Les fonctionnaires changent quatre fois moins souvent de métier

Publié le 27 novembre 2018 à 9h00 - par

Une étude de Dares analyses de novembre 2018 indique qu’entre 2010 et 2015, 22 % des personnes en emploi ont changé de métier. Toutefois dans les domaines professionnels où l’accès est réglementé ou se fait par concours, la mobilité est plus limitée.

Les fonctionnaires changent quatre fois moins souvent de métier

Pour tout comprendre

L’étude Dares précise que « l’accès par concours, en particulier pour les enseignants, les cadres de la fonction publique et les policiers, militaires et pompiers professionnels, et la part élevée de fonctionnaires contribuent à la faible mobilité d’emploi et de métier » de ces professions. Elle souligne également que parmi les salariés, les fonctionnaires changent quatre fois moins souvent de métier. Ainsi, parmi les personnes qui étaient fonctionnaires en 2010, 9 % d’entre-elles avaient un métier différent en 2015 de celui qu’elles exerçaient en 2010 et 6 % de ces personnes exercent leur nouveau métier dans un autre domaine professionnel.

Les principales raisons de la mobilité professionnelle

La mobilité professionnelle prend des formes très variées. Elle peut intervenir en interne à l’administration ou en changeant d’employeur, conduire à rester ou non dans le même domaine professionnel, se traduire par une promotion ou inversement un déclassement. Au total, « 22 % des personnes âgées de 20 à 50 ans en 2010, qui sont en emploi en 2010 et en 2015, ont changé de métier entre ces deux dates et 16 % ont changé de domaine professionnel ».

Recherche de conciliation entre vie familiale et professionnelle, aspiration à de meilleures conditions de travail ou de rémunération, étape d’une carrière, reconversion après une période de chômage ou d’inactivité, ou encore suite à un déménagement sont autant de motivations potentielles pour changer de métier. Les changements de métier sont plus fréquents en début de carrière. Ils sont plus fréquents chez les jeunes que chez les plus âgés. Les personnes âgées de 20 à 29 ans en 2010 ont changé de métier deux fois plus souvent entre 2010 et 2015 que celles de 40 à 50 ans.

Les femmes ont une probabilité de changer de métier six fois supérieure à celle des hommes. Cette mobilité plus forte s’explique par le sous-emploi, plus élevé chez les femmes. Cela pourrait les inciter à changer de métier afin de travailler davantage. La volonté de trouver un métier permettant une bonne conciliation vie professionnelle et vie familiale l’emporterait ainsi sur d’autres considérations chez plus de femmes que d’hommes.

Le concours et l’accès réglementé limitent le changement de métier

L’accès par concours, en particulier pour les enseignants, les cadres de la fonction publique et les policiers, militaires et pompiers professionnels, et la part élevée de fonctionnaires contribuent à la faible mobilité d’emploi et de métier. Les changements de métier sont plus fréquents parmi les bacheliers et les titulaires d’un Bac+2 que pour les autres niveaux de diplôme (inférieurs ou supérieurs).

Les changements de métier sont les plus rares dans les domaines de la santé, de l’action sociale, culturelle et sportive (9 %), de l’éducation et de la formation (5 % des cas) et dans une moindre mesure, le domaine de l’administration publique, des professions juridiques et de l’armée ou de la police (19 %). L’accès aux professions de santé et aux professions juridiques est aussi réglementé et limité, avec un cursus parfois très long pour les professions les plus qualifiées.

Les métiers de médecin, de professionnel du droit et de juriste, d’infirmier, de sage-femme, de dentiste, de vétérinaire ou de pharmacien, comptent parmi les moins mobiles, avec celui d’enseignant. Ces métiers font également partie des domaines professionnels qui connaissent le moins de passage par le non emploi : « 5 % environ des personnes qui travaillent dans les domaines de l’éducation, formation et de l’administration publique, des professions juridiques et de l’armée ou de la police, ont connu une période de non emploi entre 2010 et 2015 ».

Par ailleurs, les caractéristiques de l’emploi occupé interviennent souvent dans la probabilité de rester ou non dans le même métier sur une période de cinq ans.

Source : Changer de métier : quelles personnes et quels emplois sont concernés ?, Dares analyses, n° 49, novembre 2018