Les inquiétudes des syndicats des fonctionnaires face au recul de l’âge de la retraite à 66,5 ans en 2070
L’annonce du recul de l’âge légal à 66,5 ans en 2070 est perçue par les syndicats comme une nouvelle injustice sociale. Les agents de la fonction publique, notamment ceux exerçant des métiers dits « pénibles », risquent d’être les premières victimes de cette réforme. Les conditions de travail dans des secteurs comme la santé, l’éducation, ou la sécurité publique, qui exigent des efforts physiques et psychologiques constants, rendent difficile, voire impossible, un allongement de la durée de travail. La suppression de postes et les réformes précédentes ont déjà eu un impact lourd sur ces métiers où l’usure professionnelle est une réalité quotidienne. Pour les syndicats, cette décision traduit un manque de prise en compte des difficultés spécifiques des fonctionnaires. Les syndicats s’inquiètent également du fait que cette proposition semble déconnectée de la réalité des carrières dans la fonction publique. En effet bien que 2070 paraisse encore loin, de nombreux fonctionnaires, notamment les plus proches de la retraite, risquent de ne jamais voir les effets concrets de cette réforme. De plus, les syndicats déplorent l’absence d’une réflexion véritablement pragmatique sur les spécificités des carrières publiques, comme la gestion des carrières longues ou la reconnaissance de la pénibilité. En effet, la fonction publique comporte des particularités :les agents publics n’ont pas les mêmes trajectoires de carrière que dans le secteur privé. Ils sont souvent soumis à des métiers où l’usure physique et mentale est omniprésente. Ignorer cette dimension et appliquer un allongement uniforme de la durée de cotisation sans prendre en compte la diversité des métiers publics semble, pour les syndicats, une erreur majeure.
Ce que les syndicats proposent en lieu et place de cette réforme
Face à ce recul de l’âge de la retraite, les syndicats appellent à une révision en profondeur du système de retraite. Ils plaident pour une réforme qui ne repose pas uniquement sur un allongement de l’âge de départ, mais qui soit réellement solidaire et juste. Les syndicats proposent une réévaluation du financement des retraites en favorisant une approche fiscale plus ambitieuse. Ils suggèrent de rétablir une meilleure solidarité intergénérationnelle, en rééquilibrant les cotisations, notamment par une contribution plus élevée des hauts revenus, des entreprises et des secteurs privés qui bénéficient également du système. Selon eux, la retraite ne doit pas être le seul point de compression pour équilibrer les finances publiques, mais une cause collective qui doit être soutenue par l’ensemble de la société.
Les syndicats insistent aussi sur la nécessité d’adopter des mesures spécifiques pour les carrières longues et pénibles. Il est, selon eux, impensable d’appliquer un âge de départ unique sans tenir compte des conditions de travail des fonctionnaires ayant commencé à travailler jeunes ou exerçant des métiers particulièrement pénibles. Les syndicats proposent l’instauration d’un dispositif de retraite anticipée, en particulier pour les agents travaillant dans des conditions difficiles ou ayant effectué des carrières longues. Cette approche permettrait de garantir une transition plus douce vers la retraite pour ceux dont l’espérance de vie professionnelle est plus courte en raison de la pénibilité du travail. Les mesures proposées incluent également un suivi de l’état de santé des agents publics, une meilleure gestion des départs anticipés, et des dispositifs plus clairs pour reconnaître la pénibilité, comme cela a été fait pour les travailleurs dans le privé.
L’annonce du Conseil d’Orientation des Retraites de repousser l’âge légal de la retraite à 66,5 ans en 2070 a provoqué une réaction vive et préoccupée de la part des syndicats de la fonction publique. Ceux-ci perçoivent cette mesure comme une attaque supplémentaire contre les droits des fonctionnaires, déjà fragilisés par des réformes passées. Ils appellent à une réforme qui tienne réellement compte des spécificités des carrières publiques, notamment des métiers pénibles, et qui ne repose pas uniquement sur un allongement de la durée de cotisation. Les syndicats préconisent des solutions de financement plus équitables et des mesures adaptées pour les fonctionnaires concernés par des carrières longues ou difficiles. Une réforme des retraites, s’il en doit être, doit viser selon eux à garantir la justice sociale et la dignité de tous les travailleurs dans tous les secteurs.
Source : Rapport annuel du COR juin 2025 – Évolutions et perspectives des retraites en France, Conseil d’orientation des retraites