Élections à l’hôpital : après le Ségur, l’heure des comptes pour les syndicats

Publié le 29 novembre 2022 à 7h55 - par

Deux ans après le « Ségur de la santé » et ses milliards d’euros de hausses de salaires, les syndicats hospitaliers qui ont signé cet accord comme ceux qui l’ont contesté espèrent que leur choix sera payant aux élections, qui débutent jeudi 1er décembre 2022.

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À qui profitera le Ségur ? Les 1,2 million d’agents – titulaires et contractuels – de la fonction publique hospitalière sont appelés à choisir leurs représentants syndicaux aux élections professionnelles organisées du 1er au 8 décembre 2022.

L’échéance est cruciale pour les syndicats, divisés en deux camps depuis l’été 2020, lorsque trois organisations (FO, CFDT, Unsa) ont topé avec le Gouvernement. À la clé, notamment, plus de 10 milliards d’euros annuels de revalorisations pérennes pour l’ensemble des personnels du secteur.

Un accord « historique », qui « reste l’élément majeur de notre bilan » et « la pierre angulaire de notre campagne », assume Didier Birig. Le leader de FO-Santé, qui a ravi la deuxième place à la CFDT avec près de 25 % des voix il y a quatre ans, entend bien « maintenir » cette position et la conforter pour « talonner plus sérieusement la CGT » – solide première avec plus de 31 % des suffrages au dernier scrutin.

Pour combler l’écart, il insiste désormais sur « les conditions de travail, qui sont la deuxième jambe du Ségur », et revendique des « effectifs minimum » dans les services, avec des ratios de soignants par malade.

Même combat pour son homologue de la CFDT-Santé, Évelyne Rescanières, pour qui « il y a encore du grain à moudre » dans le Ségur, en particulier sur « les indemnités de nuit ».

« Nous avons un bilan, nous le défendons, mais ce n’est pas fini », affirme-t-elle, affichant son ambition de « repasser deuxième » dans les urnes. Ce qui supposera de faire mieux que les 24 % recueillis en 2018. Quitte à défendre « la politique des petits pas » à l’opposé d’autres syndicats aux yeux de qui, selon elle, « parce que tout le monde n’a pas, personne ne devrait avoir ».

Inquiétudes sur l’abstention

Petit tacle glissé à la CGT-Santé, qui avait refusé de parapher le Ségur, que sa secrétaire générale Mireille Stivala qualifie encore de « protocole très insuffisant ».

« On est passé à autre chose », assure-t-elle aujourd’hui. Ce qui ne l’empêche pas de revendiquer sa part de ce « fruit de la lutte et de la mobilisation », dont elle demeure le fer de lance.

Mais ses journées d’action à répétition sont loin de faire le plein, malgré le contexte de crise permanente qui mine l’hôpital. Signe d’une probable résignation des troupes, principal danger identifié par celle qui « veut rester la première organisation ».

Mme Stivala ne cache d’ailleurs pas être « inquiète du taux de participation », déjà tombé à 44 % aux dernières élections. Comme d’autres syndicats, elle craint un nouveau recul à cause du recours croissant au vote électronique, entaché selon elle de « dysfonctionnements ».

« Ce sera forcément un frein », estime aussi Jean-Marc Devauchelle, numéro un de SUD-Santé. Désireux de « construire un rapport de force » avec l’exécutif, il entend capitaliser sur une « frustration du Ségur encore palpable » pour dépasser ses 8 % actuels.

Juste derrière, l’Unsa-Santé, « plus petit des gros syndicats » hospitaliers avec un peu plus de 5 %, « table bien sûr sur le Ségur » pour continuer de progresser, explique son chef Yann Le Baron.

Quel que soit le verdict des urnes, le résultat ne soldera en tout cas pas le contentieux entre les deux camps. « On travaille avec ceux qui veulent travailler avec nous », dit ainsi la CFDT, quand FO déplore que ses « bouées lancées » à la CGT aient « toujours reçu une fin de non-recevoir ».

« On a continué à mobiliser, ce sont les autres qui ont arrêté de venir », réplique la CGT, qui juge toutefois que « ce n’est pas une rupture totale », à condition que chacun soit prêt à aller « jusqu’au bout des revendications ». Peine perdue pour SUD, qui considère qu’avec les signataires du Ségur, « l’unité syndicale n’existe plus ».

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