Avec la « Boucle locale », la start-up My Energy Manager (MyEM) propose aux collectivités de mutualiser la fourniture et la gestion de l’énergie sur leur territoire. Les habitants peuvent ainsi bénéficier de tarifs négociés et groupés, auprès d’un fournisseur d’énergie sélectionné par MyEM. Ils peuvent également contrôler et maîtriser leur consommation grâce à un affichage déporté du compteur Linky, avec le nrLINK (certifié par Enedis). Il suffit de brancher un boîtier à l’emplacement prévu sur le compteur ; ce capteur récupère les données de Linky et les communique à un petit écran mobile par la technologie radio sans fil Zigbee. La consommation s’affiche en temps réel (en euros ou en kilowatts/heure), alors que sur Linky, les données apparaissent avec un délai d’environ douze heures. Il est ainsi très facile de vérifier l’énergie consommée par un appareil, puisque l’écran fonctionne dès que l’utilisateur allume un équipement électrique. L’accès à l’espace sécurisé d’un serveur web, personnalisé aux couleurs de la commune, facilite le suivi précis de la consommation (jour, semaine, mois) et les comparaisons entre périodes. L’utilisateur peut aussi se fixer un budget à ne pas dépasser. Huit millions de foyers anglais sont déjà équipés de ce dispositif.
« Le premier objectif est de permettre aux administrés de faire des économies d’énergie. On économise entre 10 et 25 % sur la facture d’électricité à partir du moment où on installe le capteur. Mais les collectivités peuvent aussi utiliser la solution pour leurs propres bâtiments », explique le directeur général Antony Parsons, cofondateur de MyEM qui a effectué une grande partie de sa carrière à EDF. Le nrLINK alerte également les utilisateurs sur des anomalies de consommation et les aide à détecter des installations énergivores ou défectueuses, ou encore à établir le coût des appareils laissés en veille.
La Boucle locale s’adresse aux petites et moyennes collectivités. Une fois la décision prise par l’organe délibérant, un appel d’offres est lancé. MyEM aide la commune à définir le cahier des charges et à choisir parmi cinq ou six fournisseurs celui qui est le plus adapté au contexte local. Aucune installation technique n’est requise. Le coût, entre quelques milliers d’euros et 15 000 euros environ, dépend de la complexité du projet et de l’achat du nrLINK : par la collectivité elle-même, qui peut notamment aider les gens en situation de précarité, ou par les particuliers (139 euros). « Mais un montage financier peut rendre le coût neutre pour la collectivité », précise Antony Parsons.
Les énergies renouvelables peuvent être connectées à la Boucle locale. Ainsi, la commune de Faverges-Seythenex (Haute-Savoie, 7 800 habitants), qui dispose d’une centrale solaire, assure la traçabilité de cette énergie verte consommée par les habitants. La communauté de communes de Saône-Beaujolais (Rhône, 35 communes, 45 600 habitants) distribuera dès janvier 2023 un capteur nrLINK à tous ses administrés, qui pourront accéder à un contrat d’énergie à un prix attractif ; elle connectera dans un second temps l’énergie produite par les panneaux photovoltaïques à sa boucle locale.
Selon Antony Parsons, « la collectivité joue en quelque sorte le rôle d’un tiers de confiance local et se porte garante du service d’énergie pour ses administrés ». Il précise en outre que le gain de pouvoir d’achat qui en résulte contribue souvent à des dépenses dans les restaurants et commerces locaux, favorisant le dynamisme économique du territoire. En créant une communauté locale énergétique, les collectivités pourront aussi développer d’autres services, comme l’isolation thermique via des artisans locaux.
Marie Gasnier
