La réforme de la DGF intercommunale est-elle inconstitutionnelle ?

Publié le 31 août 2020 à 7h00, mis à jour le 31 août 2020 à 7h00 - par

La loi du 28 dĂ©cembre 2018 de finances pour 2019 prĂ©voit que la mĂ©thode de calcul relative Ă  la rĂ©partition de la DGF intercommunale de l’article L. 5211-28 du CGCT, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  2018, soit reconduite chaque annĂ©e. Une disposition, qui pourrait mĂ©connaĂ®tre les principes constitutionnels, selon la communautĂ© de communes Chinon Vienne et Loire qui a dĂ©posĂ© une question prioritaire de constitutionnalitĂ© auprès du Conseil d’État.

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MĂ©connaissance du principe de libre administration des collectivitĂ©s territoriales, rupture du principe d’Ă©galitĂ© devant la loi et de celui d’Ă©galitĂ© devant les charges publiques : il se pourrait que le calcul de la dotation globale de fonctionnement (DGF) des intercommunalitĂ©s, liĂ©e Ă  la loi du 28 dĂ©cembre 2018 de finances pour 2019, ne soit pas conforme à la Constitution.

En effet, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure Ă  la loi de finances, l’article L. 5211-28 du CGCT (troisième alinĂ©a) prĂ©voyait une minoration, à compter de 2014, de la dotation rĂ©partie chaque annĂ©e entre les intercommunalitĂ©s, en tenant compte de leurs recettes rĂ©elles de fonctionnement constatĂ©es au 1er janvier de l’annĂ©e de rĂ©partition dans les derniers comptes de gestion disponible. Au cas où cette minoration excède le montant perçu au titre de la dotation de l’annĂ©e de rĂ©partition, la diffĂ©rence doit ĂŞtre « prĂ©levĂ©e sur les compensations mentionnĂ©es au III de l’article 37 de la loi n° 2013-1278 du 29 dĂ©cembre 2013 de finances pour 2014 », prĂ©cisait l’article L. 5211-28 du CGCT.

Or, l’article 250 de la loi de finances pour 2019 a prĂ©vu de reconduire chaque annĂ©e, à compter de 2019, le prĂ©lèvement opĂ©rĂ© en 2018 en application de l’article L. 5211-28 du CGCT, dans sa rĂ©daction antĂ©rieure. En cas de diffĂ©rence, pour un EPCI, entre le pĂ©rimètre constatĂ© au 1er janvier de chaque annĂ©e et celui existant au 1er janvier de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, le prĂ©lèvement doit alors ĂŞtre recalculé : la part du prĂ©lèvement de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente affĂ©rente à chaque commune membre de la structure intercommunale au 1er janvier de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente est calculĂ©e par rĂ©partition du montant du prĂ©lèvement au prorata de sa population dans celle de l’EPCI ; les parts de chacune des communes que regroupe l’EPCI au 1er janvier de l’annĂ©e en cours sont ensuite additionnĂ©es.

La communautĂ© de communes (CC) Chinon Vienne et Loire, qui conteste la conformitĂ© à la Constitution de cette reconduction annuelle du prĂ©lèvement selon la mĂ©thode de calcul de l’article L. 5211-28 du CGCT dans sa rĂ©daction antĂ©rieure, a dĂ©posĂ© une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) auprès du Conseil d’État. La QPC concerne uniquement l’article 250 de la loi de finances pour 2019 et non l’article L. 5211-28 du CGCT.

Tout d’abord, la CC demande l’annulation (recours pour excès de pouvoir) de l’arrĂŞtĂ© du 9 octobre 2019 de la ministre de la CohĂ©sion des territoires et des relations avec les collectivitĂ©s territoriales et du ministre de l’Action et des comptes publics qui fixe pour elle le montant prĂ©levĂ© sur le produit de la fiscalitĂ© à 791 992 euros.

Par ailleurs, la CC entend faire dĂ©clarer inconstitutionnel l’article 250 de la loi du 28 dĂ©cembre 2018 de finances pour 2019. En effet, les dispositions antĂ©rieures du troisième alinĂ©a de l’article L. 5211-28 n’ont pas Ă©tĂ© reprises dans la nouvelle rĂ©daction de cet article dans le cadre d’une rĂ©forme globale de la dotation d’intercommunalitĂ©. Pour les EPCI jusqu’alors soumis à un prĂ©lèvement sur le produit de la fiscalitĂ© en application de ces dispositions, le II de l’article 250 de la loi de finances pour 2019 a toutefois pour objet de reconduire chaque annĂ©e ce prĂ©lèvement à hauteur du montant calculĂ© pour l’annĂ©e 2018, ce montant ne pouvant ĂŞtre ajustĂ© qu’en cas de modification du pĂ©rimètre de l’EPCI concernĂ©. « Dans ces conditions, en soutenant notamment que les dispositions du II de l’article 250 mĂ©connaissent le principe d’Ă©galitĂ© devant les charges publiques, la communautĂ© de communes Chinon Vienne et Loire soulève une question qui prĂ©sente un caractère sĂ©rieux », note le Conseil d’État dans sa dĂ©cision du 29 juillet 2020.

Ces dispositions n’ayant pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© « dĂ©clarĂ©es conformes à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une dĂ©cision du Conseil constitutionnel », le Conseil d’État renvoie au Conseil constitutionnel la question de la conformitĂ© à la Constitution du II de l’article 250 de la loi n° 2018-1317 du 28 dĂ©cembre 2018 de finances pour 2019.

Marie Gasnier


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