Repenser les méthodes d’évaluation des RPS et des TMS

Publié le 15 mai 2017 à 7h53 - par

L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles) et l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) publient un guide pour évaluer les interventions de prévention des risques psychosociaux (RPS) et des troubles musculo-squelettiques (TMS).

Repenser les méthodes d’évaluation des RPS et des TMS

Dans les années 2000, les risques psychosociaux (RPS) ont émergé et les troubles musculo-squelettiques (TMS) augmenté. Face à cette situation, les employeurs publics ont mis en œuvre des politiques dans le domaine de la santé pour les prévenir. Mais ces politiques ont souvent un caractère diffus qui ne facilite pas leur efficacité au regard des nombreux domaines d’expertise complexes auxquels elles font appel (psychologie, sociologie, ergonomie…). L’adoption d’une nouvelle méthodologie d’évaluation des politiques de prévention des RPS et des TMS est par conséquent devenue impérative. En effet, les méthodes d’évaluation existantes ne sont pas adaptées aux interventions complexes qu’elles engendrent. Il faut désormais évaluer la prévention des RPS et des TMS d’une façon nouvelle pour pouvoir en tirer les enseignements des interventions futures.

Mieux évaluer pour améliorer les pratiques de prévention

Plusieurs pistes de travail peuvent être recherchées pour améliorer les pratiques de prévention. L’intervention d’un prestataire extérieur permet, à partir d’un problème posé, une appréciation objective de la politique menée. Elle permet de repérer les facteurs facilitateurs de changement grâce à la comparaison entre les effets qui étaient attendus et les effets observés. En association avec les acteurs de la structure impliquée, le point de vue externe de l’intervenant enrichit les pratiques et les enseignements à établir. Le fait de le faire intervenir à plusieurs reprises à court terme permet la mise en œuvre d’une démarche d’amélioration continue de ces méthodes d’intervention. Les échanges sur les pratiques professionnelles en seront favorisés et harmonisés.

La dynamique de la prévention doit également être améliorée. Cela sera le cas grâce à une nouvelle motivation des structures bénéficiaires de ces politiques, par la mise en exergue des transformations à mener. Il faut savoir qualifier les progrès et retracer le chemin parcouru pour déceler de nouvelles pistes d’actions. Le processus de changement peut en être relancé. Les résultats d’une évaluation apportent des outils nouveaux qui permettent d’envisager la poursuite de l’action ou d’enclencher un nouveau projet. Les différents bénéfices de l’évaluation sont souvent complémentaires et séquentiels. L’évaluation en cours d’intervention permettra de rendre lisible les divers ajustements initiés et d’en garder les causes en mémoire.

Il est nécessaire de déterminer quelles sont les interventions de prévention des RPS et TMS à évaluer. Cette évaluation sera menée en prenant en compte les difficultés à les mener. Les structures bénéficiaires sont en effet complexes, les champs d’intervention multiples et des acteurs aux métiers différents sont mobilisés. Les interventions de prévention des RPS et TMS sont aussi singulières par les contextes dans lesquels elles sont conduites.

La nouvelle méthode d’évaluation (EVALIA) exposée dans le guide l’Anact et l’INRS propose d’élaborer une évaluation quelles que soient les méthodes d’intervention mises en œuvre, par tous les professionnels intervenant sur les TMS et RPS, pour tous les types de structures bénéficiaires, et quels que soient les objectifs des interventions.

Élaborée à l’origine pour évaluer des interventions portant sur les RPS ou les TMS, la démarche proposée a été testée pour 32 interventions, principalement dédiées à ces deux thématiques mais certaines en ont abordé d’autres comme la qualité de vie au travail (QVT), l’usure professionnelle ou encore l’accompagnement au changement.

La méthode d’évaluation EVALIA

La méthode d’évaluation EVALIA comprend quatre étapes : préparer l’évaluation, déterminer les effets attendus et définir les critères d’évaluation, recueillir les données, analyser les résultats et en tirer enseignement.

Préparer l’évaluation signifie qu’il est vérifié qu’une démarche évaluative est justifiée et jugée faisable. L’évaluation ne sera pas qu’une démarche technique, elle interrogera les stratégies des différents acteurs. Un document contractuel sera établi pour fixer les objectifs de l’évaluation. Un comité d’évaluation commandité par le prestataire externe sera créé. La complémentarité des compétences associées au sein du comité permettra de témoigner exhaustivement des effets d’une intervention. Les moyens nécessaires, préalablement évalués, seront alloués à la démarche d’évaluation.

La planification de la collecte des données sera primordiale. Un calendrier adapté à la réalité des changements induits par l’intervention devra être adopté. Il devra tenir compte du délai d’apparition différencié des risques. Il sera nécessaire de penser en amont qui sera informé du projet d’évaluation et de ses résultats. Des supports de communication devront être pensés. L’évaluation devra être menée dans un climat de confiance et de transparence pour favoriser sa pleine réussite. La caractérisation des effets attendus de l’intervention doit être appréhendée. Un bilan d’intervention sera dressé en tenant compte du contexte spécifique dans lequel elle s’est déroulée et des événements indépendants de l’intervention, positifs ou négatifs, qui ont pu survenir au cours de son déroulement.

De nombreuses fois analysés, les facteurs de RPS et de TMS doivent aujourd’hui être mieux évalués. La méthode d’évaluation EVALIA a pour objectif d’aider les employeurs publics à y parvenir. Leur dimension multifactorielle ne permet cependant pas encore de les appréhender correctement. Les éléments de la vie privée et les comportements sociaux sont intiment liés, ce qui rend toujours les facteurs de réussite des politiques de prévention particulièrement difficiles à identifier. De ce fait et quelle que soit la méthode utilisée, il demeure délicat d’évaluer les politiques mises en œuvre pour appréhender les RPS et les TMS.

 

Source : Évaluer les interventions de prévention des RPS-TMS, Anact, INRS, 2017

 


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