Pédocriminalité : la Ciivise veut passer « à l’action »

Publié le 8 février 2024 à 8h00 - par

La Ciivise a repris lundi 5 février 2024 ses travaux sous une nouvelle direction et promis de passer « à l’action » pour « accompagner » les victimes de violences sexuelles, élargissant son champ à la pédocriminalité en ligne et la prostitution des mineurs.

Pédocriminalité : la Ciivise veut passer "à l'action"
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« Il n’y a pas de rupture avec la Ciivise 1. On a repris le mot d’ordre “on vous croit” en le complétant avec “on vous accompagne” pour montrer le côté opérationnel de la Ciivise 2″, a déclaré aux journalistes le nouveau président, Sébastien Boueilh, à l’issue de la première réunion de la Ciivise aux membres renouvelés.

Fondateur d’une association de lutte contre les violences sexuelles dans le milieu sportif, Colosse aux pieds d’argile, cet ex-rugbyman prend la suite du juge des enfants Édouard Durand, dont l’éviction fin décembre avait suscité de nombreuses polémiques.

La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) avait été lancée en mars 2021, dans le sillage de la publication du livre de Camille Kouchner, « La Familia Grande », qui dénonçait l’inceste commis sur son frère par le politologue Olivier Duhamel.

Sébastien Boueilh a assuré s’inscrire dans la continuité de la Ciivise 1 pour « suivre la mise en œuvre des 82 préconisations » qu’elle a faites en novembre 2023, « avec les différents ministères » (Intérieur, Justice, Santé…). Parmi ces préconisations figuraient une ordonnance de protection de l’enfant qui révèle être victime et un dépistage systématique dans l’Éducation nationale et par les médecins.

La ministre chargée de la Santé Catherine Vautrin a exprimé, dans une déclaration à l’AFP, sa « confiance » envers cette nouvelle direction, pour « insuffler un nouveau regard sur la Ciivise et poursuivre le travail déjà engagé ».

« À l’action ! »

Au-delà de l’inceste, la nouvelle feuille de route donnée par le gouvernement étend son travail à la prostitution des mineurs, à la lutte contre la cyberpédocriminalité, aux mineurs handicapés – davantage soumis au risque d’agressions sexuelles en raison de leur handicap, celles-ci étant par ailleurs souvent plus violentes –, aux mineurs auteurs de violences sexuelles.

La nouvelle direction a constitué un collège « pluridisciplinaire et transversal » de 39 experts. Parmi ceux-ci, les associations Face à l’Inceste, l’Enfant bleu et e-Enfance, des magistrats, avocats, policiers, soignants…

Pendant presque trois ans, la Ciivise a documenté les mécanismes de l’inceste, ses effets destructeurs à vie sur les victimes et son coût pour la société. Et disséqué les dysfonctionnements de la justice.

« Maintenant, à l’action ! », a déclaré Sébastien Boueilh qui veut entrer dans une « phase opérationnelle », avec pour priorités « l’accompagnement et la formation sur le terrain ». La commission veut « identifier un réseau national d’aide et d’accompagnement aux victimes et à leurs proches », a-t-il expliqué.

Elle veut « élaborer un plan national de formation interministérielle » des professionnels en contact avec les enfants aux « gestes les plus protecteurs ». Elle souhaite également mettre au point un questionnaire auprès des victimes pour comprendre « ce qui leur a permis de parler et les freins » qu’elles ont rencontrés.

En revanche, il n’est pas à l’ordre du jour de poursuivre les réunions publiques à travers la France, qui ont été la marque de fabrique de la Ciivise. Durant ces réunions, de nombreuses victimes d’inceste dans leur enfance avaient témoigné en public, souvent pour la première fois, suscitant une vive émotion. La Ciivise entend plutôt « labelliser et soutenir financièrement » des associations qui organiseront des « temps d’écoute ».

« Nous ne sommes plus dans le temps du recueil de la parole, mais dans celui de l’action. Il faut se réjouir de la mise en œuvre d’actions pratiques et de terrain », a déclaré à l’AFP Anne Clerc, déléguée générale de Face à l’Inceste, membre de la Ciivise 2.

Ancienne victime d’inceste lui-même, entre ses 12 et ses 16 ans, Sébastien Boueilh sensibilise avec son association Colosse aux pieds d’argile les jeunes sportifs et leurs encadrants, forme les professionnels et accompagne les victimes.

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