Stations de ski : pas de réouverture des remontées mécaniques le 1er février

Publié le 21 janvier 2021 à 8h46 - par

Le suspense était mince et le couperet est tombé : face à une situation sanitaire toujours dégradée, les stations de ski ne rouvriront pas leurs remontées mécaniques le 1er février et la saison est très probablement condamnée, ce qui amènera l’État à renforcer son soutien. 

Stations de ski : pas de réouverture des remontées mécaniques le 1er février

Quelques heures après un Conseil de défense sanitaire consacré aux « mesures de freinage » de la pandémie de Covid-19, qui « demeurent plus que jamais nécessaires » alors que les indicateurs sanitaires restent mauvais en France, le secrétaire d’État au tourisme a annoncé mercredi 20 janvier 2021 que le secteur s’orientait « hélas vers une saison blanche ». 
 
En effet, « une réouverture mi ou fin février paraît hautement improbable », a annoncé Jean-Baptiste Lemoyne lors d’une conférence de presse téléphonique. Or, les vacances d’hiver représentent pour ce secteur l’essentiel de la saison – déjà amputée de Noël.
 
Il avait réuni un peu plus tôt lors d’une visioconférence les professionnels, qui espéraient cette réouverture « pour assurer la survie de l’écosystème montagne » et « limiter l’impact social » sur une industrie touristique de la montagne qui représente entre 250 000 et 400 000 emplois directs et indirects.
 
Le Premier ministre Jean Castex recevra dans les jours qui viennent ces acteurs afin de « finaliser les mesures de soutien économique » qui permettront de renforcer l’accompagnement des entreprises touchées par cette fermeture prolongée, a annoncé M. Lemoyne.
 

« Des canons à indemnisation »

« Les canons à neige ne vont pas fonctionner, les canons à indemnisation doivent être au rendez-vous », a déclaré le secrétaire d’État au tourisme. Les fabricants de matériels, en aval de la filière, devraient être aidés « pour pouvoir continuer à investir », a-t-il indiqué.
 
Du côté des acteurs de la montagne, très mobilisés ces derniers jours pour obtenir une décision de réouverture, la colère se mêlait mercredi soir à la résignation.
 
Cette décision est « d’une tristesse absolue », a déclaré à l’AFP Alexandre Maulin, le président de Domaines skiables de France (DSF), qui ne croit pas à une ouverture en fin de saison. « On avait placé nos tout derniers espoirs dans le fait de faire février » et « on vient de prendre un coup de massue dans la gueule », dit-il.
 
« Maintenant, il va falloir assumer la parole du président, "quoi qu’il en coûte", et qu’on sauve tous les acteurs du secteur, et tous ! ». « Il va falloir qu’on se serre les coudes », dit-il.
 
Fabrice Boutet, le directeur général de Sata Group, qui gère les grandes stations des Deux Alpes et de l’Alpe d’Huez (Isère), a immédiatement fait part à l’AFP de sa « colère ». 
 
« C’est terrible », a-t-il estimé, en particulier pour les saisonniers. « Il y a toute une génération qui ne travaille pas, qui perd le sens, la valeur du travail. »
 
Selon lui, le gouvernement « n’ose pas dire que c’est terminé » alors que « ce serait un gouffre total d’ouvrir au 15 mars ».
 

« Limiter l’impact social »

Faute de remontées mécaniques, les taux d’occupation des stations de ski se sont déjà effondrés à « 20 ou 30 % » au maximum, « contre 95 % d’ordinaire » lors des vacances de Noël qui devaient marquer le démarrage de la saison, a souligné M. Lemoyne.
 
Devant l’ampleur des enjeux pour le secteur, les appels à la réouverture s’étaient multipliés ces derniers jours : dimanche, Henri Giscard d’Estaing, le PDG du Club Med, exhortait dans l’hebdomadaire Journal du dimanche à « sauver la montagne ».
 
Lundi, le nouveau Collectif des entreprises de montagne, qui dit représenter 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 200 000 emplois directs, avait appelé à augmenter les aides « pour assurer la survie de l’écosystème montagne » et « limiter l’impact social ».
 
Les professionnels craignent désormais des conséquences de long terme : arrêt des investissements, départ de grands hébergeurs, chute du revenu des collectivités, casse des fournisseurs… et disparition de nombreux emplois.
 
« On espère bien obtenir des aides, sinon beaucoup d’entreprises vont déposer le bilan », a ainsi réagi Pascale Jallet, déléguée générale du Syndicat National des Résidences de Tourisme (SNRT), demandant une indemnisation des charges fixes sans plafond.
 
Selon Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme, « beaucoup de stations de ski sont déjà fragilisées du fait de gros investissements » et la chute du chiffre d’affaires sera comprise entre « au moins 80 % » pour celles qui dépendent le plus du ski alpin et « au moins 50 % » pour les stations de moyenne montagne. 

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