14 % : c’est le taux de vacance commerciale des commerces de centre-ville en 2024. Ce chiffre a plus que doublé en 15 ans (6 % en 2010). Mutation des modes de consommation, montée en puissance du e-commerce et de la fast-fashion, hausse des coûts et complexité administrative…, depuis plusieurs années, les commerces de centre-ville s’essoufflent. Avec l’objectif d’enrayer la désertification commerciale, le ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, Serge Papin, a dévoilé, le 7 novembre 2025, un plan d’action pour « faire renaître les commerces de proximité ».
Ce plan s’inspire directement du rapport de la mission sur l’avenir du commerce de proximité dans les centres-villes et les quartiers prioritaires de la politique de la ville confiée, en mai 2025, à Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin (Aisne), Dominique Schelcher, PDG de Système U, et Antoine Saintoyant, directeur de la Banque des Territoires. Composé de 30 mesures, ce rapport a été remis le 5 novembre 2025. Le gouvernement en retient les mesures les plus concrètes pour soutenir les commerçants, accompagner les collectivités et faire renaître la dynamique de proximité. Au programme : neuf mesures prioritaires articulées autour de trois axes.
Axe 1 : financer
- Soutenir les foncières de redynamisation commerciale
Le plan prévoit de renouveler en 2026 l’enveloppe de la Banque des Territoires qui soutient financièrement les foncières de redynamisation commerciale, « atout pour financer directement des projets de revitalisation à fort effet levier. »
- Financer des managers de commerce
Le gouvernement va financer de nouveaux postes de managers de commerce (515 sont déjà en activité sur le territoire) dans les territoires fragiles. Ces « experts de l’aménagement marchand des villes », qui interviennent directement auprès des élus, « ont su démontrer leur efficacité », assure le ministère. Certains postes peuvent être mutualisés entre plusieurs communes, notamment pour éviter la concurrence entre villes ou villages d’une même intercommunalité et mieux toucher les bourgs ruraux.
- Travailler à un renforcement de l’axe « commerce » des programmes Action cœur de ville, Petites villes de demain et Villages d’avenir
L’objectif affiché est de remettre le commerce au cœur des politiques de dynamisation des villes moyennes et de permettre l’émergence de projets ambitieux en matière de développement commercial.
Axe 2 : Accompagner
- Faire de l’intelligence artificielle l’alliée des commerçants
Des travaux doivent être lancés entre la Direction générale des entreprises et les fédérations de commerçants pour diffuser l’intelligence artificielle à travers des outils et des programmes adaptés, grâce à un guide de cas d’usage réalisé par le Conseil national du commerce (CNC).
- Faire de la taxe sur les friches commerciales (TFC) un levier efficace pour revitaliser les centres-villes
La taxe sur les friches commerciales permet de sanctionner les bailleurs qui ne louent pas leurs locaux commerciaux. Toutefois, son utilité est freinée car elle doit s’appliquer de manière uniforme sur le territoire. Résultat, en 2025, seulement 480 communes et 68 EPCI y avaient recours. Le gouvernement envisage donc de modifier le Code général des impôts afin de permettre aux élus de mieux cibler là où s’appliquera la taxe sur les friches commerciales. Avec un double objectif : protéger les rues marchandes des centres-villes et défiscaliser les zones dévitalisées, afin d’attirer de nouveaux investisseurs ; inciter les propriétaires à adapter leurs locaux aux besoins du marché, tout en évitant aux communes d’imposer cette taxe dans des zones où l’activité commerciale n’est plus viable.
- Donner accès facilement à toutes les solutions pour lutter contre la vacance commerciale
Un guide pas-à-pas « Diagnostiquer ma vacance commerciale » verra le jour dès 2026 pour les accompagner dans la gestion des vacances commerciales.
- Déployer la Charte « Ville Commerçante » à l’échelle nationale
Axe 3 : Développer
- Soutenir la création d’entreprises dans les territoires fragiles
Le plan d’action prévoit de soutenir l’entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) grâce à l’amplification du programme Entrepreneuriat Quartier 2030, de faciliter la création d’entreprises et de mieux accompagner les porteurs de projets, en consolidant les liens entre les opérateurs du programme, les collectivités locales et les bailleurs sociaux.
- Lancer l’expérimentation « Made in Local »
Cette expérimentation doit permettre de prendre le contre-pied de la vacance commerciale en cherchant à :
- valoriser les locaux vacants par leur mise à disposition temporaire auprès d’artisans et de commerçants locaux afin qu’ils puissent mettre en valeur leurs productions ;
- sensibiliser et mettre en visibilité leurs métiers ;
- ester ponctuellement la viabilité d’une implantation physique, comme cela a déjà été mis en place avec succès dans certaines communes telles que Vesoul.
