Le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) de 2024, ainsi que la question écrite n° 12381 posée par le sénateur Hervé Maurey, le 27 juin 2024, mettent en lumière la nature et l’ampleur de ce déficit, ainsi que les défis politiques et économiques qu’il représente.
Un déficit durable et croissant
Selon le rapport du COR paru en juin 2024 , le déficit du système de retraite des fonctionnaires est non seulement durable, mais il s’enracine de plus en plus dans le paysage budgétaire français. Ce déficit est principalement dû à plusieurs facteurs structurels, dont la proportion élevée de retraités par rapport aux actifs, l’évolution démographique, et les spécificités du régime de la fonction publique qui offre des conditions de retraite souvent plus avantageuses que dans le secteur privé.
Le rapport du COR de 2024 souligne également que les cotisations des actifs ne suffisent plus à couvrir les pensions versées aux retraités, et cette situation ne fait qu’empirer avec le temps. En 2023, le déficit du régime des fonctionnaires a atteint un niveau préoccupant, nécessitant des transferts croissants de la part de l’État pour assurer son financement.
La question écrite n° 12381 posée par Hervé Maurey, sénateur de l’Eure, attire l’attention sur ce problème en demandant au gouvernement quelles mesures sont envisagées pour combler ce déficit et garantir la pérennité du système. Le sénateur Hervé Maurey exprime une inquiétude partagée par de nombreux parlementaires et citoyens, soulignant que le poids croissant du déficit sur les finances publiques pourrait devenir insoutenable sans une réforme significative.
Une réforme est-elle nécessaire ?
Le débat politique est de plus en plus polarisé sur la nécessité et la nature d’une réforme du régime des retraites des fonctionnaires. D’un côté, certains plaident pour un alignement progressif des régimes de retraite public et privé, pour réduire les inégalités perçues et mieux contrôler les dépenses publiques. De l’autre, les syndicats et une partie de la classe politique défendent le régime actuel, arguant que les fonctionnaires bénéficient de conditions spécifiques justifiées par leur mission de service public et les exigences particulières de leur emploi.
Le rapport du COR, tout comme les interventions parlementaires, souligne que sans une réforme en profondeur, le déficit du régime de retraite des fonctionnaires continuera de croître, mettant en péril non seulement le régime lui-même, mais aussi l’ensemble des finances publiques françaises. Cependant, toute réforme devra naviguer entre la nécessité de réduction des coûts et la protection des droits acquis des fonctionnaires, ce qui s’annonce comme un défi politique majeur.
Parmi les solutions envisagées, plusieurs pistes sont évoquées : l’augmentation des cotisations, le recul de l’âge de départ à la retraite, ou encore une refonte plus globale du système pour le rapprocher de celui du secteur privé. Cependant, chaque option comporte des risques politiques et sociaux, en particulier dans un contexte de tensions déjà élevées autour de la réforme des retraites intervenue en 2023.
Le déficit du système de retraite des fonctionnaires en France est un problème qui perdure, nécessitant une attention politique et économique immédiate. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer la voie que prendra le nouveau gouvernement de la France face à ce défi.
Source : Évolutions et perspectives des retraites en France, rapport annuel COR, juin 2024