À quoi sert le CNR, nouveau pari lancé par Emmanuel Macron ?

Publié le 7 septembre 2022 à 7h40 - par

Outil de « revitalisation » de la politique pour ses défenseurs, « bidule » qui « se substitue » au Parlement pour ses détracteurs, le Conseil national de la Refondation (CNR) est lancé jeudi 8 septembre 2022 à Marcoussis (Essonne) par Emmanuel Macron, qui va devoir convaincre du bien-fondé de sa dernière initiative.

À quoi sert le CNR, nouveau pari lancé par Emmanuel Macron ?

Qu’est-ce que le CNR ?

Il se veut le symbole de « la nouvelle méthode » de gouvernance promise durant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron, critiqué depuis 2017 pour sa pratique verticale du pouvoir.

« Les Français sont fatigués des réformes qui viennent d’en haut », explique-t-il le 3 juin 2022 en annonçant le CNR, clin d’œil au Conseil national de la résistance qui coordonnait les mouvements de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le projet s’inscrit à la suite de deux initiatives ayant marqué le premier quinquennat : le Grand débat, lancé début 2019 pour sortir de la crise des « gilets jaunes », puis la Convention citoyenne pour le climat, conclue en juin 2020.

Le CNR vise à « bâtir », « dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées », « des consensus sur la situation du pays » et « concevoir des solutions concrètes aux préoccupations de nos concitoyens », détaille le chef de l’État dans la lettre d’invitation à l’événement de jeudi 8 septembre.

Que va-t-il se passer à Marcoussis ?

Le lieu n’a pas été choisi au hasard : le CNR est lancé… au CNR, le Centre national du rugby, un immense domaine de 20 hectares où s’entraîne l’équipe de France, actuellement l’une des meilleures au monde.

De 9h30 à 18h, s’y réuniront une cinquantaine de participants représentatifs « des forces vives de la Nation » dans le social, l’économie, la politique, l’associatif, la santé, l’environnement, selon l’Élysée.

Si les responsables de huit associations d’élus seront présents, il manquera les principaux leaders des partis politiques d’opposition, qui boycottent le rendez-vous. Plusieurs responsables syndicaux, comme Laurent Berger (CFDT), feront le déplacement.

Emmanuel Macron introduira la réunion, avant « un dialogue long et très ouvert » sur les attentes et les priorités des participants, qui écouteront aussi de courts exposés de la présidente du Haut-Conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici et le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Cinq grands thèmes de discussion ont été listés : « le plein emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique ».

Dans l’après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne pilotera une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée.

Comment va fonctionner le CNR ?

Après Marcoussis, « la volonté est d’aller vite », indique l’Élysée. Avec « le démarrage très rapide » des premiers chantiers thématiques, sur l’école ou la santé par exemple, afin qu’ils se concrétisent « en 2023 ».

« Il faut oser et ne pas craindre d’être innovants », souligne la présidence, en indiquant que leur mise en œuvre pourra être différente selon les thèmes et les territoires concernés. Des citoyens devraient participer à certains d’entre eux.

Le suivi des travaux est confié au Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou, qui assure le secrétariat général du CNR.

Pourquoi les oppositions n’en veulent pas ?

C’est un boycott quasi-général, de la Nupes au Rassemblement national (RN) en passant par les Républicains, qui se rejoignent dans la critique.

« Vouloir réunir dans une même instance des parlementaires, seuls constitutionnellement habilités à voter la loi et contrôler l’exécutif, et des représentants de la société civile (…) ne peut aboutir qu’à une confusion des rôles », dénonce le président LR du Sénat, Gérard Larcher.

Olivier Faure, du PS, n’y voit « aucun intérêt » si « c’est pour revivre ce que nous avons vécu avec le Grand débat et la Convention citoyenne » et « si c’est pour contourner un Parlement qui n’est pas favorable » à Emmanuel Macron.

« Est-ce que c’est naturel de refuser la discussion avant même qu’elle n’ait commencé ? », leur a rétorqué Élisabeth Borne. En précisant que « la porte restera ouverte » aux oppositions qui voudraient finalement y participer.

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance), présente à Marcoussis, a tenté de rassurer l’opposition en assurant qu’elle serait « extrêmement vigilante » sur la défense des prérogatives du Parlement.

Après un premier refus, les principales associations d’élus, dont celle des maires (AMF), ont décidé d’être à Marcoussis après avoir obtenu des réunions régulières avec Emmanuel Macron sur les problèmes des collectivités.

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