Une période difficile pour le dialogue social
Le dialogue social dans la fonction publique territoriale traverse actuellement une période difficile. Depuis sa prise de fonction, Guillaume Kasbarian a fait le choix de réformer en profondeur les relations de travail, visant à rationaliser la gestion des personnels et à réduire les dépenses publiques. Toutefois, ces mesures sont perçues comme unilatérales, menées sans concertation préalable et sans tenir suffisamment compte des attentes des employés et de leurs représentants. Les partenaires sociaux nationaux ont exprimé leur insatisfaction face à une approche perçue comme verticale et dénuée de considération pour les spécificités du secteur. Leurs revendications incluent notamment une consultation plus approfondie sur les réformes, la participation active aux décisions concernant les conditions de travail, ainsi qu’une meilleure prise en compte des réalités locales des agents territoriaux. Plusieurs instances de discussion, comme le Comité technique paritaire et les groupes de travail sur la mobilité, ont été annulées ou réduites à de simples consultations formelles, nourrissant un sentiment de frustration et d’exclusion parmi les syndicats. Pour ces derniers, le dialogue social n’est plus un outil de négociation et d’échange, mais semble s’être transformé en une simple obligation administrative sans portée réelle.
Position de la Coordination des employeurs territoriaux
Face à cette situation, la Coordination des employeurs territoriaux (CET) adopte une posture nuancée. D’une part, elle reconnaît la nécessité de moderniser la gestion de la fonction publique territoriale et d’optimiser les ressources à disposition. Les employeurs territoriaux considèrent que certaines mesures, notamment en matière de mobilité et de rationalisation des effectifs, comme la simplification des procédures de mutation et la mutualisation des compétences entre différentes collectivités, sont pertinentes et peuvent favoriser une meilleure efficacité du service public local. Ils reconnaissent que ces mesures peuvent également entraîner des difficultés, telles que des tensions entre agents en raison d’une mobilité accrue et une surcharge de travail liée à la réduction des effectifs, qui peuvent impacter négativement la qualité du service. Cependant, ils déplorent également le manque de concertation véritable et regrettent l’absence d’une approche plus collaborative de la part du ministre. Pour eux, un dialogue social de qualité est essentiel pour garantir l’adhésion des agents territoriaux aux réformes envisagées et pour maintenir un climat social serein. La Coordination appelle ainsi à un retour à des discussions équilibrées impliquant l’ensemble des partenaires sociaux.
L’appel à la grève des partenaires sociaux
Les partenaires sociaux nationaux, de leur côté, ont choisi de faire entendre leur voix de manière plus radicale. Face à l’absence de réponse à leurs revendications, qui incluent une amélioration des conditions de travail, une augmentation des salaires et une reconnaissance accrue des efforts des agents, ainsi que le sentiment croissant d’être ignorés, ils ont lancé un appel à la grève pour le 5 décembre 2024. Cette mobilisation vise à protester contre la dégradation des conditions de travail, le manque de reconnaissance des agents, et la perception d’une gestion autoritaire de la Fonction publique.
Les syndicats dénoncent également les restrictions budgétaires imposées aux collectivités, qui, selon eux, mettent en péril la qualité des services rendus à la population, notamment par la réduction des effectifs dans les services sociaux, la fermeture de certaines structures publiques de proximité, et des délais d’attente accrus pour les usagers. Pour les partenaires sociaux, le mouvement de grève est un moyen de rappeler au gouvernement que la fonction publique territoriale n’est pas qu’une simple variable d’ajustement économique, mais représente un pilier essentiel de la cohésion sociale.
Le 5 décembre prochain pourrait marquer un tournant dans les relations sociales au sein de la fonction publique territoriale. En 2019, par exemple, une mobilisation similaire avait conduit à des négociations et à quelques avancées significatives, illustrant l’importance de la pression collective dans le dialogue social. Cette mobilisation pourrait, à l’instar de précédentes grèves dans la fonction publique, aboutir soit à une reprise du dialogue, avec des concessions et des avancées pour les agents, soit à une intensification du conflit, entraînant une dégradation prolongée du climat social et une baisse de la qualité des services publics.