Attractivité des métiers publics : les bonnes questions à se poser

Publié le 5 avril 2022 à 13h30 - par

Quelle est la capacité des collectivités à se remettre en question ? À travers six questions fondamentales, le Cercle des acteurs territoriaux tente d’apporter des réponses sur la façon d’améliorer l’action publique. À commencer par mieux attirer les jeunes sur les métiers territoriaux.

Attractivité des métiers publics : les bonnes questions à se poser

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Les organisations publiques ont tendance à se poser d’abord les questions qu’elles savent résoudre, au risque d’investir dans des solutions connues et pas forcément adaptées, constate Hugues Périnel, fondateur et animateur du Cercle des acteurs territoriaux. Dans le livre blanc « Action publique durable et responsable, se poser les bonnes questions ! », le Cercle fournit aux collectivités des pistes de remise en question à travers six axes propices à modifier la réflexion sur l’action publique.

Le livre blanc étudie notamment le manque d’attractivité des métiers publics et les moyens de recruter des jeunes talents, à travers la question suivante : « la fonction publique a-t-elle la main sur son propre récit ? » Plutôt que de se conformer à une image datée du fonctionnaire, mieux vaut mettre en avant la variété des métiers du service public – plus de 200 – et les voies pour y accéder, dans une langue accessible, afin de donner envie aux nouvelles générations d’y participer. En d’autres termes, il faudrait traiter des métiers plutôt que des grades… Il conviendrait aussi de communiquer sur l’action publique, en proposant par exemple une journée sans services publics sur un territoire, en analysant les conséquences sur les acteurs publics et privés. Objectifs : « rendre visible ce qui ne l’est pas » comme la préservation et l’entretien de l’espace public. Car, « une mission qui concourt davantage à la recherche d’une efficacité sociale qu’à une performance économique est, par essence, difficilement mesurable ». De même, les élus devraient témoigner davantage de reconnaissance aux agents qui, à l’extérieur, entendent souvent dévaloriser le service public par les discours dominants.

Par ailleurs, « il faut savoir discerner ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas », estiment les membres du Cercle des acteurs territoriaux. Ainsi, les organismes publics devraient s’attacher à moins disserter sur la nature du service public qu’à intervenir sur la manière dont ils l’exercent : travailler sur le management des équipes, l’allocation de ressources et l’efficacité. « La question est de savoir comment, dans un secteur non-marchand, contribuer à la création de richesses », précisent-ils. C’est-à-dire, expliquer aux équipes en quoi elles créent de la richesse, à quoi elles servent, écouter leurs observations, leur donner la possibilité d’expérimenter certaines de leurs propositions ; autant de moyens de redonner du sens à leur travail et de donner envie à de nouveaux talents de les rejoindre. Bien que cela convienne à certains, il faudrait sortir de la logique selon laquelle « l’administration n’est là que pour appliquer les décisions » et montrer aux élus qui décident que l’on peut faire autrement ; les élus des plus petites collectivités pourraient éventuellement être formés au management.

Il conviendrait également de rendre les organisations publiques et leur fonctionnement plus intelligibles : nécessité de répondre à des logiques politique, économique, sociale, environnementale ; processus matriciel avec les élus d’un côté et l’administration de l’autre… Or, ce fonctionnement paraît souvent inefficace et fait l’objet d’une confusion entre manque de spécialisation et manque de compétence. « Il faut assumer ces différences, les remettre à leur juste valeur et communiquer sur elles. Il faudrait aussi améliorer les voies d’accès aux métiers de la fonction publique, à commencer par une exigence accrue de culture générale et une adaptation aux réalités des nouvelles générations dans le contenu des concours et dans les jurys. Entre l’identification du besoin et la rencontre avec un candidat, le temps du recrutement peut durer plusieurs mois ; il ne faut donc pas s’étonner s’il rejoint un employeur plus réactif. De plus, la qualité de l’accueil qui leur est réservé peut décevoir de jeunes collègues dans les collectivités. Autant de sujets sur lesquels le service public peut agir…

Non sans humour, le Cercle des acteurs territoriaux constate : « pour conclure sur notre propre récit, observons que la plupart des héros de nombreuses séries télévisées, policiers, médecins, pompiers, infirmiers, magistrats… sont des acteurs publics ».

Martine Courgnaud – Del Ry

Source : Action publique durable et responsable : se poser les bonnes questions !, Le Cercle des acteurs territoriaux, mars 2022


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