Les agents publics plus souvent victimes de violences que les salariés du privé

Publié le 19 juin 2025 à 10h40 - par

Plus d’un quart des agents de la fonction publique exprime un sentiment d’insécurité au travail.

Les agents publics plus souvent victimes de violences que les salariés du privé
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En 2022, 16 % des agents de la fonction publique résidant en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique ou à La Réunion ont été victimes d’au moins une atteinte à la personne, que ce soit dans l’exercice de leurs fonctions ou dans un contexte personnel (contre 13 % des salariés du privé), révèle une récente étude de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) du ministère de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification (Stats Rapides – Juin 2025). Les atteintes les plus citées sont les injures : 7 % des agents en ont été victimes cette année-là. Puis viennent le harcèlement moral (5 %), les violences de nature sexuelle, les discriminations, les menaces, et, enfin, les violences physiques (2 %). La proportion de victimes est en hausse par rapport à 2021 (+ 2 points), notamment pour ce qui concerne les discriminations.

Une plus forte exposition des agents publics dans le cadre professionnel

Selon l’auteur de l’étude, la prévalence plus élevée des atteintes subies par les agents de la fonction publique s’explique par une plus forte exposition professionnelle. Hors violences conjugales, les atteintes décrites par les agents publics ont lieu, dans 45 % des cas, dans le cadre professionnel. Sans surprise, les salariés en contact avec le public sont surreprésentés parmi les victimes d’atteintes dans le contexte du métier. Ainsi, dans la fonction publique, 93 % des atteintes sont subies par des agents en contact avec le public, alors que ces derniers ne représentent que 85 % des agents de la fonction publique. Les atteintes se concentrent donc sur certaines professions, comme les policiers, militaires et pompiers, les premiers concernés, ou les professions intermédiaires de la santé et du travail social.

Davantage de violences physiques et sexuelles contre les jeunes, de discriminations contre les immigrés

Parmi les victimes d’atteintes dans le contexte professionnel, les femmes sont légèrement sous-représentées dans la fonction publique (60 % des atteintes pour 64 % des effectifs). Plus souvent victimes de violences sexuelles (82 % des atteintes), de discriminations (74 %) et de harcèlement moral (69 %), les femmes dans la fonction publique sont, à l’inverse, sous-représentées parmi les victimes de violences physiques (47 % des atteintes) et de menaces (41 %).

Toujours dans le contexte professionnel, les jeunes s’avèrent les plus exposés aux violences, alors que les plus âgés le sont moins. Dans la fonction publique, les moins de 30 ans subissent ainsi 18 % des atteintes déclarées dans le contexte de leur travail, alors qu’ils ne représentent que 13 % des agents. Ils sont, notamment, davantage touchés par les violences de nature sexuelle (29 % des atteintes, physiques ou non physiques) et physique (20 %), de même que par les discriminations (20 %). Les agents de 30 à 49 ans sont également surreprésentés parmi les personnes victimes d’atteintes dans le cadre professionnel, alors que ceux âgés de 50 ans et plus sont, au contraire, sous-représentés – 28 % des atteintes les concernent, alors qu’ils constituent 36 % des agents – et ce, quel que soit le type d’atteinte. Ils sont cependant plus concernés par le harcèlement moral (33 %) et par les injures (31 %).

Les immigrés sont, quant à eux, fortement surreprésentés parmi les victimes de discriminations : 14 % des atteintes dans la fonction publique. Quant aux descendants d’immigrés, la part des atteintes dont ils sont l’objet dans un contexte professionnel (10 %) est proche de leur part parmi les effectifs de la fonction publique. Ils sont cependant plus nombreux parmi les victimes de discriminations (13 %) et de harcèlement moral (13 %). Le motif de discrimination le plus souvent évoqué par les agents immigrés et les descendants d’immigrés est leur origine, pour 41 % des agents concernés, constate l’auteur de l’étude.

Une seule plainte pour dix atteintes

La grande majorité des atteintes subies par les agents dans le contexte de leur travail n’est pas suivie d’un dépôt de plainte. Cependant, le taux de plainte s’avère plus élevé dans la fonction publique (10 %) que dans le secteur privé (3 %). Dans la fonction publique, les victimations qui donnent le plus lieu à des plaintes sont les violences physiques (33 %), ainsi que les menaces (25  %), observe l’étude. Les injures faites aux agents publics dans le cadre professionnel donnent, elles aussi, plus souvent lieu à une plainte (8 %).

Un sentiment d’insécurité au travail qui se renforce

En 2023, plus d’un agent de la fonction publique sur quatre (26 %) déclare se sentir souvent ou de temps en temps en insécurité sur son lieu de travail (face aux usagers, aux collègues…). Ce sentiment s’est renforcé par rapport à l’année précédente (+ 4 points par rapport à 2022), notamment chez les femmes, souligne l’auteur de l’étude.

Ce sentiment concerne plus souvent des personnes en contact avec le public, mais également celles qui ont elles-mêmes été victimes d’atteintes dans le cadre de leur métier. Ainsi, 21 % des agents victimes d’atteintes en 2022 déclarent se sentir souvent en insécurité sur leur lieu de travail, contre 7 % de l’ensemble des agents de la fonction publique.

Dans certains métiers, le sentiment d’insécurité au travail est très répandu. Ainsi, près de la moitié (45 %) des policiers, militaires et pompiers déclare se sentir, de temps en temps ou souvent, en insécurité sur leur lieu de travail, tout comme un gros tiers (37 %) des agents exerçant une profession intermédiaire de la santé et du travail social. À l’inverse, ce sentiment n’est partagé que par 15 % des cadres administratifs et techniques de la fonction publique.