Dépendance : le secteur de l’aide à domicile peine à recruter et demande des financements

Publié le 17 janvier 2019 à 6h57 - par

Les structures d’aide à domicile pour les personnes dépendantes, dont la plupart des salariés sont « proches du seuil de pauvreté », peinent tellement à recruter qu’elles doivent parfois refuser de prendre en charge certains seniors, s’est alarmée mardi 15 janvier 2019 l’une des fédérations du secteur.

Dépendance : le secteur de l'aide à domicile peine à recruter et demande des financements

La filière a besoin d’un « financement d’urgence de 1,7 milliard d’euros » par an « pour assurer sa survie à court terme », soit une augmentation de plus de 20 % par rapport aux financements actuels, a souligné lors d’une rencontre avec la presse Guillaume Quercy, président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA). Et encore, ce calcul ne vaut que pour les structures à but non lucratif qui représentent environ 75 % du secteur pour les personnes âgées et 50 % pour les personnes handicapées, a-t-il précisé.

Selon une consultation réalisée par l’UNA auprès de 256 directeurs de structures adhérentes, les faibles rémunérations dans ce secteur entraînent d’importantes difficultés de recrutement, et par ricochet une impossibilité de répondre correctement à toutes les demandes de prises en charge, qui sont pourtant en nombre croissant. Ainsi, 95 % des structures consultées ont indiqué qu’elles avaient créé au moins un poste en 2018, mais 19 % de ces nouveaux postes n’ont pas pu être pourvus. En conséquence, 10 % des demandes de prise en charge ont été refusées, reportées, ou seulement partiellement acceptées l’an dernier, selon cette consultation.

La branche compte 226 000 salariés, mais il en faudrait 17 000 supplémentaires dans l’immédiat et 42 000 d’ici 2022, selon l’UNA. Dans leur immense majorité, les salariés du secteur sont payés au SMIC, et souvent à temps partiel, si bien que leur rémunération mensuelle moyenne est à peine supérieure au seuil de pauvreté (1 026 euros par mois pour une personne seule). Malgré ces salaires très faibles, les structures d’aide à domicile perdent de l’argent, a expliqué M. Quercy : une intervention chez une personne âgée leur coûte en moyenne 25 euros par heure, alors que les financements publics ne sont que de 21 euros.

Pour compenser cette différence, il faudrait mobiliser 740 millions d’euros par an, auxquels il faudrait ajouter 900 millions pour instaurer des salaires plus attractifs et 60 millions pour rémunérer les temps de déplacement des intervenants, a calculé l’UNA. Au-delà de la question des financements, l’UNA a formulé plusieurs propositions dans le cadre de la consultation lancée par le gouvernement en vue d’une loi sur la dépendance d’ici fin 2019. Elle propose notamment de « décloisonner les financements » entre les services d’aide et de soins infirmiers à domicile, et de créer un « 5risque » de Sécurité sociale dont la gestion serait harmonisée au niveau national. À l’horizon 2050, la France comptera près de 5 millions de plus de 85 ans, contre 1,5 aujourd’hui.

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