Centre de gestion du Rhône : un médecin intégré contrôle les arrêts de travail [Interview]

Publié le 13 juin 2018 à 8h01 - par

Depuis janvier 2017, le centre de gestion du Rhône et de la métropole de Lyon (CDG69) offre aux collectivités adhérentes un service de médecine statutaire et de contrôle, qui complète les services mutualisés de prévention en santé au travail.

Centre de gestion du Rhône : un médecin intégré contrôle les arrêts de travail [Interview]

Un médecin agréé expérimenté, rattaché au pôle santé du CDG69, évalue l’aptitude à l’emploi des candidats de la fonction publique territoriale et contrôle la justification médicale des arrêts de travail. Objectif : aider les employeurs publics à maîtriser l’absentéisme et les risques d’inaptitude à l’emploi des agents qu’ils recrutent.

Interview : Sabine Taler-Léonard, directrice du pôle santé du CDG69

Sabine Taler-Léonard, directrice du pôle santé du CDG69

Comment est née l’idée de recruter un médecin statutaire et de contrôle ?

Tout simplement, en observant les données d’absentéisme, en hausse constante dans les collectivités et en écoutant les remontées de terrain des collectivités, qui expliquaient avoir parfois des difficultés lors de la visite d’aptitude préalable au recrutement mais également au moment du contrôle des arrêts de travail. Dans certaines d’entre elles, le médecin de prévention constatait que des agents étaient inaptes dès la création du poste à l’embauche. Au centre de gestion, nous avons donc eu l’idée d’embaucher en interne un médecin agréé qui connaîtrait mieux les risques spécifiques au milieu de la fonction publique territoriale que les médecins agréés à l’extérieur, qui ne peuvent le plus souvent pas avoir la même perception de la nature des emplois et de leurs risques.

Les collectivités ont-elles des demandes spécifiques ?

En effet, la demande des collectivités concerne principalement les secteurs techniques et le secteur social ou la petite enfance, où il existe des risques spécifiques et des contraintes particulières.

À quels écueils avez-vous dû vous confronter ?

Le plus difficile aurait pu être de trouver le médecin… Mais nous avons eu la chance de rencontrer un médecin de la Police nationale qui, après 23 ans d’expérience dans une fonction similaire, souhaitait s’investir dans un nouveau poste. En réalité, le plus compliqué a été de tout créer en partant de zéro, depuis l’élaboration de la convention à la tarification, en passant par les conditions de fonctionnement de la mission, jusqu’à la mise en route de la dynamique de lien en interne avec les autres professionnels du pôle, notamment les médecins de prévention.

Comment réagissent les agents ?

Leur réaction est en général positive car le médecin prend du temps avec eux pour la visite, qui dure environ trois quarts d’heure, et leur donne des explications sur les raisons du contrôle. Les entretiens d’aptitude à l’embauche sont en principe un peu plus courts. En outre, les collectivités expliquent aux partenaires sociaux le rôle du médecin et des visites, qui de ce fait sont bien perçues, car elles participent au sentiment d’équité entre les agents.

Pour les collectivités, quels sont les avantages de faire appel au médecin statutaire et de contrôle ?

Les visites et les conseils du médecin aident la collectivité à améliorer sa politique de prévention de l’absentéisme. Ces contrôles lui permettent de renouer avec les agents qui sont en congé maladie, parfois, pendant plusieurs mois. L’objectif étant qu’ils reviennent travailler durablement. Il s’agit aussi de limiter les arrêts courts et récurrents, très pénalisants. Les collectivités apprécient beaucoup la réactivité de la mission de médecine statutaire et de contrôle. Le service s’engage à effectuer les visites de contrôle dans les cinq jours après la demande, et dans les dix jours pour les entretiens de recrutement. En outre, le médecin rend ses rapports très rapidement.

Quelle est votre plus grande satisfaction dans ce projet ?

La plus grande réussite, c’est de voir que la mission est très bien comprise par les grandes et moyennes collectivités, qui sont les plus concernées. Elles ont, dès le départ, adhéré très rapidement et l’intérêt s’est confirmé. Aujourd’hui, seulement un peu plus d’un an après sa création, 46 collectivités, représentant 24 000 agents, bénéficient de ce service. Soit la moitié des agents territoriaux du département du Rhône et de la métropole de Lyon. Quasiment tous les bilans faits avec les collectivités sont positifs.

Et pour l’avenir ?

Après avoir recruté une secrétaire dédiée à la mission, nous nous posons sérieusement la question d’un recrutement supplémentaire de médecin car nous répondons à un véritable besoin des collectivités. Les missions du service ont d’ailleurs déjà évolué, elles ont été élargies à l’expertise et aux avis avant octroi d’un temps partiel thérapeutique. D’autres centres de gestion sont très intéressés par notre démarche et nous demandent régulièrement des renseignements sur la méthode à adopter. Toutefois, ils peuvent se heurter à la difficulté que j’ai évoquée, à savoir le manque de médecins susceptibles de pourvoir le poste.

Propos recueillis par Martine Courgnaud – Del Ry

 


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