Venus avec de nombreuses questions pour le ministre de l’Industrie, les élus sont repartis à peine plus avancés à l’issue du débat sur le numérique, organisé au congrès des Maires de France, le 20 novembre 2024. Marc Ferracci a surtout insisté sur le fait qu’il fallait conserver une méthode qui, depuis dix ans, avait fait ses preuves en matière numérique. À savoir : « le triptyque, État, collectivité et opérateurs » qui fonctionne depuis le début du plan France très haut débit.
Certes, aujourd’hui, neuf locaux sur dix peuvent être raccordés à la fibre optique. Mais on n’atteindra pas 100 % de locaux raccordables en 2025, comme s’y était engagé le président de la République. Les déploiements ont pris du retard dans les zones desservies par les opérateurs, et il reste toujours un certain nombre de locaux pour lesquels il n’y existe aujourd’hui aucune solution de financement : ceux qui sont trop éloignés, isolés ou qui nécessitent des travaux de génie civil lourds et complexes. « Les derniers kilomètres sont les plus difficiles et les plus chers, et parfois les plus difficiles politiquement », a constaté Marc Ferracci. « L’État s’engage à trouver toujours des leviers pour faire ce dernier kilomètre et accélérer le déploiement mobile », a-t-il poursuivi, précisant qu’il s’agit en outre d’un enjeu économique, auquel il est évidemment sensible en tant que ministre de l’Industrie.
Or, les maires ne se contenteront pas d’une couverture numérique en fibre optique à 98 %, complétée par du satellite, a rappelé Frédérique Charpenel, maire de Soustons (Landes, 8 623 habitants). D’autant que la fibre doit, à terme, se substituer au réseau cuivre. À cela, le ministre répond que « toute personne qui le souhaite doit pouvoir s’abonner à la fibre optique », et renvoie à une expérience d’aide au raccordement à la demande des foyers en partie privative pour laquelle le projet de loi de finances prévoit 16 millions d’euros. L’expérimentation se déroulera dans certaines des communes auxquelles Orange annonce l’extinction du cuivre pour 2025/2026.
Les maires réclament une campagne nationale sur l’arrêt du cuivre, semblable à celle qui avait été lancée pour accompagner la TNT (télévision numérique terrestre). Objectif : rassurer les citoyens inquiets de voir disparaître le réseau téléphonique traditionnel déployé depuis plus de cinquante ans. Sur cette hypothèse, Marc Ferracci semble fermé et renvoie vers une communication des opérateurs. Mais le président de la Fédération française des télécoms (FFT), Nicolas Guérin, avait précisé avant l’arrivée du ministre que les opérateurs demandent précisément à l’État d’expliquer aux citoyens ce que veut dire décommissionner le cuivre et qu’ils ne sont pas obligés de prendre des abonnements très chers ou de faire des travaux. Reconnaissant que, pour un opérateur, l’idée est de vendre l’offre la meilleure possible, « la plus belle possible », mais pas forcément la moins chère.
En ce qui concerne la mutualisation des pylônes de téléphonie mobile, sur laquelle les maires souhaitent pouvoir être consultés – ce n’est pas aujourd’hui le cas puisqu’ils n’ont pas d’autre choix que de signer la demande de travaux des opérateurs –, le ministre de l’Industrie s’est engagé à « instruire dans un délai assez bref les difficultés qui remonteront du terrain ». Il a enfin conclu que « son engagement était d’aller au bout des sujets ».
Martine Courgnaud – Del Ry