Les outils numériques au service de la propreté des villes

Publié le 30 décembre 2020 à 8h56 - par

Dépôts sauvages, poubelles qui débordent, encombrants abandonnés dans la rue, etc. : la propreté des espaces publics est un enjeu crucial pour les élus locaux. Et si les outils numériques pouvaient les aider à garder leur ville plus propre ?

Les outils numériques au service de la propreté des villes

À la Rochelle, plus de 1 200 conteneurs d’apports volontaires sont équipés de sondes de télérelève qui mesurent, en temps réel, le taux de remplissage. À Montélimar, les agents utilisent leur smartphone au quotidien pour prendre des photos, avant et après chacune des interventions effectuées suite aux signalements des citoyens via une application. Le digital serait-il devenu incontournable pour améliorer la propreté de nos villes ?

Une meilleure connaissance des flux

À Metz, la municipalité a engagé une réflexion autour des mobiliers de propreté connectés. « Nous avons réalisé une période d’expérimentation durant toute une année avec des résultats consolidés autour de différentes technologies que nous avons testées, comme les puces RFID et GPRS, l’horodatage des corbeilles de propreté ou encore les QR Codes », explique Régis Gabriel, chef de service Pôle Propreté Urbaine de la ville de Metz. Loin d’être de simples gadgets, ces technologies présentent selon lui des avantages pour la gestion de son service au quotidien : « Les informations collectées par les différents capteurs nous permettent de réajuster nos collectes de corbeilles pour éviter les débordements ou bien de revoir l’implantation des corbeilles en fonction de leur taux d’utilisation. Ces outils sont utiles également pour suivre la maintenance effectuée sur ces équipements. L’idée étant que l’on puisse grâce aux informations que nous collectons affiner notre tournée de collecte de corbeilles pour optimiser au maximum le temps de travail des agents et mieux calibrer les véhicules pour la tournée. »

Optimiser les tournées de collecte engendre une réduction de la consommation de fluides et des émissions de CO2, selon le chef du service propreté. Des capteurs installés dans ses mobiliers de propreté couplés à une solution globale de gestion de ses équipements déployée par Sigrenea, filiale de Suez, ont permis à l’agglomération rochelaise de réduire son effort de collecte de 30 %, tout en maintenant un taux de débordement inférieur à 1 % de son parc. Une alerte e-mail est émise sitôt que le seuil de remplissage fixé est atteint. Le superviseur peut alors réagir instantanément en déclenchant une intervention. « Le premier objectif étant l’optimisation de la collecte puis la vidange afin de garder ces espaces le plus propre possible et prévenir les déchets sauvages à proximité », explique Annelise Avril, directrice Recherche, Innovation et Transformation Digitale chez Suez.

L’expérience client, un atout pour les villes

Impliquer les citoyens dans la propreté de leur cadre de vie, c’est ce que proposent TellMyCity, SoNet, Dans ma rue ou encore Néocity, des applications que les villes françaises sont nombreuses à déployer. Grâce à elles, les riverains peuvent géolocaliser la présence de dépôts sauvages ou toute autre incivilité dans l’espace public et les signaler aux services concernés. « Avec ce type d’outil il s’agit de faciliter la vie de l’usager de façon à ce que son comportement soit le plus vertueux possible vis-à-vis de la propreté urbaine pour éviter les déchets sauvages », analyse Annelise Avril. Dans sa panoplie d’outils et services à destination de ses clients collectivités, le groupe Suez a développé « Mon service déchets » lancé en 2019 qui propose bien des fonctionnalités : « À l’échelle d’une ville, le citoyen peut rechercher où se situent les points d’apports volontaires près de chez lui ou consulter les horaires d’ouverture d’une déchetterie. Et en scannant le code-barres des produits équipements il saura dans quel bac déposer ses déchets. »

Car faciliter le tri de certains déchets est aussi une manière de limiter les dépôts sur les trottoirs. Dans le même esprit, l’appli Va Bene permet en un clic de commander une benne de chantier pour y déposer des déchets de travaux et de la même façon en commander le retrait une fois le dépôt terminé. « Mettre ces outils digitaux au service des usagers c’est aussi faire en sorte que les comportements les moins vertueux puissent être évités », selon Annelise Avril. À Metz, l’outil de signalement des incivilités baptisé « Publik » est géré directement par le service de la propreté. À chaque signalement, des agents de contrôle équipés de smartphones sont envoyés sur le terrain. Ils prennent une photo avant et après l’intervention. Une réponse est automatiquement générée à l’usager. « Les outils numériques nous permettent de comptabiliser et de rationaliser nos interventions et de générer automatiquement une cartographique de l’incivisme en temps réel », explique Régis Gabriel. En fonction de la nature des dépôts ou des déchets rencontrés, seront mis en place, de manière localisée, des actions de sensibilisation ciblées. En interne, le service de la propreté développe ses propres applications. L’une d’entre elles est destinée aux agents de propreté qui renseignent en fin de tournée les rues qu’ils ont traitées. Une manière de suivre le taux de réalisation du plan propreté.

« C’est une manière nouvelle d’appréhender la propreté et surtout d’intégrer une notion qui jusqu’à présent était très peu connue dans les métiers de la propreté, à savoir l’anticipation sur des comportements déviants d’usagers », constate Régis Gabriel. Depuis peu, l’intelligence artificielle a fait son entrée dans les services propreté avec une solution mise au point par la start-up suisse Cortexia. Le principe de cette solution déjà expérimentée en Île-de-France ? Des caméras installées sur un véhicule détectent les déchets et prennent une photo à l’instant T des zones présentant un problème de propreté urbaine afin de déclencher une intervention rapide. Attention cependant car trop de réactivité pourrait aussi déresponsabiliser certains usagers…

Blandine Klaas

Source : RCL, La Revue des Collectivités Locales


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