En milieu rural, des alternatives pour résoudre le casse-tête de la garde d’enfants

Publié le 6 février 2023 à 7h00 - par

Maisons d’assistantes maternelles, micro-crèche itinérante : dans la Creuse, département rural et vieillissant, les modes de garde de jeunes enfants se diversifient pour pallier le non-renouvellement des assistantes maternelles et la saturation des crèches.

En milieu rural, des alternatives pour résoudre le casse-tête de la garde d'enfants
© Image par Esi Grünhagen de Pixabay

Alors que le Gouvernement a lancé en décembre une concertation pour créer un service public de la petite enfance face à la pénurie de places d’accueil, évaluée à 200 000 au niveau national, trouver un mode de garde est devenu un véritable casse-tête pour les parents creusois.

Dans ce territoire d’environ 125 000 habitants, dont un tiers a plus de 60 ans, il n’existe que 296 places dans les 18 crèches et micro-crèches existantes, selon les derniers chiffres de la Caisse d’allocations familiales.

Insuffisant p;: au premier semestre 2023, dans la Communauté d’agglomération du grand Guéret, la commission d’attribution a étudié 73 dossiers pour seulement huit places disponibles.

Face à cette carence, Marie Ducatez, 23 ans, vient de créer à Sainte-Feyre, à cinq minutes de Guéret, la maison d’assistante maternelle (MAM) « Les p’tits loups », avec l’aide de la mutuelle MGEN.

Départs non remplacés

Dans sa structure de près de 200m2, qui permet de regrouper en un même lieu des assistantes maternelles agréées et des spécialistes de la petite enfance, elle s’occupe de deux enfants en bas âge. L’arrivée dans les prochains mois de deux, voire trois consœurs, lui permettra de répondre à une forte demande.

« Quand j’ai annoncé l’ouverture sur les réseaux sociaux, j’ai reçu plus de 30 messages en quelques heures, donc je sais que si l’on crée de nouvelles places, elles seront rapidement prises », témoigne-t-elle.

D’autant qu’elle est une des seules assistantes maternelles du département à proposer des horaires atypiques : de 6h30 à 21h00 selon les besoins des parents.

Mais la profession a du mal à se renouveler dans la Creuse, où la moitié des 350 assistantes maternelles agréées ont plus de 50 ans et, pour la plupart, ne seront pas remplacées après leur départ à la retraite.

« Les jeunes générations ne sont pas motivées pour faire ce métier car tout le monde cherche à faire des horaires de bureau », avec un bon salaire, estime Marie Ducatez.

Ces professionnelles employées par un particulier ne sont pas soumises à la durée légale hebdomadaire de travail de 35 heures et peuvent travailler jusqu’à 48 heures pour un revenu minimum de 3,33 euros brut par heure et par enfant.

La communauté de communes Creuse Sud-Ouest a, elle, créé en 2011 une micro-crèche baptisée « Les petits Ciatons », en itinérance sur deux villages pour subvenir aux besoins de garde d’enfants.

Cette alternative initialement temporaire s’est aujourd’hui pérennisée.

Jouets et lits dans un van

« La demande des parents est toujours là, même plus importante. Une réflexion est menée pour étendre l’itinérance sur d’autres communes », rapporte Jean-Yves Grenouillet, vice-président chargé de la petite enfance dans cette collectivité qui regroupe 43 communes pour environ 13 000 habitants.

Chaque mercredi, Claire Freyssinet et ses deux collègues sont à Ars. Le jeudi et le vendredi, direction Ahun, à une douzaine de kilomètres. Jouets et lits sont transportés, dans un petit van jaune, d’une salle communale à l’autre.

« Le tout est de bien s’organiser mais tout le monde y arrive assez rapidement et les enfants s’adaptent très vite », confie l’éducatrice.

Sept peuvent être accueillis chaque jour dans cette structure et quatre d’entre eux se retrouvent dans les deux communes.

Pour les parents, ce mode de garde, calculé selon les revenus comme dans une crèche classique, est aussi plus économique. Lyserine Lavandon, mère d’une petite habituée, ne paye ainsi que 60 centimes de l’heure, soit environ 30 euros par mois.

« Ça permet à mon enfant de voir d’autres enfants mais aussi à moi d’avoir plus de disponibilités », indique cette femme en reconversion professionnelle. « Sinon, je les garderais mais ce serait un peu plus compliqué. »

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