Fonction publique : les salaires de l’élite à la loupe

Publié le 25 février 2019 à 12h33 - par

Ils forment l’élite financière de la fonction publique  : 48 500 agents, soit 1 % des employés les mieux payés, gagnent en moyenne 7 850 euros net mensuels, loin encore du privé mais avec des revenus qui peuvent s’envoler dans certaines catégories, a dévoilé l’Insee le 21 février 2019.

Fonction publique : les salaires de l'élite à la loupe

Le débat récurrent sur les plus hauts salaires des fonctionnaires, dont on ne connaissait à ce jour les détails que pour certains postes très en vue, s’est cristallisé ces derniers mois dans une demande populaire de justice sociale. Il s’est incarné, en début d’année, dans le cas de Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public qui a choisi de se retirer du débat national après qu’a émergé la question de son salaire, de quelque 15 000 euros brut.

Dans son étude sur « les hautes rémunérations dans la fonction publique », l’Institut national des statistiques révèle que ces 1 % d’agents publics (fonctionnaires, contractuels, vacataires etc.) gagnaient, en 2016, plus de 6 410 euros net.

« Leur rémunération moyenne atteint 7 850 euros, soit quatre fois plus que le salaire médian dans la fonction publique », relève l’Insee.

Si cela reste éloigné des standards du secteur privé, où ce même 1 % perçoit 8 280 euros en moyenne, soit 30 % de plus, ces chiffres recèlent de grandes disparités. Ainsi, les personnels des « corps et emplois à la décision du gouvernement » émargent en moyenne à 10 457 euros et font tous partie du sommet de la pyramide salariale. Pour les hauts fonctionnaires à l’étranger, la moyenne se situe à 13 790 euros. Le millième des agents les mieux rémunérés, soit 4 850 personnes, perçoit en moyenne 9 600 euros.

Disparité femme-homme

Il est difficile de déterminer l’évolution de ces plus hauts revenus, relève-t-on à l’Insee, car le mode de récolte de ces données, le Siasp (système d’information des agents des services publics) est très récent et se fonde sur du déclaratif.

Pour la première fois, donc, s’esquisse le portrait robot de cet agent public d’élite qui, sans surprise, se révèle être un homme, de plus de 55 ans, travaillant dans un service parisien ou étranger.

La disparité femme-homme est criante pour ces niveaux de revenus. Les femmes, qui forment quasiment deux-tiers du contingent de la fonction publique (63 %), sont « seulement 33 % dans le dernier centile ».

Dans l’ensemble, c’est le versant hospitalier qui tire son épingle du jeu : le dernier 1 % y reçoit a minima 7 560 euros mensuels, contre 6 370 pour les salariés de l’État et 4 580 pour les employés territoriaux, parents pauvres de la fonction publique.

Les médecins, agents au statut particulier, sont la locomotive de l’« hospitalière » en la matière, puisque 34 % des praticiens gagnent plus de 6 410 euros.

Côté État, les mieux lotis sont majoritairement ceux évoluant dans les ministères et leurs services déconcentrés, tandis que chez les administrateurs généraux des finances publiques, la moyenne s’établit à 8 270 euros.

La fracture est aussi territoriale, puisqu’en dehors de Paris et de sa petite couronne, qui concentrent les administrations centrales, les revenus chutent. Mieux vaut donc officier à Paris… ou à l’étranger. Car 37 % des personnels des ambassades, des consulats et des établissements français à l’étranger gagnent plus de 6 410 euros mensuels. Ils constituent 8,3 % de la classe la mieux payée.

De quoi faire saliver les fonctionnaires de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Au sein de ce 1 % de tête, eux ne sont que… 1 %.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2019

 


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Ressources Humaines »

Voir toutes les ressources numériques Ressources Humaines