Le moral toujours en berne des personnels de l’Éducation nationale

Publié le 12 février 2024 à 8h45 - par

Le ministère de l’Éducation nationale vient de publier la 2e édition du Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale.

Le moral toujours en berne des personnels de l'Éducation nationale
© Par Daniel - stock.adobe.com

Au printemps 2023, les personnels de l’Éducation nationale exerçant en école ou en établissement scolaire ont répondu à la deuxième édition du Baromètre du bien-être au travail. 71 000 personnels ont répondu à l’enquête : enseignants, personnels de direction, personnels administratifs, conseillers principaux d’éducation (CPE), assistants sociaux, psychologues, infirmiers, médecins scolaires et, pour la première fois, accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Résultat : un an après la première édition, leurs déclarations varient peu, rapporte une récente note d’information de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale (n° 24.03 – Janvier 2024).

S’ils sont proches de la moyenne des Français concernant la satisfaction de la vie menée actuellement et le sentiment que leur vie est porteuse de sens, les personnels de l’Éducation nationale évaluent toujours leur satisfaction professionnelle à un niveau plus faible que les Français en emploi (5,9 contre 7,1 sur 10). Cet indice général s’est très légèrement dégradé par rapport à l’an dernier (6 sur 10 en 2022). Les moins satisfaits sont les enseignants remplaçants, les médecins scolaires, les enseignants et les personnels administratifs de catégorie A du second degré. À l’opposé, les directeurs d’école totalement déchargés, les CPE, les personnels administratifs de catégorie B ou C et les infirmiers scolaires se démarquent par une satisfaction de leur travail plus élevée que la moyenne.

« Diriez-vous que vos conditions de travail sont satisfaisantes ? » En réponse à cette question, les personnels de l’Éducation nationale attribuent la note de 4,8 sur 10 en moyenne. Les perspectives de carrière (2,9 sur 10) et le niveau de rémunération (3,3 sur 10) constituent leurs principales sources d’insatisfaction. S’agissant du niveau de rémunération, ils/elles sont 57 % à donner une note comprise entre 0 et 3 sur 10. De fait, le pouvoir d’achat est le domaine désigné dans la plus large proportion comme nécessitant d’être amélioré : 58 % des personnels le choisissent sur une liste de 13 items comme l’un des trois domaines d’amélioration prioritaires selon eux.

Autre récrimination : les personnels de l’Éducation nationale estiment de manière générale avoir une charge de travail excessive et se sentir épuisés. Sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (tout à fait), ils déclarent avoir l’impression que leur charge de travail est trop importante au niveau de 7,4 sur 10 et sont 56 % à attribuer des notes élevées, entre 8 et 10. Les personnels sont ainsi presque la moitié (49 %) à citer la charge de travail comme un axe d’amélioration prioritaire. C’est le deuxième domaine le plus cité après le pouvoir d’achat.

La satisfaction vis-à-vis de l’équilibre entre le temps consacré aux proches et le temps consacré au travail est évaluée par les personnels de l’Éducation nationale au niveau de 5,3 sur 10. Cette note est en légère baisse par rapport à celle attribuée lors de la première édition de l’enquête (5,7 sur 10 au printemps 2022) et creuse l’écart avec l’ensemble des Français en emploi (6 sur 10 en juin 2023).

Pour autant, les personnels de l’Éducation nationale aiment, de manière générale, exercer dans leur école ou établissement : la satisfaction s’élève en moyenne à 7 sur 10. Le sentiment de sécurité dans et aux abords de l’établissement est estimé à 7,9 sur 10. Ces déclarations au printemps 2023 sont équivalentes à celles de l’édition 2022 de l’enquête. Les personnels apprécient également leurs relations de travail. Le sentiment d’être respecté par les élèves est évalué à un niveau élevé (7,3 sur 10), comme le sentiment d’avoir le soutien de ses collègues en cas de problème (7,7 sur 10).

Toutefois, si le pouvoir d’achat et la charge de travail sont les domaines les plus cités par les personnels de l’Éducation nationale comme nécessitant d’être améliorés pour l’exercice du métier, l’aménagement de fin de carrière apparaît comme un axe d’amélioration prioritaire pour 35 % d’entre eux. Cette déclaration prend de l’ampleur avec l’augmentation de l’ancienneté professionnelle. En effet, cet axe d’amélioration est désigné par plus de 60 % des personnels qui exercent depuis au moins 25 ans à l’éducation nationale. Le besoin d’aménager son emploi du temps à l’approche de la retraite est estimé par les personnels à 8,7 sur 10, le désir de partir le plus tôt possible à 7,3 sur 10, au même niveau que le désir de cesser d’enseigner tout en continuant à travailler à l’Éducation nationale. La moitié des personnels de l’Éducation nationale indiquent qu’ils ne se sentent pas capables de faire le même travail qu’actuellement jusqu’à leur retraite, notamment les enseignants du premier degré (58 %). Par comparaison, d’après l’enquête Conditions de travail 2019 de la DARES, seuls 37 % des salariés en France jugent ne pas être capables d’exercer le même travail jusqu’à leur retraite.


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