Quels leviers pour améliorer l’attractivité des métiers du grand âge ?

Publié le 3 novembre 2022 à 8h30 - par

Le Cercle Vulnérabilités et Société propose des pistes d’action pour améliorer l’attractivité des métiers du grand âge.

Quels leviers pour améliorer l'attractivité des métiers du grand âge ?

Cet article fait partie du dossier :

Renforcer l'attractivité dans la fonction publique
Comment attirer et fidéliser de nouveaux talents ?
les problématiques d'attractivité dans la fonction publique
Voir le dossier

Les métiers du grand âge vivent, depuis plusieurs années, une crise profonde, qui se traduit par une importante pénurie de personnels, soignants comme non-soignants. Pour autant, les besoins des personnes âgées et très âgées ne cessent de croître, en volume comme en qualité, et cette pénurie de professionnels apparaît désormais comme un sujet de tension majeur, aux conséquences humaines, sociales et économiques très préoccupantes pour ces métiers. Voilà pourquoi le Cercle Vulnérabilités et Société et Appel Médical (groupe Randstad) se sont associés pour mener une grande enquête qualitative et quantitative (menée auprès de 2 000 personnes) sur l’attractivité des métiers du grand âge, « afin d’identifier des moyens de la soutenir et de la renforcer ». Dévoilée le 11 octobre 2022, cette enquête s’intitule : « Améliorer l’attractivité des métiers du grand âge : quels facteurs, quels leviers ? Résultats, analyse, recommandations et pistes d’action ».

Tout en véhiculant parfois des représentations négatives, l’image des métiers du grand âge semble relativement préservée, alors même que les personnes disposant d’une expérience professionnelle du grand âge ont un niveau de satisfaction au travail qui ne diffère pas du reste de la population. Les conditions de la mobilisation autour des métiers du grand âge sont donc potentiellement réunies, estiment les auteurs de l’enquête. Un bémol, toutefois : la nuance des attentes et besoins par profil rend délicate l’expression de leviers universels d’attractivité. En fait, plus que le rapport au grand âge, c’est la nature même du contenu et de l’exercice du métier qui semble interrogée. Selon les résultats de l’enquête, il s’agit de combiner « être aux autres » et « bien-être ».

À partir de cette analyse, le Cercle Vulnérabilités et Société formule quatre recommandations, assorties de pistes d’actions potentielles.

Valoriser les apports du grand âge plutôt que les besoins en réduisant les messages dévalorisants

Voici les pistes d’action suggérées :

  • Valoriser les témoignages de personnels en place, en mettant en perspective les apports de l’expérience vécue auprès des personnes âgées ;
  • Promouvoir les réussites technologiques, industrielles ou de service rattachées à la prise en compte du grand âge : emplois développés, investissement en R&D, externalités positives… ;
  • Favoriser les études et recherches universitaires visant à évaluer les impacts du grand âge sur la société ;
  • Susciter des vocations (appel à réalisation, financement de projets) de nature à renforcer la place des personnes âgées en les plaçant dans des rôles ou des attitudes de premier plan dans les productions artistiques.

Replacer les métiers du grand âge dans une perspective résolument tournée vers l’avenir plutôt que dédiée à solder le passé

Le Cercle Vulnérabilités et Société invite à « écrire et construire une véritable épopée contemporaine ! » À l’image de la cause écologique qui incite à se mobiliser positivement pour changer le monde de demain, les métiers du grand âge doivent être valorisés comme appartenant à « une aventure moderne et transformatrice de l’avenir », plaide-t-il. Plus largement, cela implique d’ouvrir le champ de la responsabilité à l’égard du grand âge en élargissant le tropisme délégatif actuel des familles (qui confient leurs parents à des tiers professionnels) vers davantage d’implication de celles-ci dans le fonctionnement et l’accompagnement, plaçant ainsi ce défi dans une perspective de prise en charge commune et globale, préconisent les auteurs de l’enquête.

Au chapitre des pistes d’action :

  • Organiser une consultation nationale « mon métier du grand âge de demain », permettant de recueillir plus finement les attentes des jeunes (diplômés ou non) et permettant d’incarner la dynamique dans les territoires ;
  • Stimuler des démarches de design en vue de doter les métiers et leurs lieux d’exercice des attributs de la modernité (architecture, support métiers…) ;
  • Créer des liens plus étroits entre les lieux d’accompagnement et leur bassin éducatif et d’emploi : journée porte-ouverte, journée découverte… ;
  • Développer des contrats de parcours de vie impliquant les familles, sur la base d’objectifs (et moyens partagés) ;
  • Valoriser les passerelles compétences (soft skills) entre les métiers du grand âge et d’autres secteurs.

Construire une véritable approche marketing par cible/métier tenant compte des attentes et des besoins des personnes susceptibles d’intégrer la filière du grand âge

Voici les différentes pistes d’action identifiées :

  • Construire, sur la base des profils/attentes, des Tools Kits mis à disposition des acteurs de terrain, en vue de les aider dans leur démarche de recrutement : annonces type de recrutement, conseils… ;
  • Identifier et travailler à l’organisation des principaux métiers en vue de les rendre les plus désirables possibles : ajustement des horaires, aide au déplacement… ;
  • Investir les réseaux sociaux et de communication, en vue de mobiliser les principaux influenceurs sur le sujet.

Envisager de poursuivre la réflexion autour d’autres initiatives de nature à créer un contexte (ou écosystème) favorable

Au programme, notamment au regard des attentes et idées énoncées dans le cadre de la phase qualitative de l’enquête :

  • Diversifier les possibilités d’exercer les métiers du grand âge, tant en termes de statuts, qu’en termes de nature de l’activité. À ce titre, notamment, tendre vers davantage de flexibilité dans les organisations en ouvrant la palette des tâches, des horaires, mais aussi des possibilités d’évolution professionnelle ;
  • Au domicile, notamment, porter une attention particulière à la qualité de vie des professionnels pour qui cette activité peut constituer un facteur d’isolement, voire de mise en danger du fait des rythmes qu’elle impose  ;
  • Assouplir la règlementation et, plus largement, alléger les contraintes administratives pesant sur ces métiers : cela permettrait de susciter davantage de créativité, d’autoriser les expérimentations et donc, à terme, d’enrichir positivement l’ensemble des pratiques par l’expérience ;
  • Renforcer la formation, de façon à réduire les risques pour les personnes accompagnées (maltraitance) comme pour les professionnels, ces temps leur offrant aussi la possibilité de souffler et d’avoir, en partie, la main sur leur trajectoire professionnelle ;
  • Créer à terme des filières d’excellence des métiers du grand âge, permettant d’impliquer les élèves disposant d’un niveau scolaire élevé ;
  • Encourager le rééquilibrage des genres au sein des métiers du grand-âge, le fort taux de féminisation actuel pouvant contribuer à créer des freins, tant chez les femmes que chez les hommes ;
  • Susciter les conditions d’une meilleure association des bénévoles auprès des métiers, notamment dans les établissements où ils peuvent contribuer à faciliter l’exercice professionnel.