L’absentéisme révèle les dysfonctionnements sur l’état de santé des agents, leurs conditions de travail et le fonctionnement de la collectivité. C’est pourquoi les collectivités devraient l’étudier précisément pour améliorer leur politique de ressources humaines. Ainsi, en renforçant la connaissance des effectifs, des métiers et des parcours des agents, l’absentéisme peut être un outil de pilotage aux mains des DRH plus qu’un indicateur financier, pointe la Mutuelle nationale territoriale (MNT), dans son étude « Absences au travail, des repères pour agir dans les services publics locaux », publiée en octobre 2023. Car la gestion RH des collectivités pèche par une vision limitée des trajectoires professionnelles et le manque d’anticipation dans la gestion de carrière, qui explique en partie l’absentéisme. L’allongement des fins de carrière augmente le risque d’accident et complique le reclassement ou l’aménagement du cadre de travail. En outre, les outils (conseil en évolution professionnelle, mobilité, formation, mi-temps thérapeutique…) sont méconnus, mal utilisés ou présentent tout simplement des limites. Quant à la mise en disponibilité, ultime recours lorsqu’un agent inapte physiquement a épuisé ses droits aux congés, elle est de plus en plus fréquente et peut durer jusqu’à trois ou quatre ans.
Selon l’étude, les DRH des collectivités, qui manquent de moyens pour assurer leurs multiples missions (gestion administrative du personnel, relations sociales, développement des RH et de l’organisation du travail, vie au travail), ressentent souvent un sentiment de culpabilité et d’illégitimité ; ils ne perçoivent plus le sens de leur fonction. En analysant les causes des absences et en détectant certains « signaux faibles » d’alerte, ils pourraient déjà mieux comprendre comment faire face à la multiplication des arrêts de travail.
Le plus urgent serait d’élaborer des indicateurs « communs et normés » pour piloter la gestion des arrêts au sein de la fonction publique territoriale (FPT). En outre, la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) prévue pour 2025/2026, qui offre aux collectivités l’opportunité d’adopter une politique RH protectrice, leur permettrait de limiter les risques et d’adopter des moyens pour agir sur l’absentéisme.
L’observatoire poursuivra ses recherches afin de mieux comprendre les causes profondes de l’absentéisme et ce qu’il révèle, et d’identifier diverses solutions.
Marie Gasnier
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L’absentéisme dans la FPT Dans la FPT, le taux d’absentéisme s’élève à 9,6 % en 2021, supérieur au secteur privé (6,1 %), et les accidents du travail sont plus fréquents chez les agents (12,8 %) que dans l’ensemble de la population active (9,9 %). À cela, plusieurs types de causes : pénibilité de certains métiers, exposition aux risques (lieux d’exercice, outils et produits manipulés), temps partiel, horaires décalés et contrats courts subis, surexposition aux contraintes (nuisances thermiques, traitement des déchets, bruit et vibrations, manutention, facteurs psychosociaux de risques…). Les agents territoriaux ont un profil spécifique : âgés en moyenne de 46 ans, ils sont plus vieux que l’ensemble des actifs, d’où des absences deux à trois fois plus longues. Six agents sont des femmes, qui relèvent davantage de la catégorie C où les emplois sont plus pénibles, avec la rémunération la plus basse de la fonction publique. Entre 55 et 61 % des agents territoriaux ressentent une dégradation de leur bien-être au travail. Attention : en cas de non-respect des obligations sur la santé et la sécurité au travail de leurs agents, les élus-employeurs publics, engagent leur responsabilité civile et pénale. |
