Des difficultés de recrutement accrues d’ici 2030 dans les régions de l’Ouest et du Sud

Publié le 2 février 2023 à 11h00 - par

Une récente étude de la DARES et de France Stratégie esquisse les perspectives de recrutement en région à l’horizon 2030.

Des difficultés de recrutement accrues d'ici 2030 dans les régions de l'Ouest et du Sud

760 000 postes seront à pourvoir chaque année jusqu’en 2030. Combien dans votre région ? La DARES et France Stratégie ont publié, fin janvier, une étude intitulée : « Les métiers en 2030 : quelles perspectives de recrutement en région ? ». Celle-ci dessine une carte où se côtoient des régions, situées au Centre et au Nord-Est, qui devraient connaître moins de difficultés de recrutement, et d’autres, allant de la façade atlantique jusqu’au bassin méditerranéen, dont le déficit potentiel de main-d’œuvre serait à l’inverse accentué du fait de leurs spécificités économique et démographique.

La cartographie des tensions de recrutement

Au niveau national, 5 % des besoins de recrutement ne seraient pas spontanément pourvus par les jeunes débutant sur le marché du travail à l’horizon de 2030. Qu’en est-il au niveau régional ? Une chose est certaine : les besoins de recrutement restent alimentés, quelle que soit la région, par les départs en fin de carrière. Ces taux de départ seraient assez homogènes entre les régions, s’étageant de 26 % à 31 % de l’emploi régional. En revanche, le niveau des postes potentiellement non pourvus diverge selon les régions. En cause, un dynamisme régional et une attractivité pour les jeunes et les travailleurs en provenance d’autres régions très différenciés territorialement.

Il ressort de ces différents facteurs les prévisions suivantes, établies par la DARES et France Stratégie :

  • D’un côté, les régions de l’Ouest et du Sud sont dynamiques en termes d’emploi et attractives pour les professionnels venant d’autres aires géographiques, mais moins de jeunes y débutent en emploi qu’en moyenne nationale : les tensions sur les recrutements pourraient y progresser.
  • De l’autre, les régions intérieures, moins densément peuplées, ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France ont des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emploi plus faibles que la moyenne nationale.
  • Enfin, l’Île-de-France se singularise par une très forte attractivité pour les jeunes, mais aussi par des départs nombreux de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.

En conséquence, les difficultés de recrutement, déjà fortes, seraient accrues d’ici 2030 en Occitanie, Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ces régions, entre 6 % et 9 % des postes à pourvoir d’ici 2030 ne seraient pas comblés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants. À l’inverse, les régions Île-de-France, Normandie, Grand Est, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire connaîtraient un déséquilibre potentiel inférieur à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2 % et 3 % des postes à pourvoir d’ici 2030 ne seraient pas occupés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants dans les régions du Centre-Ouest et du Nord-Est de la France. L’Île-de-France est un cas particulier. Si le déséquilibre anticipé y est comparable à celui observé sur le territoire national – autour de 5 % -, la structure de ses flux d’offre et de demande la rend spécifique sur plusieurs points. De fait, l’Île-de-France resterait moins attractive pour les actifs déjà en poste, mais très prisée des jeunes.

Des disparités régionales selon les métiers

À l’horizon de 2030, toutes les régions présenteraient un déséquilibre positif traduisant donc un déficit potentiel de main-d’œuvre. Pour certains métiers, ce  déséquilibre serait élevé partout sur le territoire, alors que pour d’autres il serait différent d’une région à l’autre. Ces disparités territoriales selon les métiers tiennent surtout à des dynamiques d’emploi hétérogènes et à des spécificités de la structure d’emploi au niveau local, expliquent la DARES et France Stratégie.

A l’instar des agents d’entretien et des employés de maison, les aides à domicile figurent parmi les métiers pour lesquels le déficit potentiel de main-d’œuvre serait élevé dans l’ensemble des régions. D’ici 2030, les postes non pourvus par les jeunes débutants et les travailleurs en provenance d’autres régions représenteraient entre un quart et la moitié des emplois actuels de ce métier, contre 5 % en moyenne pour l’ensemble des métiers ! Ces déséquilibres élevés s’expliquent surtout par les nombreux départs en fin de carrière et la faible attractivité de ce métier pour les jeunes débutants, commentent les auteurs de l’étude. Dans certaines régions – Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays de la Loire -, ces déficits de main-d’œuvre seraient renforcés par la très forte dynamique des créations d’emplois. Celles-ci sont à mettre en lien avec le vieillissement démographique qui affectera tous les territoires dans les décennies à venir.

A contrario, chez les personnels d’études et de recherche, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie et les ingénieurs en informatique, l’écart anticipé entre besoins de recrutement et ressources en main-d’œuvre ne serait pas de même ampleur d’une région à l’autre. Dans le cas des ingénieurs en informatique, le déséquilibre serait particulièrement marqué le long de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine) et au Sud-Ouest (Occitanie). Dans ces territoires, les besoins non couverts à l’horizon de 2030 représenteraient entre un cinquième et un tiers des emplois actuels de ce métier. Et ce, malgré l’attractivité de ces régions pour les professionnels en provenance d’autres territoires.

D’autres métiers présentent une forte hétérogénéité liée à des spécificités régionales. C’est notamment le cas des maraîchers, jardiniers, viticulteurs, dont les déséquilibres seraient élevés (entre 12 % et 17 % de l’emploi) dans les deux premières régions agricoles de France, la  Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne, mais également dans les régions viticoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est (Champagne), prévient l’étude. C’est également le cas des techniciens de la maintenance, majoritairement recrutés dans l’industrie et le commerce. En Corse, en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, l’emploi de ces techniciens serait particulièrement dynamique, en raison de la prépondérance du commerce, pour la Corse, et du dynamisme de l’industrie, pour les trois autres régions. Les postes non pourvus par les jeunes débutants et les arrivées nettes dans la région représenteraient entre 9 % et 23 % de l’emploi. Dans les autres régions, les écarts entre besoins et viviers de recrutement seraient plus faibles, voire négatifs en Hauts-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France.


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