Les collectivités à la traîne pour limiter l’impact du numérique sur l’environnement

Publié le 28 août 2020 à 8h42 - par

Émission de gaz à effet de serre, consommation d’eau douce, épuisement des ressources non renouvelables, déchets d’équipements électriques et électroniques… Le numérique n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Les collectivités ont un rôle primordial à jouer sur leur territoire en élaborant une stratégie de « sobriété numérique », comme le font les entreprises, plus à la pointe.

Les collectivités à la traîne pour limiter l'impact du numérique sur l'environnement

Le coronavirus a multiplié le recours au télétravail, montrant s’il était nécessaire notre dépendance au numérique dont les impacts sur l’environnement sont de plus en plus pointés du doigt. Pourtant, seule une collectivité sur quatre aurait entrepris des démarches visant à réduire la consommation énergétique liée au numérique (« sobriété numérique ») sur son territoire, selon une étude réalisée par le cabinet Espelia et le collectif GreenIT.fr* auprès de trente-trois collectivités de toutes tailles. La moitié n’ont aucun projet en la matière et près d’une sur trois (27 %) ignore même de quoi il s’agit. Autrement dit : ce n’est pas une priorité politique.

En outre, les collectivités limitent souvent la prise de conscience à leur propre parc informatique et aux émissions de gaz à effet de serre (GES), qui ne sont pas les principales conséquences du numérique (cf. encadré). Ainsi, elles agissent d’abord sur leur fonctionnement interne comme la gestion des mails (suppression des mails sauvegardés, réduction des destinataires et des envois) – ce qui ne permet pas de réduire ses impacts environnementaux – au lieu d’élaborer une stratégie à l’échelle de leur territoire. Une stratégie qui doit reposer sur l’utilisation d’écolabels, l’allongement de la durée de vie des équipements et l’éco-conception des services numériques : trois démarches qui agissent « de façon significative » sur les principales sources de pollution du numérique. Il apparaît, par exemple, indispensable de conserver plus longtemps les équipements informatiques de la collectivité et de sélectionner ceux qui sont éco-labellisés ; en effet, un poste de travail émet chaque année autant de GES qu’un trajet Paris-Marseille.

En revanche, réaliser un bilan interne du parc numérique (que les collectivités placent également dans les premières actions à mener), permet d’identifier rapidement des marges de progression et d’amélioration continue.

Alors que certaines collectivités mettent en avant le manque de budget, l’étude rappelle les économies potentielles de la démarche de sobriété numérique : énergie, location de serveurs, achat de matériels et de consommables… Il convient également d’analyser le coût global lors des achats d’équipements numériques et d’inscrire le critère durable dans les marchés publics.

Les collectivités doivent non seulement se montrer exemplaires mais aussi diffuser les bonnes pratiques aux fournisseurs, partenaires, délégataires, citoyens, entreprises… Au-delà de la sensibilisation, elles peuvent créer des outils et solutions et devenir une sorte de « chef d’orchestre de dynamiques partagées sur le territoire ». Elles devraient également articuler leurs actions entre elles ainsi qu’avec les dispositifs de régulation nationale, « pour que cet ensemble entre en résonance et s’autoalimente » précise l’étude. Alors que les collectivités sont engagées aujourd’hui dans une dématérialisation accélérée des services et s’attachent à rendre les villes « intelligentes » (smart city), la sobriété numérique peut participer à construire des territoires intelligents durables, en les abordant sous l’aspect des usages.

Marie Gasnier

* Source : Sobriété numérique et collectivités territoriales : quels enjeux ?, cabinet Espelia, GreenIt.fr, 2020

En constante progression, les émissions dues au numérique représenteront 6 % du total des GES dans quatre ans. Les équipements individuels sont la source principale d’impacts environnementaux du numérique (60 à 84 % estimés) ; leur fabrication nécessite 2 200 milliards de litres d’eau douce. Le numérique emploie des métaux lourds, engendre des déchets électroniques, épuise les ressources…


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