Émeutes : la population appelée à se rassembler devant les mairies, une accalmie se dessine

Publié le 3 juillet 2023 à 10h00 - par

Les maires de France ont appelé population et élus à se rassembler lundi 3 juillet 2023 à midi devant toutes les mairies invoquant « une mobilisation civique » après la violente attaque contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) qui a suscité une vague d’indignation à travers le pays.

Émeutes : la population appelée à se rassembler devant les mairies, une accalmie se dessine
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Toutes les mairies de France feront sonner leurs sirènes à 12h00 à l’occasion de ces rassemblements, a annoncé dimanche 2 juillet 2023 le président de l’Association des Maires de France (AMF), David Lisnard.

Dans un communiqué appelant dimanche à « une mobilisation civique des citoyens pour un retour à l’ordre républicain », l’AMF souligne que « depuis mardi 27 juin, les communes sont partout en France le théâtre de troubles graves, qui ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales ».

Le choc causé par la violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile de Vincent Jeanbrun, maire LR de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a provoqué une vive émotion dans le pays, où un retour au calme s’est toutefois esquissé dans la nuit de dimanche à lundi 3 juillet après cinq nuits d’émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier.

À 1h30, les forces de l’ordre avaient procédé à 78 interpellations sur le territoire national (contre plus de 400 la nuit précédente), selon le ministère de l’Intérieur, et aucun incident majeur n’était signalé. À Paris et dans sa proche banlieue, 20 personnes avaient été interpellées à 1h00 (23h00 GMT), d’après la préfecture de police.

Après l’attaque contre la maison de Vincent Jeanbrun, la Première ministre Élisabeth Borne a assuré aux maires, que le Gouvernement ne « laisserait passer aucune violence » et que « la plus grande fermeté » serait appliquée dans les sanctions.

Emmanuel Macron doit quant à lui recevoir les présidents des deux assemblées également lundi, puis mardi 4 juillet les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences. Il a aussi demandé à Élisabeth Borne de rencontrer les présidents des groupes parlementaires lundi 3 juillet.

Le chef de l’État souhaite, en outre, « débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements », selon l’Élysée.

En cinq nuits d’émeutes jusqu’à dimanche matin, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé quelque 5 000 véhicules incendiés, près de 1 000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés…

 « Confiance en la justice »

Après ce déferlement de violences soudain sur un large territoire, les appels au calme commenceraient-ils à porter ? Dimanche après-midi, la grand-mère de l’adolescent tué mardi dernier à Nanterre, à l’Ouest de Paris, lors d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer a lancé un message aux émeutiers.

« Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus », a exhorté Nadia sur BFMTV.

« Fatiguée », « dévastée », elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste « comme tout le monde », en assurant avoir « confiance en la justice ».

Quelques heures plus tôt, plusieurs responsables politiques ont craint qu’« un cap » ait été « franchi » lors de l’agression qui a visé le premier magistrat de L’Haÿ-les-Roses, dimanche vers 1h30 (23h30 GMT), quand une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l’enceinte de son domicile alors qu’il se trouvait dans sa mairie.

Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat ».

En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l’épouse du maire Vincent Jeanbrun, Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s’est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée.

« Il n’y a aucun doute sur le fait qu’ils voulaient brûler la maison » et, quand « ils ont compris qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur, loin d’arrêter au contraire, ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d’artifice qui était complètement folle », a témoigné Vincent Jeanbrun sur TF1.

« Jamais je n’aurais imaginé qu’on menace ma famille de mort », s’est-il indigné, appelant à « un sursaut républicain ».

Au sud de Lyon (Rhône), dans la petite ville de Charly, un dispositif destiné « sans ambiguïté » à provoquer un feu avait été retrouvé dimanche matin au domicile du maire, ont indiqué ses services.

Dispositif reconduit

Pour la troisième nuit consécutive, un dispositif massif a été maintenu sur le territoire, avec 45 000 gendarmes et policiers mobilisés.

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort du jeune Nahel, à Nanterre, ont choqué jusqu’au sommet de l’État, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.

Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre les violences policières ou l’État ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police. En trois semaines, 10 000 véhicules avaient été détruits, plus de 200 bâtiments publics incendiés et quelque 5 200 personnes interpellées.

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