Les salariés se syndiquent plus dans la fonction publique que dans le privé

Publié le 1 juin 2016 à 12h07 - par

Selon une étude Dares de mai 2016, les salariés sont deux fois plus syndiqués dans la fonction publique.

Les salariés se syndiquent plus dans la fonction publique que dans le privé

Un récent sondage acte que 65 % des salariés n’ont pas confiance en général dans les organisations syndicales et que 59 % ne font pas confiance à leurs actions pour défendre leurs intérêts. Les salariés estiment également à 69 % que les partenaires sociaux doivent plutôt rechercher des solutions négociées. Les salariés jugent également les syndicats à 77 % trop politisés, à 68 % trop nombreux, à 59 % éloignés des réalités du terrain et à 57 % démagogiques. Enfin, à 56 % les salariés jugent utiles les syndicats et à 37 % courageux. Ce constant plutôt négatif n’empêche cependant pas un niveau de syndicalisation particulièrement élevé dans la fonction publique.

Deux fois plus de chances d’être syndiqués dans la fonction publique

Les salariés de la fonction publique ont bien deux fois plus de chances d’être syndiqués que ceux du secteur marchand et associatif. Le taux de syndicalisation (20 %) y est deux fois plus élevé que dans le secteur marchand et associatif où 9 % des salariés adhérent à un syndicat. La syndicalisation est associée à la stabilité de l’emploi. La propension à se syndiquer est ainsi quasi nulle parmi les salariés en intérim (1 %) ou en CDD (2 %). Par ailleurs, les salariés qui travaillent à temps complet sont sensiblement plus syndiqués (12 %) que ceux qui travaillent à temps partiel (8 %).

Les salariés syndiqués sont un peu plus âgés que la moyenne et les hommes déclarent adhérer à une organisation syndicale un peu plus souvent (12 %) que les femmes (10 %). Moins satisfaits des relations de travail que leurs collègues non syndiqués, 40 % des adhérents à une organisation syndicale évoquent l’existence de tensions avec leurs supérieurs, contre 28 % de l’ensemble des salariés. Le taux de syndicalisation français est parmi les plus faibles d’Europe. Cependant, la légitimité des syndicats est fondée en droit sur leur audience électorale lors des élections professionnelles (le taux de participation a été de 53 %, fin 2014, dans les trois fonctions publiques)

Les conditions d’emploi des salariés de la fonction publique (titulaires pour environ 80 % d’entre eux) et celles des salariés du secteur marchand et associatif, les relations qui les lient à leur administration ou à leur employeur, les différentes traditions et modes de représentation syndicale sur les lieux de travail renvoient à des systèmes de relations sociales différents. Ces facteurs expliquent en partie l’écart important entre le taux de syndicalisation des salariés de la fonction publique et du secteur marchand et associatif.

Éducation et police sont les métiers qui comportent le plus de syndiqués

Les métiers de « l’éducation, de la formation et de la recherche » sont particulièrement syndiqués (24 %). Ils représentent 20 % des salariés des trois fonctions publiques et 24 % des syndiqués. Le syndicalisme enseignant illustre, par certains aspects, de nombreuses particularités du syndicalisme de la fonction publique. Les spécificités fondées sur un fort cloisonnement interne entre corps et catégories continuent de caractériser un syndicalisme axé sur la défense d’intérêts catégoriels.

Les salariés des métiers de la sécurité et de la défense se caractérisent aussi par une propension relativement forte à se syndiquer (32 %). Ils représentent 6 % des travailleurs des trois fonctions publiques et 10 % des syndiqués. Les syndicats de la police comme ceux des enseignants exercent une forte influence dans les commissions paritaires qui statuent sur la carrière des personnels. Cela explique un taux de syndicalisation particulièrement élevé chez les policiers (49 % des agents de police de l’État ou de la police municipale sont syndiqués).

Dans trois autres familles de métiers aux effectifs importants, le taux de syndicalisation se situe entre 17 % et 18 %. Il s’agit des métiers des « soins », concentrés dans la fonction publique hospitalière, de l’« entretien et de la maintenance » (surtout présents dans la fonction publique territoriale), ainsi que des métiers de l’« administration », répartis entre la fonction publique territoriale (47 %) et la fonction publique de l’État (40 %). La stabilité de l’emploi, l’insertion dans un collectif de travail, la connaissance de son environnement professionnel sont des facteurs propices à l’adhésion syndicale.

Et paradoxalement les salariés syndiqués sont plus nombreux que les non syndiqués, pourtant majoritaires, à exprimer un avis négatif sur les relations entretenues avec leur supérieur ou leurs collègues. Ils déplorent plus souvent un manque de considération et un manque d’aide ou d’écoute de la part de leurs supérieurs, 25 % contre 17 % des non syndiqués. Difficile dans ces conditions de savoir appréhender au mieux les problématiques collectives qui ne manquent pas de se poser pour les salariés de la fonction publique.

 

Source : La syndicalisation en France. Des salariés deux fois plus syndiqués dans la fonction publique, Dares Analyses, n° 025, mai 2016


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