Pourquoi l’absentéisme a progressé en 2024 dans la fonction publique ?

Publié le 6 octobre 2025 à 13h45 - par

Le rapport 2025 de l’Observatoire de l’absentéisme du secteur public révèle les tendances de cet absentéisme en France en 2024.

Absentéisme en hausse dans le secteur public en 2024
© Par ursule - stock.adobe.com

« En 2024, l’absentéisme dans le secteur public repart à la hausse, avec un double constat : la fréquence des arrêts progresse chez les jeunes et leur durée s’allonge chez les seniors », résume Noémie Marciano, directrice de l’activité Assurance de personnes chez WTW en France, qui a publié, le 2 octobre 2025, le rapport 2025 de l’Observatoire de l’absentéisme du secteur public. Réalisé par WTW auprès de plus de 10 000 collectivités employant 258 000 agents, ce rapport présente l’évolution des tendances et les enjeux de l’absentéisme au sein des structures publiques pour l’année 2024. Après une année de stabilisation en 2023, l’absentéisme pour maladie ordinaire et accident de travail dans le secteur public est reparti à la hausse en 2024, pour atteindre 6,1 %.

Hausse des arrêts pour maladie ordinaire dans la fonction publique

En 2024, le taux d’absentéisme pour maladie ordinaire a atteint 4,7 %, en hausse de 0,3 point par rapport à l’année précédente. Cette progression, qui affecte l’ensemble des collectivités, s’explique principalement par l’allongement de la durée des arrêts, qui s’est établi à 34 jours en moyenne (+ 1,5 jour par rapport à 2023). Chaque agent absent a ainsi passé en moyenne 17,3 jours en arrêt maladie ordinaire au cours de l’année, contre 16,5 en 2023 et près d’un tiers des agents (31,6 %) ont été absents au moins une fois dans l’année, « confirmant un phénomène désormais structurel depuis la crise sanitaire », commente WTW.

Alors que les arrêts courts (1 à 10 jours) ont diminué, les arrêts de longue durée ont fortement progressé. S’ils ne représentent que 24 % des arrêts, ces derniers concentrent plus de 80 % du volume total de jours d’absence, « illustrant le poids croissant des risques psychosociaux (qualité de la relation d’emploi, conciliation des temps professionnels et privés, relations au travail…) et liés à l’usure professionnelle », indique le rapport.

Le taux d’absentéisme pour maladie ordinaire demeure relativement stable pour les agents âgés de moins de 50 ans. En revanche, il connaît une forte augmentation chez ceux de plus de 50 ans, atteignant 7,4 % (contre 7 % en 2023), conséquence directe de l’allongement des carrières et de l’usure professionnelle, expliquent les auteurs du rapport. C’est également sur cette tranche d’âge qu’ils observent la fréquence (66 %), la prévalence (18,1 %) et la durée moyenne d’absence (41 jours) les plus élevées. Du côté des plus jeunes agents des collectivités territoriales, l’Observatoire remarque une fréquence d’arrêts plus élevée pour les maladies ordinaires. À noter, enfin, que l’absentéisme se révèle globalement plus marqué au sein des grandes collectivités.

Accidents du travail : taux stable mais des arrêts de plus en plus longs

Le taux d’absentéisme lié aux accidents de travail (ATMP) est resté stable à 1,4 % en 2024, un niveau observé depuis 2019. Toutefois, la durée moyenne des arrêts augmente à 84 jours (+ 2 jours par rapport 2023 et + 5 jours par rapport 2021). Dans les mêmes proportions qu’en 2023, les accidents de service demeurent la principale cause d’absence (73 % des arrêts), suivis des maladies professionnelles (15 %) et des accidents de trajet (12 %). La maladie, bien que moins fréquente, pèse fortement sur l’absentéisme lié aux accidents de travail, représentant un tiers (34 %) des jours d’arrêts.

Malgré les progrès techniques au niveau des équipements, l’Observatoire constate une concentration d’ATMP sur les métiers impliquant des tâches physiques : nettoyage et maintenance des locaux (16 %), circulation (11 %), entretien des espaces verts (8 %), animation/enfance (7 %). Les principaux facteurs d’accidentologie restent liés aux efforts de soulèvement, aux manipulations de charges et aux chutes, précise le rapport.

Santé des agents publics : la prévention, une réponse urgente à l’absentéisme

« Cette hausse de l’absentéisme constitue globalement un signal d’alerte », prévient WTW. Au-delà de ses impacts budgétaires, elle traduit une dégradation du lien entre les agents et leurs collectivités. Un travail de prévention doit être envisagé comme réponse structurelle et non comme action ponctuelle, estiment les promoteurs de l’Observatoire.

Les leviers identifiés sont multiples, rappelle le rapport.

  • En amont : sensibilisation aux risques, formations en santé et en sécurité, renouvellement et modernisation des équipements de protection.
  • Pendant l’arrêt : préparation d’entretiens de réaccueil, maintien du lien avec l’agent.
  • Dans la durée : adaptation des postes pour les seniors, accompagnement des carrières, analyse des causes organisationnelles des arrêts, dépistage et accompagnement sur la santé publique.

« Dans un contexte d’allongement des carrières et de fortes contraintes budgétaires, les collectivités doivent faire de la prévention un pilier central de leur organisation afin de préserver la santé des agents et d’assurer la continuité du service public, au service des assurés et de leur rôle d’employeur », conclut Noémie Marciano.


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