Thierry Colomar, Président de la FNPMF : “Nous pourrions refuser de participer à la sécurisation du parcours de la flamme olympique”

Publiée le 19 janvier 2024 à 12h00 - par

Le 3 février, les policiers municipaux manifesteront devant les préfectures de région, pour tenter de faire entendre leurs revendications sociales. Le Président de la Fédération nationale des policiers municipaux de France (FNPM), Thierry Colomar, a accepté de nous préciser quelles sont les revendications des policiers municipaux.
Thierry Colomar, président de la FNPMF : “Nous pourrions refuser de participer à la sécurisation du parcours de la flamme olympique”

© Thierry Colomar, Président de la Fédération nationale des policiers municipaux de France (FNPMF)

Alors qu’une réunion était prévue le 12 janvier 2024 entre la ministre déléguée en charge des Collectivités territoriales, Dominique Faure et les syndicats représentatifs, après laquelle devaient émerger des propositions, elle a été annulée la veille pour cause de remaniement ministériel. Pour le moment, le gouvernement n’a plus de ministre de la Fonction publique et les négociations ne semblent plus d’actualité. Thierry Colomar, Président de la Fédération nationale des policiers municipaux de France (FNPMF) répond à nos questions.

Les policiers municipaux ont prévu de se mobiliser le 3 février, à travers le collectif des policiers municipaux en colère. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, il devait y avoir une réunion le 12 janvier entre la ministre déléguée en charge des Collectivités territoriales et le « collectif des policiers municipaux en colère », que soutient la Fédération nationale des policiers municipaux, association que je préside. Cette réunion devait aborder le volet social. Les propositions que devait faire Dominique Faure nous sont inconnues, même si nous pensons qu’il s’agissait de traiter de la revalorisation de la grille indiciaire et de la prime appelée « prime police » : l’indemnisation spéciale mensuelle de fonctions de police (ISMF). Cette prime devait disparaître fin 2023 et être remplacée par le RIFSEEP (Régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel), mais la réforme a été abandonnée à la suite du mouvement des policiers en colère. Nos revendications touchent le volet social, qui n’a pas été abordé depuis plus de trente ans malgré les nouvelles prérogatives qui nous sont octroyées.

En effet, nos missions se rapprochent de plus en plus de celles de la police nationale et de la gendarmerie, en ce qui concerne la sécurisation de la voie publique, la protection des citoyens et la protection des biens et elles nous font courir exactement les mêmes risques. Mais les policiers municipaux partent à la retraite, au bout de trente-cinq ans de service, avec seulement 1 400 euros par mois, vers 62/63 ans, alors qu’ils commencent à être vraiment fatigués vers 60 ans.

Que souhaitez-vous obtenir exactement ?

Nous voudrions que cette prime police soit incluse dans le calcul de la retraite et obtenir une annuité supplémentaire tous les cinq ans afin de pouvoir partir plus tôt. Car effectivement, si l’on peut partir dès 59 ans depuis la réforme de la retraite – à 57 ans auparavant -, c’est avec seulement 950 euros par mois. Il faut attendre de partir à 62 ans pour avoir 1 400 euros et si l’on veut avoir une retraite décente, on peut poursuivre jusqu’à 67 ans et on touche alors 1 650 à 1 700 euros. Même si nos missions sont identiques sur la voie publique, nous ne demandons pas à avoir la même retraite que la police nationale. Nous voulons simplement être alignés sur les sapeurs-pompiers, qui sont eux aussi des agents territoriaux et reçoivent 1 950 à 2 000 euros par mois, à équivalence de salaire, de grade et d’échelon. Or, nous sommes sur la même grille indiciaire. Eux perçoivent la prime automatiquement à 25 % du salaire de base depuis 2020, alors que pour les policiers municipaux, elle peut aller jusqu’à 20 %, mais ce n’est pas obligatoire et certains maires ne la payent même pas. En région parisienne et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la totalité des policiers municipaux la touchent à 20 %. Mais dans une région comme la Bretagne, où il y a très peu de police municipale, les maires ont tendance à payer la prime à seulement 5 ou 10 % du salaire de base.

Selon vos informations, quelle devrait être la suite donnée, notamment au cas où aucun ministre délégué ne serait nommé ?

Nous n’avons eu aucune nouvelle depuis l’annulation de la réunion du 12 janvier. Cette manifestation du 3 février 2024 était déjà prévue depuis novembre 2023 : elle constitue le troisième acte de notre action. Le premier acte était la grève des contraventions, sauf bien entendu pour ce qui peut représenter un danger pour les personnes et les biens, ou si le maire donne l’ordre aux agents de verbaliser, car nous devons exécuter les ordres. L’acte II, qui a bien fonctionné, consistait à faire la grève de présence les 25 et 31 décembre 2023. Quant à l’acte III, il devrait mobiliser plusieurs milliers de policiers municipaux répartis sur le territoire le 3 février, sans doute pas loin de 5 000 sur un total de 26 000 agents. Entre 1 000 et 1 500 policiers municipaux sont attendus ce jour-là à Marseille, par exemple. Et nous n’excluons pas un acte IV, à l’appel des syndicats, qui serait de ne pas participer à la sécurisation du parcours de la flamme olympique, pour laquelle les préfets sollicitent déjà beaucoup les maires. Le but de notre fédération est de porter la parole des policiers municipaux et de faire évoluer leur statut. Sur huit syndicats, cinq sont représentatifs et siègent au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale. Ce sont eux qui traitent à Beauvau avec les ministres.

Propos recueillis par Martine Courgnaud – Del Ry

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