Professionnels de santé : des soignants en bonne santé soignent mieux

Publié le 19 octobre 2023 à 10h00 - par

Le 9 octobre 2023, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, a reçu le rapport sur la santé des soignants. Celui-ci présente des recommandations articulées en 6 axes. La ministre devrait présenter une feuille de route en décembre.

Des soignants en bonne santé soignent mieux
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Missionnés en mars 2023 par le ministère de la Santé, le Dr Philippe Denormandie, la Dr Marine Crest Guilly et Alexis Bataille-Hembert (infirmier) ont remis à Agnès Firmin Le Bodo, le 9 octobre, leur rapport sur la santé des professionnels de santé. Les auteurs du rapport formulent plusieurs propositions pour améliorer la santé des soignants. Ils dressent en effet un constat alarmant en s’appuyant sur de nombreux entretiens et visites de terrain, et sur les résultats d’une consultation à laquelle ont répondu près de 50 000 professionnels.

Stress et mauvaise hygiène de vie

Cette consultation a permis de dresser un état des lieux en matière de santé. Si 37 % des soignants jugent leur état de santé comme étant bon ou très bon et 41 % l’évaluent comme « assez bon », plus de deux répondants sur dix estiment qu’il est mauvais, voire très mauvais (22 %). Des chiffres à nuancer car 77 % des répondants estiment qu’ils ne dorment pas suffisamment, et ce chiffre s’élève à 81 % pour ceux ayant des horaires atypiques (travail le week-end, journées de 12 heures consécutives et travail de nuit). Le stress est aussi une préoccupation majeure avec une note moyenne attribuée de 7 sur 10 et qui, chez plus d’un quart (27 %) des professionnels, s’élève à 9 sur 10. En outre, plus de la moitié des professionnels déclarent souffrir de douleurs chroniques régulières (60 %). Enfin, un tiers des répondants (35 %) disent ne pas avoir une alimentation saine ou ne pas pratiquer d’activité physique régulière (32 %). Et 49 % des professionnels admettent avoir une consommation régulière d’alcool, à hauteur d’environ cinq verres par semaine en moyenne. Par ailleurs, 17 % des répondants sont fumeurs. Un tiers déclare aussi consommer régulièrement des médicaments (34 %) et 6 % des anxiolytiques de façon régulière.

6 axes d’intervention

Face à ces résultats qui révèlent des horaires de travail soutenus, souvent supérieurs à la moyenne nationale, avec des conséquences directes sur leur état de santé – fatigue, problèmes de concentration, douleurs chroniques et stress élevé – et des comportements à risques, les auteurs du rapport présentent des propositions concrètes, structurées autour de six axes.

L’axe n° 1 vise à intégrer le sujet de la santé des professionnels de santé comme une priorité de notre système de santé publique à tous les niveaux. Ce qui doit se traduire par la reconnaissance et le partage collectif du sujet, la valorisation des initiatives de terrain et des territoires et la production de connaissance.

L’axe n° 2 consiste à sensibiliser et former les professionnels de santé à veiller à leur propre santé. La mission propose ainsi « d’installer la thématique de la sensibilisation et de la formation des professions de santé à leur propre santé dans les cursus de formation initiale, continue et les parcours professionnels, d’insister sur la formation de tous les cadres, encadrants et formateurs et de la promouvoir dans les manifestations et les événements professionnels ».

L’axe n° 3 a pour objectif de prévenir les risques professionnels, en repensant l’organisation de l’offre de médecine de santé au travail et en sensibilisant l’écosystème. Il s’agit notamment de mettre en place des indicateurs sur la santé des professionnels de santé dans l’ensemble des certifications et de développer une véritable équipe pluridisciplinaire de prévention en santé au travail (médecins de santé au travail, infirmiers de pratique avancée en santé au travail et infirmiers diplômés d’État).

L’axe n° 4 est l’organisation pour tous les professionnels de santé d’un accès à une offre de prévention et de soins et d’actions spécifiques de prévention aux professionnelles et aux étudiants en santé.

Pour l’axe n° 5, la mission recommande de repenser l’architecture de l’accès à la prévention et aux soins pour les professionnels de santé. Cela signifie d’assurer un accès facilité à la prévention en santé et à la gestion des maladies professionnelles pour tous les professionnels de santé, d’agir sur la prévention de l’usure professionnelle spécifique pour les professionnels de santé et d’innover financièrement pour dynamiser la démarche sur la santé des professionnels de santé

Dernier axe : avoir un pilotage transversal des actions dédiées à la santé des professionnels de santé en particulier par la création d’une instance interministérielle.

Une feuille de route pluriannuelle

Sur la base de ces recommandations, une feuille de route pluriannuelle sur la santé des professionnels de santé sera dévoilée en décembre prochain. « Cette mission n’apparaît pas comme une fin en soi mais plutôt comme le début d’une collaboration pluridisciplinaire et professionnelle marquant un engagement collectif inédit », est-il d’ailleurs expliqué dans le rapport.

Une vision partagée par Agnès Firmin Le Bodo qui a déclaré : « Face à l’impact que peut avoir une mauvaise santé de nos professionnels sur leur qualité de vie mais aussi sur notre système de santé, il est important d’agir à tous les niveaux. Un professionnel de santé qui va bien est un professionnel de santé qui soigne bien ! ».

Magali Clausener


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