La Fédération hospitalière de France (FHF) et le Groupement national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo) ont rendu publics, le 9 octobre 2025, les résultats d’une enquête nationale sur la situation budgétaire et financière des établissements et services médico-sociaux (ESMS) publics accompagnant les personnes en situation de handicap. Menée auprès de 120 gestionnaires représentant plus de 22 000 places (42 % de l’offre publique du secteur), cette enquête dresse un constat alarmant : « malgré leur mobilisation quotidienne, une majorité d’ESMS publics est désormais en déficit et voit ses équilibres financiers fortement dégradés. »
Le secteur public médico-social du handicap représente 1 220 établissements et services, gérés par près de 400 opérateurs, offrant 53 000 places sur l’ensemble du territoire national, soit :
- 404 ESMS accompagnent des enfants ou des adolescents, pour un total de 19 596 places : IME, CAMSP, SESSAD… ;
- 816 ESMS accompagnent des adultes, pour un total de 33 131 places : MAS et FAM, foyers d’hébergement, ESAT…
Une situation financière des ESMS publics du champ du handicap fortement dégradée
En dépit d’une activité globalement soutenue, l’année 2024 marque, selon l’enquête, « une rupture nette » :
- 60 % des ESMS publics étaient déficitaires en 2024, contre 44 % l’année précédente.
- La moitié disposent d’une trésorerie inférieure à 83 jours d’avance.
- 12 % connaissent de graves difficultés de trésorerie, dont 7 % ont dû recourir à une ligne de crédit.
Ces tensions budgétaires se traduisent par des reports d’opérations d’investissement, pour plus d’un établissement sur deux, et la mise en place de plans de retour à l’équilibre, pour un quart des gestionnaires, révèle l’enquête.
Des causes bien identifiées
Interrogés sur les causes de la dégradation financière qu’ils connaissent, les gestionnaires publics évoquent prioritairement l’insuffisance de compensation des revalorisations salariales (dont 90 % estiment qu’elle a un impact significatif ou majeur sur la dégradation financière) et l’impact de l’inflation sur les charges d’exploitation (85 %). Ces deux causes principales sont suivies par le coût de l’absentéisme, qui apparaît significatif ou majeur pour près des trois quarts (72 %) des répondants.
En revanche, la baisse d’activité a un impact mineur, voire n’a pas d’impact, pour 75 % des gestionnaires publics. « Ce qui confirme que, même les établissements ne rencontrant aucune difficulté d’activité, sont dans une situation financière dégradée » pointent la FHF et le GEPSo.
Les structures publiques du champ du handicap connaissent les mêmes difficultés que les Ehpad. C’est « l’ensemble du secteur médico-social public qui est confronté à des problématiques particulières », dénoncent la FHF et le GEPSo, à savoir :
- un contexte socio-fiscal très défavorable aux ESMS publics ;
- des hausses massives des cotisations retraites CNRACL programmées jusqu’en 2028 ;
- une exclusion d’une partie des personnels des ESMS autonomes du secteur handicap du bénéfice du Complément de traitement indiciaire (CTI) du Ségur de la Santé.
La FHF et le GEPSo s’inquiètent de « la spirale financière négative » dans laquelle s’engagent les ESMS publics du secteur du handicap, rejoignant progressivement celle des Ehpad publics. « Il est urgent de prendre en compte l’ensemble des facteurs qui contribuent à pénaliser le secteur public, de rétablir une équité socio-fiscale ou de compenser dans les mécanismes de tarification ces surcoûts objectifs pour les ESMS publics », revendiquent les deux organisations.
« Sans réponse rapide, c’est la pérennité même de l’offre publique médico-sociale handicap, indispensable aux parcours de vie des personnes accompagnées, qui sera menacée », préviennent la FHF et le GEPSo.
