Grève du 13 mai dans la fonction publique : faible mobilisation des agents publics

Publié le 13 mai 2025 à 18h00 - par

Les agents publics se sont peu mobilisés, avec des cortèges clairsemés, en France mardi 13 mai 2025, après un appel à la mobilisation et à la grève lancé par cinq des huit syndicats de la fonction publique, qui réclament de meilleures rémunérations et redoutent de nouvelles coupes budgétaires.

Grève du 13 mai dans la fonction publique : faible mobilisation des agents publics
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La CGT, principale organisation représentative dans la fonction publique, l’Unsa, la FSU, Solidaires et la CFE-CGC, appelaient à la mobilisation et certaines à la grève, notamment pour réclamer de meilleures rémunérations et dénoncer des débats budgétaires qui, selon elles, « s’engagent de la pire des manières » pour les agents.

Deux des principales forces syndicales, la CFDT et FO, manquaient toutefois à l’appel.

« Si nous partageons les revendications, la CFDT n’en partage pas le moyen », a précisé à l’AFP Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT fonction publique.

À 14h00, on dénombrait 3,1 % d’agents en grève dans la fonction publique d’État ainsi que moins de 2 % dans la fonction publique hospitalière et la territoriale, selon le ministère de la Fonction publique.

Un constat identique pour les enseignants, peu nombreux à faire grève à la mi-journée : 4,29 % en moyenne pondérée des premier et deuxième degrés (primaire et secondaire), selon le ministère de l’Éducation nationale.

Un symbole tant ils avaient constitué le gros des troupes lors de la dernière mobilisation d’envergure dans la fonction publique, le 5 décembre 2024, quand près de 20 % des agents de la fonction publique de l’État étaient en grève, et que des centaines de milliers de personnes avaient défilé en France contre des mesures d’économies.

Après la censure du gouvernement Barnier, les agents avaient obtenu l’abandon par le nouveau gouvernement Bayrou de l’allongement du délai de carence de 1 à 3 jours pour les agents malades, mais n’étaient pas parvenus à faire plier le nouvel exécutif sur la baisse de la rémunération de 10 % en cas d’arrêt maladie, ni sur le rétablissement d’une prime en faveur du pouvoir d’achat (GIPA).

Services publics à bout de souffle : la CGT dénonce une « catastrophe française »

« Les salaires des fonctionnaires ont baissé de 15 % depuis 2017, les services publics sont à l’os (…) on meurt sur des brancards dans des hôpitaux en France », a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien, déplorant une « catastrophe française ».

Les manifestations ont rassemblé environ 300 personnes à Lille, et quelque 400 à Lyon, ont constaté des journalistes de l’AFP. La préfecture de police n’avait pas communiqué les chiffres de la manifestation parisienne dans l’immédiat.

Manque d’attractivité dans la fonction publique

À Lyon, Erhan Kadi, professeur de physique-chimie de 36 ans, a évoqué la crise du recrutement dans l’Éducation nationale. « Il faut attendre des semaines voire des mois pour trouver des personnes pour remplacer des collègues. Il faut rendre le métier plus attractif », a-t-il soutenu.

« Postes supprimés, salaires sacrifiés, personnel méprisé, il y en a assez ! », ont scandé les manifestants à Lille.

Catherine Piecuch, professeure d’allemand et membre de la FSU, a dénoncé un « abandon » des services publics qui sont « la richesse de ceux qui n’ont rien ».

Dans le secteur aérien, « des annulations » de vols étaient à prévoir dans les aéroports de Tarbes et Pau ainsi que des « retards dans ceux de Limoges, Marseille et Paris-Orly, a indiqué la Direction générale de l’aviation civile.

« On est plus sur des appels à la mobilisation, aux rassemblements, que sur des appels à la grève, donc on est sur un chiffre de grève faible », a commenté Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat enseignant SE-Unsa, interrogée par l’AFP.

Universités fragilisées : les coupes budgétaires mettent l’enseignement supérieur sous tension

Les universités ont été particulièrement touchées par les ajustements budgétaires, avec des annulations de réserves de crédits pour l’enseignement supérieur et la recherche annoncées le 25 avril, dans un contexte budgétaire déjà contraint, nombre d’universités étant déficitaires.

« Bien que le budget total alloué aux universités et aux écoles augmente de plus de 300 millions d’euros en 2025, c’est insuffisant au regard des dépenses nouvelles (masse salariale, inflation dont le gaz et l’électricité) qui s’imposent et qui sont de l’ordre de plus de 600 millions d’euros en 2025 » pour les universités, a déploré auprès de l’AFP Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux.