France : le déficit public grimpe à 5,5% du PIB en 2023, la dette s’établit à 110,6%

Publié le 26 mars 2024 à 11h00 - par

Le déficit public de la France a atteint 5,5 % du PIB en 2023, à 154,0 milliards d’euros, a dévoilé mardi 26 mars 2024 l’Insee, soit bien plus que les 4,8 % de déficit réalisés en 2022 et que les 4,9 % initialement prévus par le gouvernement pour 2023.

France : le déficit public grimpe à 5,5% du PIB en 2023, la dette s'établit à 110,6%
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Ce dérapage s’explique notamment par des recettes qui « ralentissent nettement en 2023 », en progression de 2,0 % contre + 7,4 % en 2022, expose l’Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.

Elles ont été « pénalisées par le ralentissement de l’économie, des mesures nouvelles sur les prélèvements obligatoires, et un recul des transferts reçus », précise l’institution, évoquant des impôts « quasi à l’arrêt », augmentant « seulement de 0,3 % (+ 2,8 milliards d’euros) après + 7,9 % en 2022 ». Les recettes de TVA, notamment, « ralentissent nettement à + 2,8 % après + 7,6 % ».

Les dépenses ont elles aussi « un peu » ralenti : « elles augmentent de 3,7 % après + 4,0 % en 2022 », indique l’Insee. « En proportion du PIB, les dépenses continuent de reculer et s’établissent à 57,3 % du PIB après 58,8 % en 2022 », précise-t-il, mais elles restent cependant « sensiblement supérieures à l’avant Covid (55,2 % du PIB en 2019) ».

Les dépenses de fonctionnement (+ 6,0 %) et les prestations sociales « accélèrent » (+ 3,3 %, après + 1,2 % en 2022), portées « par la revalorisation des prestations indexées sur l’inflation », indique l’institution.

« Les rémunérations versées accélèrent également : + 4,6 % après + 4,4 %, avec l’effet en année pleine de la revalorisation indiciaire de juillet 2022, la revalorisation de juillet 2023, et un emploi public plus dynamique que les années précédentes », est-il précisé.

Le chiffre de l’Insee sur le déficit était particulièrement attendu car chaque décimale compte pour les finances publiques. « Pour faire simple, chaque 0,1 point » de PIB de déficit supplémentaire en 2023 « représente environ 3 milliards » d’euros manquant dans les caisses de l’État, a expliqué à l’AFP l’économiste Mathieu Plane.

Le gouvernement avait prévenu début mars que le déficit serait « significativement » plus élevé que les 4,9 % initialement prévus et les spéculations allaient bon train depuis une semaine sur le chiffre exact, depuis notamment l’évocation par la presse d’un déficit à 5,6 % du PIB.

La dette publique française atteint elle 110,6 % du PIB fin 2023, a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques. C’est moins qu’en 2022, où elle s’affichait à 111,9 %, mais presque un point de pourcentage au dessus de la prévision du gouvernement (109,7 %).

Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a regretté mardi 26 mars un dérapage « important » et « très, très rare » du déficit. « La politique du gouvernement est en situation d’échec », a estimé le rapporteur du Budget au Sénat, Jean-François Husson (LR), pour qui le ministre de l’Économie et des Finances « Bruno Le Maire est discrédité et décrédibilisé ». « C’est un effondrement de l’autorité de la France en Europe », a-t-il jugé, alors que le pays, troisième plus endetté de la zone euro, a promis à ses partenaires européens de faire passer son déficit sous les 3 % de PIB en 2027.

Dix milliards d’euros de coupes ont été actées mi-février sur le budget de l’État 2024. Des économies supplémentaires dès cette année seront nécessaires, a prévenu M. Le Maire, se refusant pour le moment à donner une estimation. Mais au-delà, c’est surtout dans le budget 2025 que des efforts seront réalisés. Mi-mars, M. Cazenave avait estimé qu’il faudrait trouver « au moins 20 milliards » d’euros d’économies pour 2025.

Le gouvernement a demandé une revue des dépenses de l’État, mais aussi de l’Assurance maladie et des collectivités locales, avec un but : « abandonner avec fermeté toutes les dépenses publiques qui ne donnent pas les résultats attendus », selon M. Le Maire, qui a cité notamment l’indemnité journalière d’arrêt maladie.

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