Coronavirus : les maires au premier rang pour rassurer les habitants

Publié le 6 avril 2020 à 8h37 - par

Règle n° 1 : « Être au cœur du village et rassurer les plus inquiets ». Les maires des petites communes se démènent pour aider les plus fragiles à faire face à la crise du coronavirus. Au risque d’être eux-mêmes parmi les plus exposés.

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En milieu rural, l’éloignement des services de soins et des commerces, les problèmes de mobilité ou d’accès à internet s’ajoutent aux difficultés du confinement auxquelles les élus doivent répondre.

« On fonctionne selon le principe un trou, une cheville. Dès qu’il y a une difficulté, on essaie de trouver une solution », confie à l’AFP Dominique Dhumeaux, le maire de Fercé-sur-Sarthe, une commune sarthoise de  630 habitants.

Les initiatives se multiplient localement pour maintenir les services publics, aider les  plus âgés à faire leurs courses ou accompagner ceux qui ne maîtrisent pas internet.

À Fercé-sur-Sarthe, les employés municipaux livrent les courses et les médicaments à ceux qui ne peuvent pas se déplacer. Avec leur véhicule personnel pour limiter les risques de contagion.

Autre priorité, permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité dans de bonnes conditions. « On récupère toutes les bonnes idées, souligne le maire. On a vidé une cabine téléphonique qui sert de boîte à livres. On les dépose et les parents viennent les récupérer ».

L’Association des maires ruraux de France (AMRF) a mis en ligne un « plan d’actions » pour accompagner les élus : « Communiquer le numéro de portable du maire aux administrés », « Distribuer dans toutes les boîtes à lettres du village les numéros d’urgence »…

À Azerailles (830 habitants, en Meurthe-et-Moselle), la maire Rose-Marie Falque a listé les personnes fragiles de la commune. « J’appelle pour que les gens ne se sentent pas oubliés dans leur maison. Certains sont isolés même s’ils ont des enfants à proximité, ils évitent au maximum de se rencontrer », raconte-t-elle.

S’inscrire dans la durée

Réélue dès le premier tour des élections municipales, elle passe deux fois par jour à la mairie : « Je relève les mails, je transmets les messages urgents, je m’occupe de l’état civil (…) Ce qui est ennuyeux c’est qu’on a encore des factures qui arrivent et pas de procédures simplifiées pour les finances publiques ».

La plupart des maires de petites communes constatent le grand respect des règles de confinement par les habitants après quelques jours de flottement.

À Saint-Nicolas-de-Port (7 500 habitants, près de Nancy), les services ont été réorganisés pour permettre aux agents municipaux de répondre aux sollicitations.

La municipalité, dotée des structures d’une petite ville, accompagne les professionnels de santé de l’hôpital public, veille à ce que leurs enfants soient accueillis dans deux écoles et à la « bienveillance » à l’égard des personnes âgées, « comme en période de canicule ».

« Une fois l’urgence établie, le confinement en place, on reste à l’écoute pour apaiser les craintes », souligne le maire, Luc Binsinger : « Il faut pouvoir s’inscrire dans le temps, se coordonner. Nous sommes entrés dans une période plus approfondie. On répondait à ceux qui nous sollicitaient, maintenant on va au-devant de ceux qui n’appellent pas ».

Au-devant des habitants, les élus locaux payent leur tribut à la maladie. Plusieurs d’entre eux sont décédés du coronavirus ces dernières semaines et des bénévoles qui tenaient les bureaux de vote lors du premier tour des municipales ont été contaminés.

Le maire de Saint-Nicolas-de-Port à lui-même ressenti les symptômes du Covid-19. « On était un certain nombre parmi les élus, les associations… Tous ceux qui, comme moi, ont vu un grand nombre de personnes, dit-il. C’est une addition. Les brassages ont été nombreux dans les semaines qui ont précédé le 15 mars, mais il était temps de mettre un frein ».

Même sentiment du maire de Fercé-sur-Sarthe : « C’est possible que les municipales aient aggravé les choses, mais c’est le fait d’être un personnage public qui nous expose. On a forcément plus de risques d’être malade que si on reste confiné chez soi ».

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