Le sexisme dans le secteur public

Publié le 31 mars 2015 à 5h00 - par

Un rapport du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, publié le 6 mars 2015, appréhende la question du sexisme dans le monde du travail, que ce soit dans le secteur privé ou public.

Le sexisme dans le secteur public

L’article 6 ter de la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires précise qu’aucun fonctionnaire ne doit subir des faits de harcèlement sexuel, constitués par des propos ou comportements à connotation sexuelle répétés, qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Le statut proscrit également tous faits assimilés au harcèlement sexuel, consistant en toute forme de pression grave, même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers.

Pourtant 80 % des femmes salariées considèrent que, dans le monde du travail, elles sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes.

Les manifestations du sexisme

L’enjeu de la question du sexisme au travail est bien réel. 90 % des femmes considèrent qu’il est plus facile de « faire carrière » pour un homme.  42 % des femmes affirment avoir déjà entendu des compliments sur leur tenue ou leur physique qui les mettent mal à l’aise et 80 % disent avoir été témoins de blagues sur les femmes et, pour la moitié d’entre elles, en avoir été la cible. L’articulation des temps de vie varie aussi en fonction du genre : 50 % des femmes à temps partiel ont déjà entendu des remarques culpabilisantes. 56 % des hommes considèrent que les femmes sont régulièrement confrontées à des décisions sexistes.

Les blagues dans le secteur public restent le premier vecteur des attaques de sexe. Mais si l’humour a sa place au bureau, il peut pourtant fonctionner comme une « arme à double tranchant ».  Ce qui peut paraître drôle pour une personne peut s’avérer désagréable pour une autre, notamment lorsque cela sert à camoufler une forme de dénigrement en raison du sexe. Les incivilités ou des formes d’irrespect ou de mépris, où l’intentionnalité est moins apparente et plus ambigüe (recours à un langage avilissant, envoie d’un courriel irrespectueux…) sont une seconde source de sexisme au travail.

La troisième forme de sexisme ordinaire est constituée par l’obligation de se conformer aux stéréotypes de sexe. Cette forme de sexisme est très liée aux assignations faites aux femmes et aux hommes de se conformer aux rôles sociaux de sexe. Même si elle touche aussi bien les femmes que les hommes, les conséquences n’en sont pas identiques, surtout dans les métiers à prédominance masculine ou dans les postes de gouvernance. L’importance de ces trois manifestations du sexisme invite par conséquent les employeurs publics à une vigilance particulière.

Agir contre les violences sexistes

Agir contre les violences sexistes et sexuelles dans les relations de travail dans la fonction publique n’est pas une chose simple. Un des premiers obstacles est que reconnaître que l’on est l’objet d’actes sexistes n’est pas chose facile car cela renvoie à la perception et au ressenti de la personne. Il est alors ardu pour les personnes concernées de démêler ce qui est de l’ordre de l’acceptable ou de l’inacceptable. Par ailleurs, le secteur public ne disposait pas jusqu’à aujourd’hui des instruments juridiques permettant de saisir les diverses manifestations du sexisme et de pouvoir lutter efficacement contre.

Dés lors les femmes exposées au sexisme, y compris le plus flagrant, n’y répondent pas. Elles rapportent, en effet, que répondre à des remarques sexistes, en faisant valoir le caractère inapproprié des propos, représente une attitude plus risquée au regard de la manière dont l’auteur va le percevoir que d’ignorer la remarque et peut entraîner un discrédit professionnel. Plus encore, elles sont souvent conduites à minimiser la portée de ces actes, voire à les transformer en actes gratifiants, à les « blanchir » pour pouvoir survivre dans un univers hostile. Ce n’est pas sans conséquence à la fois sur la confiance en soi et donc la performance et sur le bien-être et la santé des personnes qui en sont les cibles.

Les violences sexistes peuvent de ce fait constituer des phénomènes affectant la santé mentale mais aussi physique des agents publics et s’avérer rapidement incompatibles avec la bonne exécution des missions de service public. L’obligation désormais faite aux employeurs publics de mettre en place en 2015 des plans de lutte contre les risques psychosociaux permettra cependant sans nul doute de diminuer avec efficacité ce type de violences, toujours bien présentes dans le travail quotidien.

 

Source : Le sexisme dans le monde du travail. Entre déni et réalité, rapport n° 2015-01, 6 mars 2015

 

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