Nouveaux métiers : rien ne se crée, tout se transforme

Publié le 14 novembre 2018 à 14h30 - par

Entre des boulots qui s’automatisent et de nouveaux métiers en gestation, pas facile d’imaginer ce que feront les cols blancs et bleus de demain. Dans le numérique, fleurissent depuis quelques années les « data scientist » ou autre « web evangelist », aux contours parfois flous et qui peuvent être éphémères.

Nouveaux métiers : rien ne se crée, tout se transforme

Même l’Association pour l’emploi des cadres le dit : le métier de « data scientist » – scientifique spécialiste de la donnée – a le vent en poupe. Mais, relève l’Apec, cette terminologie recouvre des « attentes diverses » aussi bien en termes de compétences que de besoins.

En 2012, la Harvard Business Review l’avait jugé « job le plus sexy du XXIe siècle » !

Mais que fait donc un data scientist ? Il gère, analyse et exploite les données d’une entreprise, alors que ces « données » deviennent l’or noir de ce siècle.

« Les données vous fascinent ? Vous souhaitez acquérir les superpouvoirs d’un data scientist, alors découvrez notre parcours ! », c’est ainsi que le site de cours en ligne « Openclassrooms » – en partenariat avec l’école d’ingénieur Centrale Supélec – fait la promotion de ses formations. Conditions requises : avoir des notions de programmation, d’algorithmique et de statistiques.

La demande est supérieure à l’offre, de même que pour les cours de code, eux aussi très courus, explique-t-on chez Openclassrooms. Avant d’être « data scientist », on peut être « data analyst » (analyste des données) ou « data engineer » (ingénieur de données).

Sur le site de Pôle emploi, les annonces pullulent : le service marketing et digital du Crédit agricole Île-de-France par exemple recherche son data scientist mais aussi la Poste.

Beaucoup de demandes et des compétences de haut vol, le site Openclassroms, ne cache pas avoir eu du mal à recruter… son propre data scientist.

Autre exemple d’intitulé apparu récemment : « web evangelist » ou « évangéliste technologique ». Selon le CIDJ, centre d’information et de documentation jeunesse, qui le présente comme un « métier en plein essor », il s’agit d’un « technicien/ développeur chargé de faire du prosélytisme pour la marque ou la start-up qui l’emploie ».

Webmaster en voie de disparition

Beaucoup de ces nouveaux métiers semblent tout droit sortis du monde des start up, comme celui de « growth hacker », littéralement « pirate de croissance », qui serait une nouvelle fonction marketing aux multiples définitions.

En réalité, explique Cécile Jolly, économiste à France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, « on transforme plus de métiers qu’on en crée de nouveaux ». Elle s’occupe justement de la prospective des métiers.

Lancé en janvier dernier, le nouveau chantier « Les métiers en 2030 » décrira « les compétences de demain » et « les besoins des entreprises » et s’achèvera fin 2019.

Nec plus ultra des années 2000, « le métier de webmaster a quasiment disparu », relève Cécile Jolly. Et d’ailleurs qu’est-ce qu’un nouveau métier ? La définition peut elle aussi varier.

« Pour Pôle emploi, un nouveau métier, c’est 51 % de tâches nouvelles », explique Mme Jolly. « On peut par exemple se demander : est-ce que data scientist c’est différent d’un statisticien ou pas ? », illustre-t-elle.

Pour elle, l’un des rares métiers qui s’est véritablement créé ces 30 dernières années est celui d’ingénieur informatique.

Tous ces nouveaux emplois sont plutôt des postes de cadres ou de professions intermédiaires.

Haut-commissaire aux compétences, et ex-directeur de l’Apec, Jean-Marie Marx, soulignait récemment que « les emplois les moins qualifiés seront peut-être les plus directement impactés » par  la révolution numérique.

Le plan investissement compétences (PIC) qu’il coordonne, ambitieux plan gouvernemental de formation d’un million de chômeurs et d’un million de décrocheurs, prévoit prospective et analyse régulières de l’évolution des métiers et des emplois.

In fine, fait remarquer Mme Jolly, la question est : « l’innovation va-t-elle créer autant d’emplois que par le passé ? ». Un sujet qui taraude économistes en France et dans le monde et fait l’objet d’études aux conclusions contradictoires.

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