L’industrie intéresse les élus, mais la dynamique est à consolider

Publié le 28 février 2020 à 7h12 - par

Les implantations industrielles enregistrent un regain d’intérêt de la part des collectivités, poussées par des incitations publiques et des enjeux sociaux, mais la dynamique reste à consolider et le financement fait débat.

L'industrie intéresse les élus, mais la dynamique est à consolider

« L’écrasante majorité des élus est heureuse d’accueillir un entrepreneur, un industriel, qui s’installe sur le territoire. Ça crée des emplois, de la ressource qui permet de donner plus de moyens à la commune et ça renforce l’attractivité », estime le député LREM Guillaume Kasbarian, auteur d’un rapport sur la simplification et l’accélération des implantations industrielles.

« Après, sur certaines industries, des questions peuvent se poser, des questions environnementales, de foncier ou de compétences pour pourvoir les emplois », ajoute M. Kasbarian.

Pour Nicolas Portier, délégué général de l’Assemblée des communautés de France (AdCF), qui fédère près de 1 000 intercommunalités, allant des communautés de communes aux métropoles, « il y a toujours eu des élus qui ont essayé d’attirer des investissements industriels à des échelles départementales ou d’agglomérations ».

Mais « nous avons vu que les nouveaux élus du mandat 2016-2020 étaient très développeurs », dit-il, alors que les intercommunalités sont − avec les régions − en première ligne pour le développement économique des territoires, en particulier pour l’implantation de nouvelles entreprises.

Du côté des industriels, on note que les relations avec les élus ont été parfois difficiles sur les questions de fiscalité locale mais qu’elles sont aujourd’hui « dans une phase beaucoup plus apaisée », observe Philippe Darmayan, vice-président de France Industrie.

Les collectivités de communes et les régions « entendent le fait que l’industrie a envie de se développer et donc qu’il y a un besoin d’investissements », poursuit M. Darmayan. « Il va falloir trouver des solutions à trois », entre l’État, les collectivités, et l’industrie.

Pour la quatrième année consécutive, en 2019, l’emploi industriel en France était en hausse d’un peu plus de 10 000 postes, selon l’observatoire de l’emploi et de l’investissement du cabinet Trendeo.

Mais, signe des difficultés de la réindustrialisation, le solde des ouvertures et fermetures d’usines est repassé dans le rouge après trois années en positif.

Pour aider l’installation d’activités industrielles, le rapport remis en septembre par Guillaume Kasbarian au Premier ministre appelle à anticiper les études environnementales, de biodiversité et archéologiques nécessaires et à accélérer les délais. L’objectif est de gagner du temps et de réduire les risques au moment de déposer un dossier de site industriel.

Sites clés en mains

La mission interministérielle pour l’accélération des implantations industrielles a reçu plus de 300 réponses à son appel à propositions, ouvert sur la fin 2019 pour identifier des « sites clés en mains » à proposer à des investisseurs industriels.

C’est le signe d’« un regain d’intérêt de la part des élus, des collectivités pour des activités industrielles », assure un porte-parole.

Une première liste de 12 sites de grande superficie susceptibles d’accueillir des grandes usines a été publiée en janvier à l’occasion de l’événement Choose France. Elle sera complétée avec des propositions d’implantation plus petites.

Ce programme « remet les collectivités en position d’acteurs pour le développement de leur territoire », selon le porte-parole de la mission interministérielle.

Certaines métropoles n’ont pas attendu une telle initiative pour favoriser le maillage industriel : Lyon a décidé en mars 2019 de modifier son plan local d’urbanisme et d’habitat pour sanctuariser 600 hectares en cœur d’agglomération destinés à accueillir des implantations industrielles.

Patrice Noisette, professeur d’économie urbaine à l’Essec, souligne que l’implantation d’entreprises comporte aussi un enjeu de « cohésion sociale ».

« La question du développement d’activités accessibles à des populations relativement peu qualifiées (…) est essentielle pour le bon développement de la compétitivité des villes », dit-il. La question n’est « pas seulement d’attirer des salariés de haut niveau ».

En 2018, le gouvernement a lancé le programme Territoires d’industrie, pour inciter les collectivités à développer, moderniser plus de 130 sites industriels et renforcer leur attractivité. Près d’un millier d’actions ont été identifiées.

« Il y a une dynamique collective » autour de ce programme qui implique 500 intercommunalités, indique Nicolas Portier.

« Mais aussi des retours critiques », poursuit-il. Les critiques ne portent « pas sur l’implication des industriels » ni sur « les finalités du programme », mais « sur les accompagnements par l’État », insuffisants selon l’AdCF.

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