Parcours préparatoires au professorat des écoles : un premier bilan plutôt positif

Publié le 23 janvier 2023 à 9h55 - par

Un rapport de l’IGÉSR présente le bilan de la première année de fonctionnement des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE).

Parcours préparatoires au professorat des écoles : un premier bilan plutôt positif
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Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a publié, début janvier, le rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) sur les parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE). Au terme d’un an de fonctionnement des PPPE, la mission d’inspection générale dresse un premier bilan de leur mise en œuvre. Son rapport identifie les satisfactions et les difficultés apparaissant à l’occasion du déploiement de ce dispositif, repère les pratiques à mutualiser et pose des perspectives pour le futur. D’emblée, la mission souligne « l’engagement et l’enthousiasme des professeurs impliqués dans le dispositif ».

Pour mémoire, le PPPE est un parcours de licence s’appuyant sur un partenariat fondé sur l’alternance lycée/université avec une universitarisation progressive : 25 % en L1, 50 % en L2 et 75 % en L3. Il conduit à la délivrance d’une licence dans la majeure disciplinaire de référence qui porte le parcours, avec un débouché naturel et privilégié vers le master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) mention premier degré.

À la rentrée scolaire 2022, 49 parcours préparatoires au professorat des écoles étaient ouverts, offrant 1 572 places. Le nombre d’élèves de terminale ou d’étudiants en réorientation effectuant des vœux sur Parcoursup pour rejoindre un PPPE a augmenté de 56 % entre la campagne 2021 et celle de 2022. Le taux de pression en 2022 était ainsi de 8,1 candidats pour une place en PPPE. « Les besoins de recrutement importants que connaît la France en professeurs des écoles (environ 10 000 recrutements chaque année) conduisent à recommander de disposer de PPPE en mesure de fournir chaque année une trentaine d’étudiants chacun au master MEEF premier degré », indique l’IGÉSR.

La mission d’inspection a interrogé, par le biais d’un questionnaire individuel transmis aux enseignants par les proviseurs, tous les enseignants de lycée engagés dans le dispositif PPPE. De façon générale, ceux-ci expriment une grande satisfaction à exercer au sein du PPPE, tant pour la qualité des relations avec les étudiants qui sont, selon eux, fortement engagés et qu’ils considèrent déjà souvent comme de futurs collègues, que pour le travail mené au sein de leur discipline. Les enseignants de lycée témoignent de la nécessité d’un engagement fort en cette première année pour construire des cours nouveaux sur des thématiques qu’ils n’ont pas nécessairement abordées dans leurs autres cours, mais surtout sous un angle qui n’est pas celui habituellement visé, avec l’objectif de faire prendre du recul aux étudiants sur les contenus dispensés, afin de leur permettre de construire ultérieurement leur propre enseignement.

L’organisation de l’évaluation au lycée a, bien évidemment, été contrainte par les conditions réglementaires de la licence support, rapporte la mission : contrôle continu, examen, compensation, note minimale, épreuve de seconde chance… En règle générale, l’évaluation des enseignements au lycée prend appui sur plusieurs travaux de nature différente. C’est le principe du contrôle continu qui a été retenu. La moyenne des notes, coefficientées en fonction des travaux, devient la note certificative. Les notes du lycée et celles de l’université ne sont généralement pas compensables. Sur cette question de l’évaluation, les enseignants sont en attente de précisions sur le niveau attendu, prévient l’IGÉSR. La mission rappelle que la responsabilité de l’évaluation relève de l’université et dépend de la licence support.

Tant en français qu’en mathématiques, les professeurs signalent des difficultés pour des étudiants issus de filières technologiques ou professionnelles qui ne leur ont pas permis d’acquérir les bases nécessaires dans la discipline et, parfois même, d’étudiants issus de bacs généraux, en particulier en mathématiques, lorsque ces étudiants n’ont pas suivi d’enseignement de mathématiques au-delà de la seconde. De façon générale, la mission a relevé une forte mobilisation des équipes pour apporter des réponses au plus près des besoins des étudiants : suivi personnel (entretien, remobilisation, aide individualisée en cours), soutien dans le cadre de l’accompagnement individualisé, ateliers d’écriture, appui sur le projet Voltaire (orthographe), recours à des sites de remédiation, tutorat par un pair, notamment côté université pour les mathématiques, mentorat assuré par les élèves de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) des filières scientifiques, devoir de rattrapage possible sur la base du volontariat… Toutefois, les professeurs observent aussi que certaines difficultés sont trop profondes pour pouvoir être résorbées.

En termes de perspectives, la mission préconise un bilan de chacun des PPPE à l’issue de la troisième campagne Parcoursup. « Si certains PPPE ne trouvent pas leur public après trois campagnes Parcoursup, un changement de la licence support ou une fermeture du PPPE devront être actés », recommande-t-elle. Par ailleurs, du point de vue de la mission, toutes les licences n’ont pas le même degré de pertinence pour la formation de futurs professeurs des écoles. Les licences de sciences de l’éducation ou celles relevant des disciplines enseignées à l’école primaire devraient être privilégiées, précise le rapport. Par ailleurs, la mission appelle de ses vœux un renforcement de la préprofessionnalisation, en développant la connaissance du premier degré, ainsi que la préparation et l’exploitation des stages.

Les proviseurs, les responsables universitaires et les enseignants s’interrogent sur les garanties qu’ont les étudiants de PPPE de pouvoir intégrer un master MEEF. Selon la mission, la question est tout à fait pertinente et il est clair que cette automaticité ne peut être imposée aux Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ). « Cependant, tout porte à croire que les étudiants qui auront suivi un PPPE disposeront des prérequis pour suivre un master MEEF, est convaincue l’IGÉSR. Un travail est à engager avec les INSPÉ pour fluidifier la liaison entre la licence PPPE et le master MEEF premier degré ».

Enfin, à l’origine de la création des 49 PPPE ouverts à la rentrée 2022, les ministères en charge de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur doivent s’assurer que ceux-ci remplissent effectivement leur rôle en formant chaque année près de 1 500 étudiants destinés à rejoindre un master MEEF premier degré au sein des INSPÉ, plaide la mission. Selon elle, « il est essentiel de construire, dès maintenant, des indicateurs de suivi permettant de voir, année après année et cohorte après cohorte, la situation de chacun des PPPE existants, y compris en termes de réussite au concours de recrutement des professeurs des écoles, afin de pouvoir prendre des décisions pertinentes concernant de nouvelles ouvertures (académies et licences supports) s’appuyant sur le profil des étudiants souhaitant s’engager dans de tels parcours, la pertinence des choix réalisés (couplage localisation et licence support) et, bien évidemment, les besoins académiques en termes de recrutement des professeurs des écoles ».

L’ IGÉSR formule 20 préconisations. Certaines doivent être portées par le niveau national, les autres s’adressent aux recteurs et aux responsables de PPPE (recrutement des étudiants, stages).


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