Social et santé, les Entreprises publiques locales veulent faire entendre leur différence

Publié le 25 juin 2025 à 9h50 - par

La Fédération des élus des Entreprises publiques locales (FedEpl) organisait, le 18 juin dernier, une rencontre tournée autour de l’émergence des Entreprises publiques locales dans le secteur de la santé et du social. Une soixantaine d’Epl y sont en activité, sur les 1 480 aujourd’hui recensées en France. « Le mouvement va aller crescendo au regard des besoins des collectivités dans ce secteur », assure Benjamin Gallèpe, directeur général de la FedEpl.

Social et santé, les Entreprises publiques locales veulent faire entendre leur différence
© Par shurkin_son - stock.adobe.com

Le chiffre sera officialisé lors du prochain congrès des Epl de Montpellier, du 14 au 16 octobre prochains : on compte en France au 1er juin 2025, 1 480 Epl contre 1 442 en 2024. Autant dire que l’extension du domaine de l’économie mixte locale se poursuit. Pour autant, dans le secteur du social et de la santé, le nombre d’Epl plafonne à 60 entités, une barre atteinte en 2019 ! « Il s’agit d’un marché émergent qui, dans un contexte de transitions démographiques, sociales et territoriales, se révèle comme étant un levier agile et puissant pour répondre aux défis des solidarités à chaque étape de la vie. De la crèche à l’Ehpad, en passant par la restauration scolaire, la santé ou encore les services funéraires publics, les Epl apportent des réponses pragmatiques aux collectivités territoriales. De plus en plus aujourd’hui les créations d’Epl se tournent vers le développement d’un service de proximité à la population au-delà des secteurs plus traditionnels tels que l’aménagement ou l’immobilier », assure Caroline Acosta, responsable Outre-mer et marchés émergents à la FedEpl.

Lot Aide à Domicile, modèle de Sem à essaimer

« Sur les 60 Epl en activités, 22 sont des Sociétés d’économie mixte (Sem), 36 des Sociétés publiques locales (Spl) et 2 des Sociétés d’économie mixte à Opération unique (SemOp) », précise de  son côté Ugo Milon, chargé de mission Veille et Prospective à la FedEpl. « Ces Epl embauchent 3 590 emplois, leur chiffre d’affaire est précisément de 241,63 M€ au 1er juin 2025. Elles ont connu une croissance de 7,8 % en moyenne par an depuis 2015, contre 4,95 % pour l’ensemble des Epl sur la même période ». Un des bons leviers se trouve dans le Lot, où la Sem Lot Aide à Domicile montre la voie. « Créer une telle Sem requiert de l’audace politique », explique Arnaud Boué, DG de l’entreprise. « L’objectif était de sécuriser l’offre pour l’ensemble des habitants du Lot car il était évident que les petites structures auraient du mal à supporter la montée en puissance de leurs activités, notamment face aux perspectives de vieillissement démographique. D’année en année, les élus prenaient conscience du fait que les finances se fragilisaient, un déficit cumulé atteignant 1 M€ à la fin des années 2000. Nous faisions face clairement à une atomisation du secteur de l’aide à domicile. La Sem a permis de rendre cohérente et pérenne cette offre. Nous avons aujourd’hui 12 structures dédiées au service à la personne dans le Lot, dont la nôtre, quand la Haute-Garonne, certes plus dense sur un plan urbain, en compte 225 ».

« D’une économie extractive à une économie contributive »

Sociologue et cofondateur d’Eranos, Stéphane Hugon a joué le rôle de grand témoin. « Pour comprendre la place que les systèmes d’économie mixte prennent aujourd’hui, et mettre en perspective avec celle qu’ils pourraient prendre à l’avenir, il est utile de replacer ce modèle d’organisation au regard des mutations sociétales : comprendre les mutations sociales actuelles, situer les métamorphoses du lien social et des modèles économiques tiers, projeter les Epl dans des sujets prospectifs », explique-t-il. Il met en exergue un momentum historique pour les Epl : « Le contexte est celui d’un passage d’une définition de l’entreprise centré sur ses propres intérêts, vers une entreprise enracinée dans ses territoires. C’est le  passage d’une économie dite extractive – et qui finit toujours par épuiser les matières premières et les personnes qui y contribuent -, vers une économie contributive, c’est-à-dire qui augmente la circulation à la fois économique, mais aussi culturelle et symbolique de la valeur. On entre dans l’économie de la considération. De fait, les organisations qui alimentent ce modèles (ESS, Epl, mutualisme, modèle coopératif, entreprises à mission…) ont toutes en commun de considérer que l’activité économique revêt une dimension culturelle et relationnelle forte. Le modèle des Epl correspond historiquement à une aspiration des publics et à une médiation à la fois culturelle, territoriale, et de considération, qui complète la fonction purement économique », explique-t-il. Reste à savoir pourquoi les Epl dans ce secteur restent encore bloquées à une soixantaine de structures, et ce depuis 2019, les régies ou les autres formes juridiques de DSP étant encore majoritaires.

Stéphane Menu


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