Définir une stratégie locale d’économie et de partage de l’eau

Publié le 19 novembre 2025 à 14h10 - par

Construire une démarche de sobriété hydrique permet aux collectivités de réaliser des économies d’eau et d’éviter des conflits d’usage. Un document du Cerema expose les éléments-clefs de la politique à mettre en œuvre.

Définir une stratégie locale d'économie et de partage de l'eau
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D’ici 2030, 10 % des prélèvements d’eau devront être réduits à l’échelle nationale (plan eau de 2023). En adoptant une stratégie locale d’économie et de partage de l’eau, les collectivités ont un rôle important dans cette politique de sobriété hydrique. « L’eau du robinet ne doit plus être perçue comme une ressource inépuisable, mais comme un bien commun à protéger et à partager, un bien à économiser pour des retombées financières directes, mais aussi pour maintenir l’attractivité des territoires, éviter les crises et les conflits entre les usagers », expose le Cerema dans une plaquette* publiée fin octobre 2025. En effet, selon l’Ademe, sur les 5,5 milliards de mètres cubes d’eau potable prélevés chaque année, un milliard sont perdus dans les réseaux de distribution. Les collectivités supportent le coût des opérations qui permettent de prélever, potabiliser, distribuer l’eau puis collecter, traiter et rejeter les eaux usées. Il convient donc de mobiliser le territoire autour d’une série de solutions, en s’appuyant sur une vision prospective du climat, de la disponibilité de l’eau et de ses usages.

Il faut au préalable connaître l’état des réseaux et les volumes consommés, afin d’élaborer le plan d’action et d’en assurer le suivi. Sans attendre, pour obtenir en quelques années d’importantes réductions des prélèvements en eau, la collectivité peut appliquer certaines actions, plus faciles et moins coûteuses : installation de compteurs de suivi de consommation, équipement des bâtiments publics en dispositifs hydro-économes (mousseurs, réducteurs de débit…) ou encore accompagnement des foyers pour l’équipement des habitations.

Le Cerema préconise une action en trois volets. En premier lieu, mesurer et analyser les consommations d’eau potable aidera à affiner la stratégie et à identifier les économies potentielles. Mieux vaut agir rapidement pour un coût modéré, sans attendre les résultats de l’étude d’opportunité des mesures plus onéreuses ou de long terme. Toutes les solutions doivent être envisagées : modification des infrastructures, révision de l’organisation, bonnes pratiques. Il faut ensuite hiérarchiser et planifier les actions et les investissements, et définir des indicateurs pour évaluer l’efficacité des actions : volume annuel consommé, nombre de fuites réparées…

Faire appel à un économe de flux

Deuxième volet : engager des actions d’économie d’eau potable (systèmes hydro-économes, campagnes de sensibilisation, interventions sur les réseaux de distribution pour résorber les fuites…). La collectivité peut aussi faire appel à un économe de flux pour accompagner les acteurs socio-économiques.

Enfin, utiliser les eaux usées traitées et les eaux de pluie (« eaux non conventionnelles » – ENC) limite les prélèvements dans la ressource naturelle. Après traitement spécifique si nécessaire pour respecter les seuils réglementaires de qualité, les ENC peuvent être substitués à l’eau potable pour certains usages : irrigation, arrosage d’espaces verts, hydrocurage, industrie… Orléans métropole (Loiret, 22 communes, 299 552 habitants) arrose son parc floral avec des ENC. Bilan : 100 000 m3 d’eau ne sont plus prélevés dans le Loiret chaque année. Mais la démarche doit être structurée : identifier et rassembler les intervenants prêts à s’engager sur l’usage d’ENC, étudier en amont des projets la possibilité d’y recourir, établir un modèle économique et impliquer l’ensemble des services concernés, en dialoguant avec les services de l’État.

Le Cerema insiste sur la nécessité d’une dynamique sur le territoire. Il s’agit notamment de fédérer un réseau d’intervenants, pour intégrer la gestion de l’eau dans les documents d’urbanisme et les projets d’aménagement – en concevant par exemple des formes urbaines moins consommatrices d’eau. Repenser la tarification ou instaurer des incitations financières peut renforcer les pratiques vertueuses ou l’adoption d’équipements économes en eau. Comme à Brive-la-Gaillarde (Corrèze, 48 communes, 111 380 habitants) où l’agglo a adopté une tarification avec bonus/malus en fonction d’objectifs déclarés par les usagers. Enfin, il convient d’évaluer régulièrement les actions et d’informer les citoyens des progrès réalisés, pour adapter les mesures si nécessaire et, le cas échéant, en prévoir de nouvelles.

Marie Gasnier

* Économies d’eau, chaque goutte compte, sur la sobriété hydrique dans les territoires.

Le Cerema aide les collectivités à construire une vision de l’avenir de leur territoire, en intégrant l’eau, les risques, les mobilités, les infrastructures… Avec la plateforme numérique Strateau, elles peuvent identifier les scénarios possibles d’adaptation de la gestion de l’eau.

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