Agressions, incivilités : des services publics en première ligne

Publié le 4 février 2021 à 8h00 - par

Le meurtre d’une conseillère de Pôle Emploi la semaine dernière à Valence fait ressurgir l’inquiétude dans des services publics confrontés régulièrement à des agressions et incivilités, dont l’ampleur reste souvent inconnue faute de données chiffrées.

Agressions, incivilités : des services publics en première ligne

Pour tout comprendre

Pôle emploi

L’opérateur public tenait mercredi 3 février un comité social et économique central (CSEC) consacré au drame de Valence et doit publier sous peu des éléments chiffrés sur les incivilités dans ses agences en 2020.

Les syndicats font déjà état de tensions. Pour la CFDT, « même si cet acte effroyable est exceptionnel, il montre aussi les difficultés que rencontrent les salariés de Pôle emploi dans l’exercice de leur activité professionnelle au quotidien, en particulier dans l’accueil du public ».

Et le Covid-19 n’arrange rien à l’affaire, selon la CGT : « Dans ce contexte de crise sanitaire, sociale et économique, les situations d’accueil dans les services publics et les organismes de protection sociale sont particulièrement difficiles ».

Il y a « une vraie peur » en interne, affirme Sylvie Szeferowicz, déléguée centrale Force ouvrière. La hausse des incivilités, « c’est factuel » et « renforcé depuis le début de la crise du Covid », affirme-t-elle.

Fonctionnaires

Les salariés du secteur public sont deux fois plus exposés que ceux du privé, selon la dernière enquête de l’Insee sur les conditions de travail, publiée en juillet sur la base d’une enquête remontant à 2016.

Ainsi, 28 % des fonctionnaires ont déclaré avoir subi « une agression verbale, physique ou sexuelle de la part du public au cours des douze derniers mois », contre 13 % dans le privé.

Cette proportion varie toutefois du simple au double entre les collectivités territoriales (20 %), les agents de l’État (27 %) et ceux des hôpitaux (41 %).

Le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, interrogé par l’AFP, ne constate pas à ce stade une recrudescence signalée de violences dans le contexte de la crise sanitaire.

Hôpitaux

Le dernier rapport de l’Observatoire national des violences en milieu de santé fait état de 20 330 « atteintes aux personnes » en 2018, signalés par à peine 11 % des établissements publics et privés.

La gravité des faits va des insultes (32 %) et menaces verbales (17 %), aux violences physiques et menaces avec arme (49 %), jusqu’aux violences avec arme (2 %).

La moitié des signalements concerne les services de psychiatrie (18 %), d’urgences (16 %) et de soins aux personnes âgées dépendantes (USLD et Ehpad, 11 %).

La plupart des victimes sont des soignants (77 %), tandis que la majorité des auteurs de violence sont des patients (71 %).

Fisc

Le syndicat Solidaires fait état de « remontées » sur des tensions plus fréquentes dans les trésoreries depuis le début de la crise sanitaire, en raison notamment d’« horaires d’ouverture restreints ».

Selon la première organisation des Finances publiques, les agents font l’objet de « prises à parti récurrentes » et sont devenus les « bouc émissaires » d’une partie de la population qui se sent « oubliée », avec « un sentiment d’iniquité très fort ».

La Poste

La direction reconnaît que ses salariés sont « confrontés à des actes d’incivilités, comme dans tout établissement recevant quotidiennement du public ».

Elle assure toutefois que « dans le contexte particulier de la crise sanitaire actuelle, le nombre d’incivilités déclarées par les postiers est resté stable », sans préciser à quel niveau.

Sécurité sociale

L’Assurance maladie et la Caisse d’allocations familiales, contactées par l’AFP, n’ont pas apporté de précisions sur les violences et incivilités dans leurs réseaux.

Ces administrations ne sont toutefois pas épargnées : la CGT a ainsi dénoncé une « agression d’une violence inédite » jeudi dernier devant une caisse d’assurance maladie de Marseille.

Selon le syndicat, une « situation conflictuelle » avec un assuré a dégénéré en « insultes, crachats, menaces et tentative d’intrusion » de plusieurs personnes présentes dans la file d’attente, qui ont « roué de coups » un des vigiles. L’incident a entraîné le lendemain un mouvement de grève dans les agences des Bouches-du-Rhône.

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