Les Mauges, laboratoire modeste et génial d’une nouvelle gestion des déchets

Publié le 7 décembre 2016 à 6h00 - par

Des poubelles ramassées une fois tous les 15 jours, des volumes collectés en hute libre et une facture allégée pour les foyers : au fil des ans, le territoire des Mauges, dans les Pays-de-la-Loire, a inventé un nouveau modèle de gestion des déchets.

Les Mauges, laboratoire modeste et génial d'une nouvelle gestion des déchets

« Entre 2008 et 2016, le coût de collecte et de traitement des déchets a baissé de 16 %, il est aujourd’hui de 119 euros par foyer et par an », se félicite Jacky Bourget, élu local depuis plus de vingt ans et président du Syndicat intercommunal de gestion des ordures ménagères (Sirdomdi), qui regroupe 54 communes entre Angers et Nantes.

« Le coût de la gestion des déchets augmente de 2 à 3 % par an en France », indique Matthieu Orphelin, directeur Économie circulaire à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), lors d’une visite dans les Mauges.

« On a pu baisser les coûts car les quantités envoyées à l’usine de tri ou vers l’incinérateur ont diminué », enchaîne M. Bourget. « On est passé de 170 kg d’ordures ménagères résiduelles (non recyclées) par habitant et par an à 103 kg en 2015, c’est considérable », dit-il. La moyenne française ? Plus de 260 kg !

Loin des « bobos » des grandes villes, sans étiquette écologiste, cet agriculteur à la retraite est une figure locale à l’allure débonnaire mais aussi un redoutable ambassadeur d’une approche plus responsable des déchets.

En résumé : on jette le moins possible, on trie tous azimuts et on réutilise de mille manières. Au départ, c’est davantage la création d’emplois d’insertion qui l’a conduit à s’intéresser au sujet, raconte-t-il.

Au final, c’est tout un territoire (près de 100 000 personnes) qui s’est mis à penser autrement les déchets.

Dans notre société de « l’accumulation », le Sirdomdi est « exceptionnel », estime Pierre Galio, responsable Consommation et prévention à l’Ademe. « Les gains générés permettent de financer les emplois qui vont avec », dit-il admiratif.

Une équipe chargée de la prévention des déchets a été créée (gaspillage alimentaire, suivi de familles tendant au « zéro déchet », etc.).

Les déchetteries trient jusqu’à douze « flux » (batteries, pots de peinture, objets électriques, meubles, etc.) et les objets pouvant encore servir sont mis de côté.

Payer pour ce qu’on jette

À Saint-Quentin-en-Mauges (Maine-et-Loire), une ancienne usine à chaussures a été reconvertie en magasin d’objets de seconde main appelé « Écocyclerie ».

Sur 800 m2, vaisselle, jouets, habits, meubles, matériel électronique, lampes, vélos, cafetières, etc sont parfaitement rangés sur des étagères : « 80 % de ces objets viennent des déchetteries, le reste directement des habitants », explique Guillaume Fleury, qui gère une vingtaine de salariés et plus de 25 bénévoles.

Les clients ? Des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter du neuf, des chineurs et « depuis 2-3 ans des gens qui veulent consommer autrement ».

Malgré les petits prix pratiqués, le chiffre d’affaires s’élève à 300 000 euros.

Ailleurs, plusieurs « repair cafés » ont vu le jour : on y répare ordinateurs, radiateurs, grille-pains, etc., avec l’aide de bénévoles. « Trois quarts des télévisions jetées en France n’ont jamais fait l’objet d’une recherche de panne », glisse Matthieu Orphelin.

Pour baisser les coûts, le Sirdomdi a aussi limité la fréquence du ramassage des ordures à deux fois par mois.

Les habitants de ce territoire rural ont été priés de garder au maximum les déchets organiques (épluchures, restes alimentaires). Plus de 7 000 composteurs individuels, facturés 15 euros, ont été distribués.

Enfin, un outil terriblement efficace, comme l’a rappelé une note de l’Ademe cette semaine, a été mis en place : une facturation basée sur le nombre de levées de bacs au lieu de la taxe sur les ordures ménagères.

Selon l’Agence, « la tarification incitative », basée sur le nombre de levées ou le poids des bacs, permet de baisser les volumes d’ordures de 20 à 50 %.

« Dès qu’on annonce ce type de tarification, les gens se mettent en mode je m’intéresse à mes déchets », analyse Pierre Galio. Elle concerne déjà 4,5 millions d’habitants et l’objectif est de 15 millions en 2020.

Dans les Mauges, précise Jacky Bourget, « la moitié des foyers présentent leur bac une seule fois par mois ».

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