L’édition 2024 de Regards sur l’éducation, rapport de référence sur l’état de l’éducation dans le monde publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), porte sur l’équité en matière d’éducation. Ce coup de projecteur met en évidence les disparités entre les différents groupes démographiques en matière de ressources éducatives, de compétences, d’accès à l’éducation, de choix d’études et de taux de réussite. Le rapport s’ouvre sur une vue d’ensemble de l’équité dans l’éducation, en analysant les principales tendances à chaque niveau, de la petite enfance à l’enseignement tertiaire. Il se penche ensuite sur les opportunités qui en découlent, en explorant la manière dont les inégalités éducatives persistent et en évaluant l’adéquation entre les résultats de l’éducation et les expériences sur le marché du travail. Enfin, il cherche à déterminer si les efforts en matière d’éducation améliorent réellement les perspectives d’emploi et les résultats sur le marché du travail.
Les niveaux de formation et les résultats sur le marché du travail des jeunes adultes les plus susceptibles de prendre du retard s’améliorent, mais il faut redoubler d’efforts en faveur de l’égalité des chances, insiste le rapport publié le 10 septembre 2024. Ainsi, depuis 2016, la part des 25-34 ans diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire a progressé dans les pays de l’OCDE, passant de 83 % à 86 %, tandis que celle des 18-24 ans sans emploi et sortis du système éducatif a reculé, en moyenne, de 16 % à 14 %. L’embellie est la même sur le front des possibilités d’emploi : le taux d’emploi des 25-34 ans non diplômés du deuxième cycle du secondaire a augmenté de 59 % à 61 %, tandis que celui des diplômés du deuxième cycle du secondaire ou du postsecondaire non supérieur est passé de 76 % à 79 %, observe l’édition 2024 de Regards sur l’éducation.
Ces tendances positives s’expliquent par un allongement de la durée des études des 18-24 ans et le dynamisme du marché du travail, explique le rapport de l’OCDE. Néanmoins, les résultats scolaires n’ont pas tous progressé de la même manière et la dernière édition du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE montre qu’ils ont même reculé pour de nombreuses catégories d’élèves. « Dans ce contexte, le décalage entre l’offre et la demande de compétences demeure problématique sur le marché du travail à tous les niveaux de qualification », selon le rapport.
Voici les principaux enseignements de Regards sur l’éducation 2024.
Les filles toujours meilleures que les garçons à l’école
Si les femmes continuent d’obtenir de meilleurs résultats que les hommes en matière d’éducation, cela ne se traduit pas par des perspectives d’emploi équivalentes. Par exemple, parmi les jeunes femmes diplômées de l’enseignement supérieur, 84 % occupent un emploi, soit 6 points de moins que les hommes ayant des qualifications similaires.
Améliorer l’égalité des chances dès le plus jeune âge
« Il est essentiel d’améliorer l’égalité des chances dès le plus jeune âge pour instaurer des conditions équitables en matière d’éducation, en particulier pour les familles à faible revenu », soutient le rapport. En effet, celui-ci montre que les enfants issus de familles modestes ont une probabilité inférieure de 18 points en moyenne de fréquenter des structures d’éducation et d’accueil avant l’âge de 3 ans. Dans l’enseignement primaire et secondaire, les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés obtiennent de moins bons résultats aux évaluations normalisées.
« Ce handicap précoce persiste à tous les niveaux d’enseignement et influe sur les niveaux de formation », poursuit le rapport. Les élèves dont les parents n’ont pas atteint le deuxième cycle du secondaire ont une probabilité de réussir leurs études inférieure de 17 points à celle de leurs pairs dont les parents sont diplômés du supérieur, écart qui atteint 19 points pour ceux qui entament des études supérieures. Et, si 72 % des adultes dont l’un des parents au moins est diplômé du supérieur sont également diplômés du supérieur, c’est le cas de seulement 19 % de ceux dont les parents n’ont pas achevé le deuxième cycle du secondaire.
L’éducation des jeunes enfants est essentielle
Le rapport confirme que l’éducation des jeunes enfants s’avère essentielle pour réduire les effets du milieu familial sur les possibilités éducatives. En effet, elle contribue à combler les écarts de développement entre les enfants avant qu’ils n’entrent à l’école primaire. Toutefois, il montre également qu’en fonction du niveau de revenu des familles, les possibilités ne sont pas les mêmes, comme par exemple pouvoir disposer d’un nombre d’heures de garde des enfants suffisant ou avoir des établissements financés sur fonds publics à proximité.
Au cours des dix dernières années, 10 des 38 pays membres de l’OCDE ont toutefois abaissé l’âge de début de la scolarité obligatoire pour englober tout ou partie de l’enseignement préprimaire, qui est désormais obligatoire dans 17 pays. Les pouvoirs publics accordent également une place croissante à l’éducation des jeunes enfants dans leurs budgets. De fait, les dépenses publiques correspondantes, mesurées en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), ont augmenté de 9 % entre 2015 et 2021, soit nettement plus que pour les autres niveaux d’enseignement. Et, bonne nouvelle, le taux d’inscription des jeunes enfants continue d’augmenter dans toutes les tranches d’âge. En moyenne dans l’OCDE, 83 % des enfants âgés de 3 à 5 ans étaient inscrits en maternelle en 2022, contre 79 % en 2013. « Le taux d’inscription des jeunes enfants de familles à faible revenu est étroitement lié aux niveaux de financement public et à la gratuité d’accès, ce qui pénalise les enfants issus de familles pauvres », précise le rapport.
Une pénurie généralisée d’enseignants qualifiés
La pénurie généralisée d’enseignants qualifiés constitue un autre défi urgent, le recrutement d’enseignants qualifiés pour remplacer ceux qui partent à la retraite ou démissionnent étant désormais problématique dans la plupart des pays, observe le rapport. Au début de l’année scolaire 2022-2023, 18 des 21 pays pour lesquels des données sont disponibles étaient confrontés à des pénuries d’enseignants et n’avaient pas été en mesure de pourvoir tous les postes vacants !
Néanmoins, les incitations financières ne suffisent pas à attirer des candidats motivés, explique l’OCDE. Des mesures globales sont tout aussi importantes, notamment un soutien professionnel suffisant et une solide reconnaissance publique des enseignants dans les établissements défavorisés, prône l’organisation.