construction.
Transports
En matière de transports, « la stratégie actuelle pour réduire les émissions de gaz à effets de serre repose majoritairement sur le déploiement de voitures électriques ». Si le collectif salue les « efforts notables » du gouvernement sortant pour rendre ces véhicules « plus abordables » via le leasing social, « la mobilité porte des enjeux environnementaux et sociaux qui dépassent la seule motorisation des véhicules ou leur accessibilité. »
Une manière de réduire les émissions liées aux transports consisterait à rouvrir des services publics et des commerces dans les territoires où ils ont fermé, de façon à limiter les distances à parcourir pour les usagers, à l’heure où « 80 % des kilomètres parcourus en France le sont en voiture ».
Le collectif a par ailleurs dénoncé le recours aux acteurs privés « peu contrôlés et évalués » lors de la présentation du rapport.
Par exemple, la généralisation des alternances dans l’enseignement supérieur : « On ne sait même pas compter le nombre d’écoles qui participent (…). On ne sait pas le nombre d’entreprises qui en profitent. On ne sait pas où va cet argent. Tout ce qu’on sait, c’est que l’alternance a un impact assez faible sur l’emploi. Les objectifs ne sont pas vraiment atteints », a détaillé l’un des rapporteurs.
Au total, le rapport publié mardi 24 septembre 2024 couvre neuf pans des services publics : eau, logement, transports, santé, éducation, enseignement supérieur, emploi, financement et justice/sécurité.
« Le pacte social qui s’est construit au XXe siècle » autour de la satisfaction de besoins toujours croissants, notamment par les services publics, « ne pourra perdurer face aux crises du XXIe », avertissent les auteurs du rapport.
« Fondés sur l’intérêt général, les services publics constituent notre levier le plus puissant » pour répondre au défi écologique, insistent-ils.
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